charlesvii garde ecossaiseLa Garde Ecossaise est une des formations militaires accompagnant le roi de France lors des combats. Elle porte un nom curieux et de surcroit a une place de faveur, toujours à la droite du monarque. Sous l’Ancien Régime, elle a des fonctions multiples dans la Maison du Roi et des missions importantes. Jusqu’à la Révolution, elle sera la première compagnie des gardes du corps du Roi, leur chef étant toujours écossais. Alors pourquoi ce terme de « Garde Ecossaise » ?

 

L’origine de la Garde Ecossaise

En 1295, le traité de « la Vieille Alliance » est signé, rapprochant la France, l’Ecosse, la Norvège contre l’Angleterre. Cette « Vieille Alliance » notifiait qu’en cas d’attaque de l’un des membres par l’Angleterre, les autres se portaient à son secours. C’est ainsi que tout démarrait pendant la guerre de Cent ans, lorsque l’Ecosse envoyait à la France 7500 hommes d’armes en 1418 puis encore une fois 4500 autres en 1420.

cavalier ecossaisCharles VII en profita pour sélectionner une centaine d’archers qui étaient aussi des cavaliers légers, pour former une garde particulière. Parmi eux, il en sort l’élite composée d’une vingtaine d’hommes pour sa garde rapprochée, auxquels il donne le nom « d’archers du corps », leur chef nommé « Premier Homme d’Armes de France ».

Au fil des époques

François Ier et Henri II avaient eux aussi une compagnie d’archers écossais et rajoutèrent à ses côtés trois nouvelles compagnies mais françaises. Il y avait donc toujours ces quatre compagnies assurant le service pour les quatre trimestres de l’année.

La première partie de l’histoire de la garde écossaise se termine malheureusement en 1559, lorsque le comte de Montgommery blesse accidentellement Henri II lors d’un tournoi. D’année en année, le recrutement est difficile et différent, se faisant de plus en plus en France et à la mort d’Henri IV, les deux tiers de la garde sont des français, ainsi que leur chef issu de grandes familles comme les Châteauvieux, Gordes, Montespan, la famille Noailles assurant la responsabilité de cette compagnie entre 1651 et 1791 !

Les changements notoires

En 1664, la garde est composée de 125 hommes, passant à 400 en 1676 pour diminuer à 300 en 1715, jusqu’à sa dissolution totale en 1791.

Lorsqu’il y a modifications des effectifs, l’organisation change et la principale modification fut l’abolition de la vénalité des charges en 1664. Cette abolition entrainait la multiplication des effectifs par trois, la création de grades et de fonctions nouvelles comme les brigadiers - sous brigadiers – major - aide-major, améliorant la qualité militaire, devenant un formidable outil de combat sur les champs de bataille.

Aspects physiques de la Garde Ecossaise

garde_du_corps_porteur_de_ltendardLa garde écossaise est commandée par un capitaine, un Grand du royaume portant le titre de premier « mestre-de-camp de la cavalerie », dirigeant les quatre compagnies de gardes du corps, gérant leurs administrations et coordonnant leurs emplois. Sous ses ordres, il a trois lieutenants dont le dernier écossais quitte la formation en 1663, des brigadiers, des porte-étendards, le tout divisé en brigades et escadrons.

Le garde du corps « de base » est lieutenant de cavalerie devenant capitaine au bout de quinze années de service. Il doit absolument mesurer 1,74 cms, c'est-à-dire 10 cms de plus que la moyenne du français dans les années 1650, être de famille noble et de religion catholique et romaine.

L’uniforme est bleu turquin galonné d’argent, le chapeau brodé d’argent, la veste, les parements, la culotte et les bas sont rouges. L’équipage du cheval et la bandoulière sont en bleu. La bandoulière est honorifique, en buffle, recouvert de soie comme les carquois des archers à l’époque.

L’étendard est en taffetas blanc, le blanc symbolisant l’autorité royale.

L’armement est composé du pistolet, de l’épée et du mousqueton. L’épée devient règlementaire à double tranchant en 1679, remplacée par le sabre en 1776. Le mousqueton est l’arme à feu de référence, même si le fusil à silex apparait en 1671. Il a le canon bleui, damasquiné d’or avec les armes royales incrustées.

Les tâches dans la Maison du Roi

Le service de garde du corps surnommé service de guet, assiste au lever du roi, le suit partout tout le long de la journée en veillant sur lui. Le soir, avant le coucher du roi, il y a un rituel immuable : l’appel où chacun répond « Hamir » … prononciation en français de « I’m here » !

garde_de_la_mancheOn a pu le lire plus haut, les quatre compagnies assurent le service pendant les quatre trimestres de l’année, la première compagnie assurant le premier trimestre, également appelé « le premier quartier ». A la fin du quartier, c'est-à-dire fin mars, cette compagnie rejoint Beauvais quartier principal, Gisors ou encore Les Andelys et y reste trois mois, puis n’est plus en service effectif.

Parallèlement aux gardes du corps, il y a un autre service « les gardes de la manche » assurant la protection rapprochée du roi, ne le quittant jamais du jour du sacre à la mise en terre.

Les missions sur le champ de batailles

La Garde Ecossaise a d’autres prérogatives. Lors des combats, elle rejoint la Maison du Roi sur le champ de bataille. Placée à la droite de l’armée et de toutes les autres compagnies, la Garde Ecossaise a une place d’honneur.

De tout temps, elle a participé aux grands combats. Présente sous Louis XI à Liège, avec Charles VIII à Novare, Louis XII à Agnadel, François Ier à Marignan et Pavie, Henri IV à Ivry, Louis XIII au Pas de Suze, elle a accompagné Louis XIV en Flandre et en Franche-Comté puis à Malplaquet, gagnait la bataille de Leuze en 1691 contre la cavalerie ennemie trois fois plus nombreuse, mais fut malheureusement présente lors de l’attentat de Damien contre Louis XV n’ayant pu assurer victorieusement sa tâche.

Avant d’être dissoute en 1791, elle participe à son dernier combat avec le maréchal de Saxe en juillet 1747 à Lawfeld… affrontant les gardes écossais du duc de Cumberland. 

Pour aller plus loin

- « Les écossais de la Maison du Roi » - André Pagès.

- « Histoire de la cavalerie française », de Louis Susane.

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