rameaux2Le dimanche précédant Pâques, les Catholiques fêtent ce qu’ils ont coutume d’appeler « les rameaux », des grandes cérémonies vaticanes où les cardinaux apportent des palmes tressées et finement ouvragées aux petites célébrations des paroisses rurales où tout un chacun apporte un brin de buis. Cette célébration millénaire continue d’être une des plus prisée des croyants, et le dimanche des rameaux célèbre cette tradition chrétienne. Retour sur l’origine et la signification de cette fête religieuse.

 

Vers la fin du Carême

Commencé le mercredi des cendres, le carême est une période où les Catholiques cherchent à réfléchir sur le mode de vie pour tenter de le calquer toujours plus aux recommandations de Jésus Christ. Cela passe généralement par un jeûne, des privations physiques mais aussi et surtout un retour à l’Essentiel. Retour à l’essentiel qui consiste à faire passer au second plan les biens matériels et les jouissances illusoires pour valoriser les valeurs chrétiennes de compassion, d’amour du prochain, d’entraide… C’est une période de remise en cause, souvent marquée par des cérémonies de réconciliations.

La dernière semaine du carême est dite semaine sainte. Elle regroupe tout une série de célébrations des épisodes marquants de la Passion du Christ dont bien entendu le dernier repas, la crucifixion et la résurrection. Résurrection qui marque la Pâques chrétienne, plus grande fête religieuse de la communauté. Cette semaine sainte commence par l’entrée de Jésus à Jérusalem, ville où les autorités civiles et religieuses ne cherchent qu’à éliminer cet agitateur politico-religieux. L’entrée dans Jérusalem est donc un choix conscient de se diriger vers le martyr pour annoncer la parole de Dieu au plus grand nombre. Les Chrétiens ont d’ailleurs généralement coutume de représenter leurs martyrs une palme à la main.

L’entrée de Jésus dans Jérusalem

L’entrée de Jésus à Jérusalem est rapportée par les quatre évangélistes canoniques : Mathieu, Marc, Luc et Jean. Ainsi Saint Mathieu l’évangéliste rapporte (21 : 1) :

Giotto-Entree-de-Jesus-a-Jerusalem

« Lorsqu'ils approchèrent de Jérusalem, et qu'ils furent arrivés à Bethphagé, vers la montagne des Oliviers, Jésus envoya deux disciples, en leur disant: "Allez au village qui est devant vous; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée, et un ânon avec elle; détachez-les, et amenez-les-moi. Si, quelqu'un vous dit quelque chose, vous répondrez: Le Seigneur en a besoin. Et à l'instant il les laissera aller ".Or, ceci arriva afin que s'accomplît ce qui avait été annoncé par le prophète: "Dites à la fille de Sion: Voici, ton roi vient à toi, Plein de douceur, et monté sur un âne, Sur un ânon, le petit d'une ânesse". Les disciples allèrent, et firent ce que Jésus leur avait ordonné. Ils amenèrent l'ânesse et l'ânon, mirent sur eux leurs vêtements, et le firent asseoir dessus. La plupart des gens de la foule étendirent leurs vêtements sur le chemin; d'autres coupèrent des branches d'arbres, et en jonchèrent la route. Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient: "Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Hosanna dans les lieux très hauts!" Lorsqu'il entra dans Jérusalem, toute la ville fut émue, et l'on disait: "Qui est celui-ci?" La foule répondait: "C'est Jésus, le prophète, de Nazareth en Galilée". »

Lors de la cérémonie du Dimanche des Rameaux les croyants apportent un rameau qui symbolise les branches d’arbres déposées sous les sabots de l’âne lors de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem (comportement commun à l’époque pour acclamer l’entrée d’une personnalité). C’est une façon d’annoncer, comme les habitants de Jérusalem il y a 2.000 ans, que Jésus est roi et prophète.

La cérémonie

La cérémonie ne fut instituée par l’Eglise qu’au IXème siècle. Mais la cérémonie remonterai à 383, date à laquelle l’Eglise de Jérusalem avait organisée une procession de pèlerins portant des rameaux depuis le village de Béthanie jusqu’à Jérusalem. Aujourd’hui la fête des rameaux est célébrée par les Catholiques mais aussi par les Orthodoxes, les Anglicans et d’autres communautés chrétiennes.

Ce jour-là les croyants apportent des rameaux de différentes essences selon les régions et les coutumes locales : palmier, buis, laurier, olivier, cycas, saule, cocotier voire sapin… Certains sont de simples branches, d’autres sont décorés, tressés voire garnis de friandises. Les rameaux sont bénis durant la cérémonie et rapportés par chaque fidèle pour être placés dans les maisons et sur les tombes, généralement accrochés à un crucifix. Le rameau bénit se voit souvent attribuer une aura protectrice sur la maison, il fut parfois déposé dans tout le patrimoine immobilier : résidence, grange, étables, jardins, champs… C’est peut-être ce qui fait de cette cérémonie un des plus grands succès de la Chrétienté, car certains fidèles qui ont ce qu’on appelle « la Foi du charbonnier » voient parfois le rameau bénit comme un véritable talisman protecteur, bien que cela soit en contradiction avec l’enseignement de Jésus.

Selon la tradition une partie de ces rameaux est brulée le mercredi des cendres qui marque le début du carême de l’année suivante.

Pour aller plus loin

- Les fêtes chrétiennes : Histoire, sens et traditions, d'Edith Momméja. Editions des Béatitudes, 2012.

- Jours de fêtes. Histoire des célébrations chrétiennes, de Robert Fery. Points Seuil, 2011.

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