Capes histoire-géographie 2010/2011 : mode d’emploi. Alors que les écrits 2009/2010 approchent à grand pas, des rumeurs enflent quant à la session prochaine. En effet, si nous sommes actuellement dans une année transitoire, la prochaine devrait voir entrer en vigueur définitivement la réforme dite de « mastérisation ». Qu’en est-il ? Qu’est-ce qui attend les futurs candidats ? Quelles seront les conséquences à tous les niveaux ? Une réforme qui ne touchent pas que les candidats mais aura aussi un impact suri le monde universitaire et les élèves...

 

 

 

La « mastérisation » ?

 

 

 

Précisons d’abord que toute cette réforme est extrêmement technique, et que nous allons essayer ici de l’expliquer de la façon la plus simple possible, tout en abordant chaque angle car elle fait partie d’un ensemble très cohérent. Cette « mastérisation » vise à faire en sorte que les futurs enseignants soient bac +5 à l’obtention du concours. Le but officiel du gouvernement est double : augmenter le niveau de compétences des maîtres, et revaloriser leur statut (et donc leur salaire) par ce « nouveau » seuil. Après beaucoup de changements en plus d’un an, il semblerait qu’il serait décidé que, suite à la création de « masters des métiers de l’enseignement », les candidats désirant devenir professeurs après leur Licence (bac +3) soient contraints d’intégrer ces masters ; la première année (bac +4) serait consacrée à la préparation de ces concours, la seconde (bac +5) à passer les écrits dès le premier semestre puis, en cas d’admissibilité en janvier de faire un stage d’une centaine d’heures, avec un rapport à la clé (permettant de valider le M2) et de préparer en même temps les oraux qui se dérouleraient en juin. A l’issue, les admis au concours seraient intégrés à plein temps, mais avec des stages. Quant aux non-admis…

 

Les critiques

 

Elles sont considérables, et sur bien des points, dépassant la plupart des clivages en particulier partisans ; il serait impossible de toutes les énumérer en quelques lignes, mais en voici un échantillon.

 

Pour rester sur les candidats, on voit qu’il faudra à présent deux ans de plus qu’auparavant pour pouvoir obtenir le concours ; de plus se pose le problème de la deuxième année, où les candidats devraient cumuler (après les écrits) stage et préparation des oraux. De même, on ne sait pas encore ce que deviendraient ceux qui auraient échoué aux écrits, ni même ceux qui auraient échoué au concours, mais auraient eu leur M2 « métiers de l’enseignement ». Pour ces derniers, on laisse entendre qu’ils feraient de parfaits vacataires…

 

Les critiques touchent aussi l’organisation et la nature des stages, surtout depuis que le secondaire s’est rendu compte (seulement cette année) de la difficulté, voire de l’impossibilité de le faire. Qui chapoterait les stagiaires du M2 ? Pour combien d’heures ? Obligatoire ou pas le stage ? Toutes les académies peuvent-elles en offrir ? Et ceux qui auraient obtenu leur concours, qui seraient leurs tuteurs durant leur stage, qui remplacerait leur tuteur, qui les remplacerait eux quand ils seraient en stage pédagogique ? Des problèmes qui se poseront dès l’année prochaine, mais auxquels il n’existe pour l’instant aucune réponse précise…

 

D’autres critiques évoquent l’hypocrisie de cette « mastérisation » par rapport à la carrière d’enseignant : en effet, actuellement, la majorité des reçus au Capes sont bac +5 ; ils ont le plus souvent fait un M1 (bac +4), puis l’année de préparation au concours (bac +5). En revanche, ils avaient une année de stage ensuite (1/3 devant les élèves), payée, qui disparait avec la réforme puisque si stage il y aura, il ne sera que sur 1/3 des heures totales des nouveaux enseignants. On voit de suite la prochaine critique, une des principales, la baisse du niveau de formation des professeurs, puisque l’année entière de stage serait remplacée par la centaine d’heures du M2, les nouveaux reçus se retrouvant ensuite directement « en situation ».

 

Parmi les autres critiques, touchant plus spécifiquement notre domaine (l’histoire), il y a le risque (et c’est déjà le cas) de vider les masters de recherche. En effet, pour résumer, avant les futurs candidats au Capes faisaient un M1 voire un M2 de recherche avant de se présenter ; là, dès la fin de la Licence, ils devraient s’orienter dans les « masters des métiers de l’enseignement », et ne pourraient éventuellement rejoindre un cursus recherche qu’au terme de ces masters préparant au concours. Dans des domaines où beaucoup d’étudiants en recherche se destinent à l’enseignement, on voit les problèmes que cela peut poser…

 

Il y aurait bien d’autres critiques que nous pourrions ajouter, mais nous devons insister sur les inquiétudes quant au flou général, et à l’impossibilité technique de mettre en place les nouveaux masters, mais surtout les stages et les préparations au concours…

 

Quid de l’année prochaine ?

 

En effet, c’est avant tout la prochaine cession du Capes d’histoire-géographie qui risque de poser d’énormes problèmes, et même pour les reçus de cette année. Même si cela n’a encore rien d’officiel, des circulaires ont émané du président du jury, Laurent Carroué, qui précise les modalités de la préparation et du concours de l’année prochaine.

 

D’abord les épreuves (qui concerneront aussi les sessions suivantes) : toujours deux écrits de cinq heures, un d’histoire, un de géographie, de coefficient 3 en revanche ; pour l’admission cela change : la « leçon » serait cette fois tirée au sort entre histoire et géographie, alors que l’épreuve sur dossier se composerait de deux parties, une concernant la matière non traitée en « leçon », l’autre un nouveau module qui reste à définir précisément s’intitulant « agir en fonctionnaire de l’Etat et de façon éthique et responsable » !

 

Les modalités à présent : les écrits auraient lieu…le 3 novembre (une seule date est évoquée, mais on peut espérer que les deux épreuves soient sur deux jours quand même…), puis les résultats en janvier : les admissibles iraient en stage, tout en préparant les oraux qui auraient lieu en juin. Les non-admissibles, c’est encore flou…

 

On le voit, la première difficulté consiste à organiser une préparation aux écrits alors qu’ils se dérouleraient…quatre mois plus tôt que cette année et les années précédentes. Là se pose un double-problème : comment apprendre un tel programme en si peu de temps (une rentrée normalement fin septembre) et l’inégalité entre redoublants (ceux qui échoueraient cette année) et nouveaux candidats. En effet, quel est le programme de ces concours ? Les anciennes questions d’histoire moderne et médiévale disparaissent pour être remplacées par une question transversale, « Le prince et les arts en France et en Italie du XIVè au XVIIIè siècle », alors que les questions d’ancienne (« Rome et l’Occident de 197 av à 192 ap ») et de contemporaine (« Le monde britannique de 1815 à 1931 », les bornes de l’agrégation remplacent celles du Capes de cette année qui allait jusqu’à 1914) demeurent ; en géographie, « L’Europe » et « Nourrir les hommes » sont toujours là, mais « La France : aménager les territoires » est remplacée par « La France en villes ». On le voit, six questions au lieu de sept et un équilibre entre histoire et géographie (de même que dans les épreuves). Evidemment, avec la conservation des anciennes questions, les redoublants seront favorisés, mais il leur sera aussi difficile de préparer les deux nouvelles questions en moins de deux mois…

 

La réforme des maîtres pose donc une quantité de problèmes qui vont bien au-delà des prises de position partisanes, et qui touchent à la fois les candidats, certains pans de l’université (les facs devront s’adapter sans forcément les moyens de le faire), et les élèves qui vont se retrouver avec des enseignants curieusement formés. Plus que jamais, le métier d’enseignant va être une vocation, voire un sacerdoce…

 

Mise à jour mai 2010 : les dates et programmes.

 

Mise à jour 24 juin 2010

 

De nouvelles conditions spécifiques ont été ajoutées alors même que l'inscription pour les concours a commencé et que les maquettes "Master enseignement" ont été finalisées !

Il faudra désormais avoir le C2i2 étudiant et le CLES2 pour pouvoir devenir fonctionnaire-stagiaire à l'issue du concours. Voir les détails ici.

Une nouvelle preuve de la volonté du gouvernement de décourager un maximum de candidats ?

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