plage GallipoliLa bataille des Dardanelles est une opération combinée franco-britannique d'importance menée au cours de la Première Guerre mondiale, entre février 1915 et février 1916. Elle avait pour objectif de forcer la Turquie à la paix et d'établir une liaison avec la Russie, via la mer Noire, en s'emparant du détroit des Dardanelles. L'établissement d'une tête de pont dans la presqu'île de Gallipoli coûta la vie à de nombreux soldats et les Alliés se heurtèrent à une résistance farouche de la part des Turcs commandés notament par Mustafa Kemal, futur Atatürk. Réalisée avec de trop faibles moyens, l'expédition des Dardanelles se soldait par 144 000 tués ou blessés (dont 27 000 Français). En Grande-Bretagne, cet échec poussa Churchill à la démission.

 

Les objectifs du débarquement de Gallipoli

Cette campagne des Dardanelles tient pour beaucoup à la volonté du premier Lord de l’Amirauté (commandant général de la Royal-Navy) : Winston Churchill, d’appliquer une solution périphérique au problème de l’enlisement du front occidental. Le choix des alliés se porte sur Gallipoli, ville et port maritime du nord-ouest de la Turquie, dans la province de Çanakkale, sur une péninsule étroite s’étendant jusqu’aux Dardanelles.

debarquement dardanelles 1915La prise de contrôle de la péninsule Gallipoli, devait selon Churchill, entrainer un ralliement de la Bulgarie et de la Grèce à l’Entente et par conséquent l’ouverture d’un second front face aux Empires Centraux. D’autre part elle permettrait de sécuriser la liberté des communications avec le précieux allié Russe. 

La bataille des Dardanelles

Cependant la réalité va vite réduire à néant ses espoirs. L'offensive navale lancée par les Alliés, le 18 mars, échoua dramatiquement devant Çanakkale ; le cuirassé français Bouvet et deux cuirassés britanniques (Ocean et Irresistible) furent gravement endommagés par des mines flottantes. La campagne de bombardement naval précédant l’opération terrestre est un échec.

Une invasion par voie de terre fut alors décidée. Un corps expéditionnaire de quatre divisions britanniques et une division française fut constitué ; il débarqua le 25 avril en deux points du cap Helles, à Seddülbahr et à Gapa-Tépé. Le débarquement se révèle bien plus difficile que prévu. Le commandement Ottoman a su placer son dispositif défensif aux endroits critiques et les troupes font preuve d’une grande résistance. Elles peuvent compter sur des officiers compétents, dont un certain Mustafa Kemal… 

Un échec retentissant pour les alliés

Malgré trois terribles affrontements, les 6 mai, 28 juin et 12 juillet 1915, les troupes alliées, commandées par le général britannique Hamilton, ne purent jamais franchir les lignes turques qui protégeaient Istanbul. Un nouveau débarquement au cap Suvla déclencha d'autres affrontements (du 6 au 23 août), sans plus de succès pour les Alliés. Pendant ce temps, le combat sur mer se poursuivait, avec de lourdes pertes françaises et britanniques (8 sous-marins sur 9 furent détruits).

Pour les soldats de l’Entente c’est le début d’un enfer de huit mois où la violence des combats de tranchées se conjugue aux difficultés logistiques (notamment l’approvisionnement en eau potable). Après plusieurs offensives vaines et sanglantes, les alliés finissent par évacuer Gallipoli au cours du mois de décembre. La campagne aura coûté plus de 140 000 hommes à l’Entente (et 250 000 aux Ottomans) et vaudra à Churchill de perdre son poste de premier Lord de l’Amirauté.

Toutefois, les événements de Gallipoli affaiblirent suffisamment les Turcs pour permettre à l'armée britannique de s'emparer de la Palestine, en 1917. Ils servirent surtout de diversion à l'Allemagne en l'empêchant de lancer la nouvelle offensive qu'elle avait planifiée contre la France cette année-là.

Pour aller plus loin

La bataille des Dardanelles ou la tragédie annoncée (1914-1916), de Michel Hérubel. Presses de la Cité, 1998.

Les Dardanelles 1915 - Une stratégie en échec, de Rigoux Pierre. Economica, 2013.

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