Baudelaire CharlesCharles Baudelaire (1821-1867) est un des grands noms de la poésie française du XIXe siècle. Son œuvre la plus connue, Les fleurs du mal, lui vaudra de nombreux déboires judiciaires. Le poète et son éditeur sont condamnés pour immoralité, les thèmes abordés étant jugés scandaleux. Persuadé que la société n’est pas prête à accueillir son œuvre, Charles Baudelaire se sent un poète « maudit ». A la fois précurseur d’une esthétique moderne qualifiée de « surnaturalisme » et critique littéraire reconnu, il aura servi de modèle à de nombreux poètes français, dont les brillants Paul Verlaine et Arthur Rimbaud.

 

 

Baudelaire, du Dandy au poète

Charles Baudelaire naît à Paris, le 9 avril 1821. Son père, peintre amateur, décède en 1827. Sa mère se remarie l’année suivante avec le général Aupik, au grand désespoir de Charles. Placé d’abord en pension à Lyon, il étudie ensuite au lycée Louis-le-Grand à Paris, où il se signale par son indiscipline. Il se passionne néanmoins pour le romantisme et l'oeuvre de Théophile Gautier.

Après avoir obtenu son baccalauréat, résolu à se consacrer à l’écriture, Baudelaire entame au Quartier latin une vie d’insouciance et de bohème jusqu’en 1841. Pour le ramener dans le droit chemin, son père l’expédie dans un voyage aux Indes. De ce périple, qui n’ira pas plus loin que la Réunion, le jeune Baudelaire ramène les premiers poèmes de son principal recueil, les Fleurs du mal, ainsi qu’un certain goût pour l’exotisme qui ne le quittera jamais.

fleurs du mal charles baudelaireDe retour en France, Baudelaire s’éprend de Jeanne Duval en 1842, une mulâtresse dont il partagera jusqu’à la fin la vie erratique et qu’il érigera comme la muse, la « Vénus noire » de son œuvre. Cette liaison n’empêche pourtant pas le poète de poursuivre de ses assiduités d’autres femmes à qui il dédie des poèmes enflammés.

Installé sur l’île Saint-Louis, Baudelaire abusant de l’héritage paternel vit, à la manière des dandys, dépensant des sommes indécentes pour ses tenues excentriques ou l’acquisition d’œuvres d’art. Esthète oisif, il continue à écrire de la poésie en dilettante, se met à fréquenter Théophile Gautier avec lequel il partage un attrait marqué pour les Paradis artificiels et Théodore de Banville. Son train de vie ne tarde pas à entamer son héritage : pour éviter la dilapidation de sa fortune, son beau-père et sa mère le placent sous tutelle judiciaire. Baudelaire, souffrant dès lors de ne pouvoir vivre librement, se met en tête de vivre de sa plume.

D'Edgar Poe aux Fleurs du Mal

C’est ainsi le besoin d’argent qui le pousser à se lancer dans la critique d'art. Excellant rapidement dans ce domaine, à l’affût des nouveautés les plus surprenantes il fait paraître dans diverses revues, des poèmes mais aussi des essais littéraires ainsi qu’une nouvelle. En 1848 il participe brièvement aux évènements révolutionnaires parisiens avant de se lancer dans la traduction les œuvres d’ Edgar Allan Poe. Baudelaire ressent pour l’auteur américain une grande admiration mêlée d’une attirance sans borne pour l’imagine qu’il développe.

En juin 1857, Baudelaire alors poète reconnu mais en mauvais termes avec le régime impérial, fait publier les Fleurs du mal, son chef d’œuvre regroupant des poèmes déjà parus en revue et cinquante-deux inédits (dont le fameux Tableaux parisiens). Ce recueil de poèmes lui vaut d’être condamné la même année pour offense à la morale religieuse » et « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs » (à l’instar de Flaubert pour Mme Bovary).

Forcé de s’acquitter d’une forte amende et de retirer plusieurs poèmes, Baudelaire sort affaibli de cette épreuve.

L'amertume des dernières années

Après le scandale des Fleurs du mal, Baudelaire toujours endetté, continue de publier en revue ses textes critiques et ses traductions, auxquels viennent s’ajouter bientôt les poèmes en prose qui seront regroupés et publiés dans leur forme définitive après sa mort, sous le titre Petits Poèmes en prose. Les Petits Poèmes en prose sont le pendant des Fleurs du mal, dont ils reprennent la thématique, mais cette fois dans une prose poétique, sensuelle, étonnamment musicale.

baudelaireAvec les Petits Poèmes en prose (dont le titre original était le Spleen de Paris), Baudelaire rompt définitivement avec l’esthétisme classique et romantique, imposant de nouvelles normes poétiques. Cette œuvre désabusée, en rupture avec une certaine foi dans le progrès, inspirera par la suite des générations de poètes et constitue encore aujourd’hui un des sommets de ce mode d’expression artistique.

Toujours en difficulté avec le milieu académique et les autorités françaises, Baudelaire part s’installer pour quelques années en Belgique, où il entend bien éponger ses dettes. Peu amène envers la bourgeoisie d’un pays qu’il considère comme artificiel, le poète aigri entame un cycle de conférences décevant. Au printemps 1866, Baudelaire, déjà malade, a un grave malaise à Namur. Les conséquences sont irrémédiables : atteint de paralysie et d’aphasie, le poète est ramené à Paris en juillet. Il y mourra un an plus tard, le 31 août 1867, certes sans le sou, mais laissant derrière lui un héritage artistique inestimable…

Principales oeuvres de Baudelaire

- Les Fleurs du mal (1857)

- Le Spleen de Paris : Petits poèmes en prose (1869)

Bibliographie

- Un homme singulier : Charles Baudelaire, de Madeleine Lazard. Arlea, 2010.

- Charles Baudelaire: Un poète lyrique à l'apogée du capitalisme, de Walter Benjamin. Payot, 2021.

Baudelaire: Le soleil noir de la modernité, de Robert Kopp. Galliamrd, 2004.

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