Bassin LuxembourgSi nous bénéficions de nos jours du magnifique jardin qu’est le Jardin du Luxembourg dans le VIeme arrondissement de Paris, c’est bien grâce à Marie de Médicis et son goût italien. Aimant ce quartier tranquille, elle décide d’acquérir un terrain assez grand afin d’y faire construire un palais et un jardin dans le style florentin. Très prisé des artistes, des gens de lettres, ce jardin est propice à la flânerie, au repos, à la rêverie….et ce, pendant une journée entière.

 

Le jardin du Luxembourg, l’œuvre de Marie de Médicis

Après l’assassinat de son époux Henri IV, la reine quitte le Louvre. Certains membres de sa famille résidaient déjà dans son futur quartier calme, mondain et malgré tout campagnard. En 1612, elle achète l’hôtel du duc François de Luxembourg, puis d’autres terrains jusqu’en 1631, année où elle est exilée par son fils Louis XIII.

FONTAINE_MEDICIS_3Les terrains appartenaient au couvent des Chartreux, sur une surface d’environ vingt-cinq hectares, aux limites des portes Saint Michel et Saint Germain, sur la rive gauche de la Seine. Les Chartreux ne voulant rien céder, ce jardin est différent de ceux généralement construit face aux palais : en face de la façade, il n’a que deux cent mètres de longueur. La reine va donc l’étendre sur un des côtés. Souhaitant des fontaines et des bassins, elle fait appel aux « Francine » ces ingénieurs qui accompliront des merveilles sur les jets d’eaux de Versailles. La Fontaine de Médicis est construite en 1620 certainement par Thomas Francine, et représente Léda assise aux bords de l’Eurotas près de Jupiter métamorphosé en cygne. Chalgrin la fait réparer après la Révolution, et y fait installer une Vénus au centre. Le bassin central devant le palais est entouré de deux promenades surélevées, afin de mieux admirer les jets en contrebas. André Le Nôtre participe à la création des parterres entourant le bassin, jusqu’à la mort de la reine en 1642.

Des propriétaires différents

A partir de cette date, la propriété passe entre diverses mains et ne change pas d’aspect. Le jardin reste en l’état jusqu’à ce que l’ensemble soit transmis au Comte de Provence, frère de Louis XVI. Pour payer les travaux de réfection du palais, une partie des terrains sont vendus (la partie occidentale), puis en 1782 lorsque Paris décide de trouer la rue du Luxembourg, dix hectares sont cédés. Mais pendant la Révolution, le jardin est encore une fois abandonné, le palais servant de prison. Le point positif malgré tout, est que le couvent des Chartreux étant réquisitionné, le jardin pourra être à nouveau étendu, jusqu’à l’Observatoire, parcelle dont l’extrémité touche presque le boulevard du Montparnasse. L’allée de l’Observatoire est ainsi créée. Napoléon en fait un jardin pour enfants, avec des aires de jeux et des kiosques.

Le parc est de nouveau rogné, lorsque Haussmann fait des aménagements afin de construire la rue Vaugirard et le boulevard Saint Michel. Le jardin est limité au sud par une voie dans le prolongement de la rue de l’Abbé de l’Epée, la pépinière et le jardin botanique sont installés dans cette partie sud. Mais de nouveaux travaux sont prévus en 1865 et malgré la pétition de douze mille signatures pour s’y opposer, ils sont mis en œuvre.

Parmi ces travaux, la Fontaine de Médicis est concernée. Appelée d’abord la grotte du Luxembourg, elle est déplacée en 1862, démontée pierre par pierre, réduite et rapprochée du palais. L’aspect n’a pas changé : devant la fontaine, un long bassin est mis en eau, entouré de deux rangées d’arbres et orné de vasques fleuries.

Bassin_LuxembourgMaupassant dit dans l’un de ses contes : « c’était comme un jardin oublié de l’autre siècle, un jardin joli comme un doux sourire de vieille. Des haies touffues séparaient les allées étroites et régulières, allées calmes entre deux murs de feuillages taillés avec méthode. Les grands ciseaux du jardinier alignaient sans relâche les cloisons de branches ; de place en place on rencontrait des parterres de fleurs, des plates-bandes de petits arbres rangés comme des collégiens en promenade, des sociétés de rosiers magnifiques et des régiments d’arbres à fruits ».

Ces jardins très recherchés par les promeneurs parisiens, servent de parking pendant la Seconde Guerre Mondiale ! Quel malheur pour les superbes statues installées. Pendant la promenade, nous remarquons les anciennes reines et dames illustres autour du bassin : Marie Stuart, Jeanne d’Albret, Blanche de Castille, la Grande Mademoiselle (de Montpensier), Anne d’Autriche ; mais également plus au fond des jardins, des statues d’artistes comme Georges Sand, Stendhal, Baudelaire, Beethoven, Stefan Zweig, Delacroix ; des antiques agrémentent le bord des chemins : le faune dansant, David vainqueur de Goliath, Vénus sortant du bain ; puis encore des stèles : le Mémorial à la Résistance, le Lion de Nubie et sa proie…

Les jardins du Luxembourg

La propriété d’une superficie de vingt trois hectares comporte en plus un jardin fruitier, des serres, une collection d’orchidées et environ quarante mille arbres et arbustes dont certains sont classés Remarquables.

Grâce à un frère Chartreux de Paris, le verger nait vers 1650 et plus de quatorze mille arbres fruitiers sortent du domaine vers 1712. Grâce aux membres de cette congrégation en Europe qui se procurent des variétés différentes de fruits, une belle collection de fruits du monde entier voit le jour. La Révolution laisse ici aussi son passage, les biens du clergé sont nationalisés, la pépinière disparait progressivement. Ce n’est que grâce à Napoléon Premier, que la collection fruitière se réinstalle dans la place. Aujourd’hui, elle compte plus de mille arbres et rassemble environ trois cent quatre vingt variétés de pommes et deux cent cinquante de poires. Ce jardin reconnu officiellement comme « verger conservatoire » en 1991, sert aussi aux cours de l’Ecole d’Horticulture du Jardin du Luxembourg.

Les serres du jardin servent à la production de fleurs pour la décoration florale du Palais ainsi que l’embellissement des jardins, et cela depuis peu après la Révolution en 1796. Actuellement, d’une surface de trois mille six cent mètres carrés, elles regroupent l’orangerie et une collection d’orchidées.

LA_GDE_MADEMOISELLEL’orangerie actuelle, située dans la partie ouest, date de 1839 et abrite environ deux cent plantes en caisse parmi lesquelles des oranges amères (les bigaradiers) âgées de deux cent cinquante à trois cent ans, des palmiers dattiers, des lauriers roses, des grenadiers. Aux beaux jours, certaines de ces plantes sont exposées le long de la façade du Palais. Le rempotage a lieu régulièrement, tous les douze à quinze ans pour les orangers et tous les sept à huit ans pour les palmiers, le bois des caisses pourrissant et les racines sortant des panneaux de bois.

Lorsque la faculté de médecine de Paris reçoit vers 1830 des orchidées en provenance du Brésil, elle pense à créer une collection entière. Ainsi depuis 1838, les collectionneurs s’échangent des plantes, la pratique se développe pour atteindre mille deux cent espèces. Le Sénat accepte de prendre la collection en 1859, lors de la fermeture du jardin de la faculté de médecine et fait construire spécialement une serre. La collection reconnue « collection nationale » rassemble aujourd’hui plus de dix mille pots appartenant à cent cinquante genres. On peut les admirer lors des journées européennes du Patrimoine en septembre de chaque année.

Lors de la promenade, nous sommes surpris par des arbres majestueux, tortueux, mais d’une très grande valeur. Certains datent du début du dix neuvième siècle, d’autres ont peut être connu Marie de Médicis. Parmi les plus connus, nous retrouvons le Pavia Rouge, l’Arbre de Soie (acacia), le Micocoulier de Provence, l’Arbre de Judée, l’Arbre aux Mouchoirs, le Mûrier, le Séquoia, le Hêtre pourpre. A leurs pieds, nous découvrons une plaque émaillée mentionnant leur origine, leur nom latin et leurs particularités. 

Pour aller plus loin

- Connaissance du Vieux Paris – Jacques Hillairet – Rivages 2005

- Le site des Jardins du Sénat

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