Avec « Le Lapin d’Alice », Galandon et Hamo entament le second cycle de la série « L’Envolée Sauvage » consacrée aux destins de jeunes enfants juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Ce troisième opus nous invite à suivre Ada et Lucja, deux jeunes sœurs séparées de leurs parents après la rafle du Vel d’hiv’ en juillet 1942.
Dans cette vie clandestine où elles ne sont jamais en sécurité, les fillettes continuent à se créer un monde où se côtoient la réalité tangible et leur imagination féconde imprégnée de contes pour enfants. C’est cette façon atypique d’aborder ces heures sombres qui rend ce scénario si original et si poignant.
Synopsis

Notre avis
Les scénarios de Galandon deviennent un gage de qualité dans le milieu de la BD (voir : Les Innocents coupables, Pour un peu de bonheur, La lignée…), et l’Envolée Sauvage vient confirmer cet état de fait. Le thème de la rafle du Vel d'hiv' et de la traque des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale n’a certes rien d’original en soi. En effet c’est une thématique largement exploitée ces dernières années, notamment dans le cinéma avec par exemple « La Rafle » de Roselyne Bosch. Toutefois, Galandon parvient à innover en présentant la situation à travers le prisme de ces gamines, à travers leur regard insouciant, inconscient, mélangeant en permanence le monde réel et le monde du conte. En découle une situation tragi-comique où le comportement des enfants amuse autant qu’il inquiète. Notons également que le dessin et la mise en couleur de Hamo soutiennent pleinement cette ambiance avec un style en parfaite osmose avec la façon d’aborder le sujet (le style puise dans un univers enfantin où il ne faut rechercher les minutieux détails, dans l’armement notamment). Il en ressort une bande dessinée entrainante, forte en émotions, jouant énormément sur la corde de l’affectif en rendant très rapidement les deux héroïnes très attachantes. Le cœur du lecteur ne peut que vibrer à leur fuite éperdue, à l’épée de Damoclès qui pèse sans cesse sur elles…
D’un point de vue historique on pourrait regretter l’absence de dossier en fin de BD, comme le font souvent les éditions Grand Angle. En effet, il aurait été possible d’évoquer la rafle du Vel d'hiv', les réseaux mis en place clandestinement pour cacher les Juifs, ou encore plus généralement l’origine de l’antisémitisme du XXème siècle. Toutefois, la BD parle d’elle-même sur le contexte historique avec des détails bien exploités comme les sorties cinéma de l’époque (« La fille du puisatier », un des rares films tournés pendant l’invasion allemande de 1940).
Pour conclure, l’Envolée Sauvage est une BD haletante, originale par sa façon d’aborder un sujet que l’on croit bien connaitre, une BD qui ne peut pas vous laisser indifférent…
« L’Envolée Sauvage »
Scénario : Laurent Galandon
Dessin & Couleurs : Hamo
Editions : Grand Angle