portrait francois bassompierreFrançois de Bassompierre (1579-1646) était un militaire français puis un diplomate français durant le règne de Louis XIII. Si ses exploits sur le champ de bataille lui assurèrent la postérité, sa rivalité avec Richelieu lui sera fatale. Tallemant des Réaux dit : « le nom de Bassompierre était synonyme d'élégance et de perfection ». François de Bassompierre, « le beau maréchal », est non seulement un homme de guerre courageux, ambassadeur de grande allure, mais aussi un gentilhomme bien dans son temps, avec la rage de vivre (c'est l'époque des Chalais, Montmorency, Cinq Mars), beau, intelligent, joueur, bon « viveur ».

 

Un "vrai Bassompierre" !

Il est doté d'un solide bon sens, prompt malgré tout à la riposte, et d'un sens de l'humour à toute épreuve. Sa prestance, sa bonne mine, sa hardiesse lui valent de nombreux succès féminins. Un homme à la mode, galant, magnifique et libéral, le symbole du charme et ayant le don de plaire. Il laissera à la postérité l'expression : « c'est un vrai Bassompierre ! » pour quelqu'un de particulièrement aimable et gai.

Le Maréchal François de Bassompierre, marquis d'Haroué, issu d'une branche de la famille de Clèves, est né en Lorraine le 12 avril 1579 et meurt à Provins le 12 octobre 1646. Lorrain, il choisit à 20 ans de devenir français. Henri IV le découvre et lui accorde son amitié : Bassompierre va servir le père et le fils et reste fidèle à la famille. Le roi l'affecte au service de Gabrielle d'Estrées, mais elle meurt presque dans ses bras.

Les exploits de François de Bassompierre

Francois-de-bassompierreEn 1602, il participe à la guerre contre le duc de Savoie, puis s'engage dans l'armée impériale pour lutter contre les Ottomans et en 1604, il tombe amoureux de Marie Charlotte d'Entragues, la jeune sœur de la favorite la Marquise de Verneuil. Jeune sœur que le roi fréquente également. Voici l'anecdote relatée par Paul M. Bondois : « le roi soupira un jour à Guise : Ah, Entragues nous méprise pour idolâtrer Bassompierre !

Mr de Guise s'offrit de défier en duel Bassompierre. La rencontre eut lieu au Louvre et Bassompierre fut gravement blessé : en arrachant l'arme de sa blessure, ses viscères sortirent et tombèrent le long de ses chausses et une hémorragie terrible s'ensuivit. On lui plaça un rouleau de charpie dans la plaie et grâce à sa robuste santé, il réussit à survivre. C'est au cours de sa convalescence qu'il rencontra Mlle de Guise, Louise Marguerite de Lorraine, avec qui il noua une solide amitié ».

En 1609, il est sur le point de conclure le mariage du siècle avec Charlotte de Montmorency, fille du duc. Devenu pour cette raison le rival du roi, Henri IV jaloux, fait casser les fiançailles de Bassompierre, et se garde Charlotte Marguerite pour lui-même. Gravissant les échelons, il obtient la charge de Colonel Général des Suisses et des Grisons en 1614, puis en 1617 il est Grand Maître de l'artillerie au siège de Château-Porcien, et blessé à celui de Rethel. 3 ans plus tard, en tant que maréchal de camp, il combat à Pont-de-Cé, puis à Saint-Jean-d'Angély ainsi qu'au siège de Montpellier.

Maréchal de France

Enfin en octobre 1622, Louis XIII le fait Maréchal de France. Dans ses Mémoires, Bassompierre raconte cet épisode fabuleux de sa vie : « alors tous d'une voix me firent l'honneur de dire plus de bien de moy qu'il n'y en avoit ; et lors, sans me dire autre chose, il me prit par la main (le roy), et s'estant assis dans sa chaire, me fit mettre a genoux et prester le serment, puis me mit le baston a la main en suitte de quoy je luy en fis les très humbles remerciemens dont je me peus aviser.

Tous ceux quy estoint presens me vindrent embrasser et se conjouir de ma promotion ; et en suitte tous les corps de l'armée, tant d'infanterie que de cavalerie, vindrent rendre très humbles graces au roy du choix qu'il avoit fait de ma personne, leur premier mareschal de camp, pour le faire mareschal de France : et ceux de l'artiglerie luy ayant demandé permission de faire, le soir mesme, un salve de tous les canons quy estoint en l'armée, l'infanterie en fit de mesme pour faire un salve de resjouissance ».

Louise Marguerite de LorraineMais Luynes, le favori du roi (craignant de perdre son pouvoir) encourage vivement Bassompierre à accepter l'ambassade d'Espagne à l'époque de l'affaire de la Valteline. Il repart en mission d'ambassade en Suisse en 1625, puis en Angleterre, où il rentre vainqueur. Ainsi, Bassompierre se créé sa propre armée et participe au siège de La Rochelle, se trouve au pas de Suse et plus tard à Montauban. A la mort de Luynes, il est en bonne place pour lui succéder auprès du roi, comme principal ministre...mais Louis XIII hésite et lui préfère Richelieu.

Ses déboires

Il est relativement proche du cardinal, dont il soutient la politique, mais son mariage secret avec la princesse de Conti, entre 1621 et 1631 lui vaudra d'être enfermé à la Bastille. Cette princesse met clandestinement au monde un fils, nommé François de la Tour Bassompierre. A la suite de ce mariage, ce n'est que malentendus, rivalités, querelles avec le cardinal. Soupçonné d'avoir comploté contre le cardinal, le roi fait embastiller Bassompierre le 25 février 1631. Bassompierre raconte dans ses Mémoires : Le sieur de Launay, lieutenant des gardes du corps entre chez moi et dit : « Monsieur, c'est avec la larme à l'œil, et le cœur quy me saigne, que moy quy depuis vingt an suis vostre soldat, et ay tousjours esté sous vous, sois obligé de vous dire que le roy m'a commandé de vous arrester ». Et Bassompierre de répondre : « j'ay toute ma vie esté sommis aux volontés du roy quy peut disposer de moy et de ma liberté a sa volonté ».

Il y reste pendant 12 ans jusqu'en 1643. Avait-il vraiment comploté ? Les preuves sont minces. La seule faute lui étant attribuée, est d'être l'époux de la Princesse de Conti, qui elle a participé au complot. Les choses auraient pu s'arranger (d'Epernon lui avait conseillé de fuir et voulait lui prêter de l'argent, afin qu'il se fasse oublier pendant un certain temps), mais Bassompierre reste trop fidèle envers son amie-épouse.

Loin de se laisser aller, il profite de ces années pour écrire ses Mémoires. Il se révèle piquant, amateur de littérature et de poésie, connaisseur des sciences religieuses, militaires, astronomiques et peut être astrologiques. Il est libéré par Louis XIII à la mort de Richelieu. Lorsqu'il revient à la cour, il a le sentiment d'y être étranger et a du mal à s'adapter. Il va y gagner l'amitié de la régente Anne d'Autriche, puis de Mlle de Montpensier frappée par l'élégance de Bassompierre. Mme de Motteville dira même : « que les restes du Maréchal valent mieux que le faux éclat des nouveaux courtisans ». Il meurt d'apoplexie dans une hôtellerie de Provins en octobre 1646.

Les hommages rendus au maréchal de Bassompierre

Bussy-Rabutin lui rend un bel hommage en août 1671 : « je n'ai point vu de Mémoires plus agréables ni mieux écrits que ceux du maréchal de Bassompierre. Je ne sais si l'idée que j'ai de lui ne me prévient en leur faveur. C'était un homme de grande qualité, beau, bien fait, quoique d'une taille un peu épaisse. Il avait bien de l'esprit et d'un caractère fort galant. Il avait du courage, de l'ambition et l'âme d'un grand roi. Encore qu'il se loue fort souvent, il ne ment pas...

Enfin c'est un malheur au cardinal de Richelieu et une tache dans sa vie que d'avoir persécuté un aussi galant homme que le maréchal de Bassompierre ». Bussy-Rabutin n'est pas seul : le peintre Van Dyck a fait un tableau et Louis Philippe insiste pour avoir le portrait de Bassompierre dans la galerie des maréchaux à Versailles...

Pour aller plus loin

Bassompierre, 1579-1646 : Maréchal gentilhomme rival de Richelieu, de Jean Castarède. Perrin, 2002.

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