Une Méditerranée au carrefour des « civilisations »
Ce programme abordait les trois civilisations de
Ce thème serait finalement remplacé par un recentrage sur le christianisme : si la naissance de cette religion et sa diffusion sont supprimées dans ce projet, les nouvelles orientations parlent d’enseigner « La civilisation rurale dans l'Occident chrétien médiéval, du IXe au XIIIesiècle ». Problème, ce thème fait la redite avec ce que les élèves sont censés avoir étudié en Cinquième…Surtout, cette façon de faire axe l’étude du Moyen Age sur une Europe chrétienne, la diversité du monde n’apparaissant qu’ensuite avec une partie du programme à la place minime qui concerne les « Nouvelles visions de l'homme et du monde à l'époque moderne (XVe-XVIIIe siècle) » avec une partie sur Constantinople/Istanbul.
Nous avons donc un recentrage sur une vision européocentrée, qui plus est avec le choix d’un angle religieux en affirmant le caractère chrétien de cette Europe ; une Europe dans un monde divers (à peine abordé) mais une Europe chrétienne donc…
Le plus dommage, peut-être, étant que ce thème de
Sortir d’un « braudélisme religieux » ?
Mais au-delà de cette polémique naissante, nous pouvons nous poser une question plus large encore sur l’enseignement de l’Histoire en général, dans le secondaire.
Depuis la fin des années 60, le concept braudélien de « civilisation » s’est installé et n’est quasiment pas contesté (même si de plus en plus). Pour résumer, ce concept fige des sociétés et des cultures dans de grands ensembles, les civilisations, et peut avoir comme effet contestable une vision essentialiste et souvent trompeuse des enjeux considérés. Souvent, il conduit à des simplifications et à des contre-vérités ! Braudel n’est pas en cause, mais c’est son héritage, un brin détourné qui a amené à cette situation dans l’enseignement de l’histoire.
Pire, la « civilisation à
On le voit, rien n’est anodin dans les choix des programmes ni des angles par lesquels aborder l’enseignement de l’histoire. Les conséquences portent bien au-delà des murs des écoles, des collèges et des lycées. Il est donc important que ce ne soit pas que les professionnels et les politiques qui prennent ces questions à cœur, mais aussi les parents et tout citoyen. Pour cela encore faut-il qu’ils soient au courant.