CharlesV FranoisILa Paix des Dames est un traité signé à Cambrai le 3 août 1529 et qui met fin à la seconde guerre d'Italie qui oppose deux cousins ennemis : François Ier et Charles Quint. La mère du premier, Louise de Savoie, et la tante du second, Marguerite d'Autriche, se rencontrèrent à Cambrai le 5 juillet 1528 et signèrent la paix, dite de ce fait « des Dames », le 3 août. François renonçait à l'Italie, Charles à la Bourgogne en échange d'une rançon de 2,5 millions d'écus versée par François, qui épousa la sœur de Charles, Éléonore. Ce traité confirma, par le retour de la Bourgogne, l'intégrité du territoire français et éloigna encore un peu le mirage italien des perspectives royales.

Le contexte de la Paix des Dames

Après le désastre de Pavie en février 1525, le roi François Ier fut fait prisonnier par son ennemi juré l’empereur Charles Quint. Un premier traité fut négocié âprement et signé en janvier 1526 afin de libérer le roi. Mais Charles Quint n’ayant pas confiance en lui, exige contre sa libération, l’incarcération de ses deux fils. Les termes du traité mentionnaient le don de quelques provinces françaises (dont la Bourgogne) en faveur de l’empereur, ainsi que le mariage de François Ier avec Eléonore la sœur de Charles Quint. Enfin, le 17 mars 1526 « l’échange » entre le roi et ses enfants a lieu sur la Bidassoa.

pavie francois 1erFrançois Ier va prendre son temps, car il n’est pas prêt à céder la Bourgogne. De son côté, Charles Quint, voulant faire accélérer les choses, s’en prend aux deux enfants en supprimant leurs serviteurs et en leur interdisant tout contact avec l’extérieur. Les deux petits sont enfermés dans une tour sans lumière, près de Ségovie, et dorment sur de simples paillasses. Il semble qu’ils ne comprennent même plus leur langue d’origine (le français).Les états européens sont bien surpris de cette hargne, même scandalisés et s’éloignent de l’empereur. Même les provinces italiennes et le Saint Siège condamnent le traité de Madrid qui est dissolu en décembre 1527.

La grave situation des enfants ne peut plus durer. C’est ainsi que deux grandes dames vont se charger de résoudre cet affreux problème.

Louise de Savoie et Marguerite d'Autriche entrent en scène

D’un côté, Louise de Savoie, mère de François Ier, de l’autre Marguerite de Habsbourg, tante de Charles Quint. Ces deux dames se connaissent bien : Marguerite avait été fiancée à Charles VIII à l’âge de 3 ans, et avait été élevée à la cour d’Anne de Beaujeu. Mariée plusieurs fois et devenue veuve à chaque fois aussi, elle a élevé les enfants de son neveu Charles Quint, ses frères et sœurs, pour remplacer leur mère devenue folle. Depuis elle est régente des Pays Bas et des Flandres qu’elle administre parfaitement depuis 20 ans, comme son ex-belle-sœur Louise de Savoie dirige la France lors des absences de François 1er.

Louise_de_SavoieMarguerite_dAutricheToute la cour se retrouve donc à Cambrai à l’été 1529. Louise de Savoie s’installe à l’hôtel Saint-Paul tandis que Marguerite s’installe en face à l’abbaye de Saint Aubert. Elles n’ont qu’une rue à traverser, mais bientôt un pont est installé pour faciliter leur réunion. Louise rencontre Marguerite chez elle, dans une ambiance chaude entourée de tapis épais, de tentures, de tapisseries brodées à l’or, de miroirs enchâssés d’argent. Toutes les deux étaient sensibles à la peinture, la poésie et la musique.

Pendant près d’un mois, elles vont discuter, affiner, et arriver finalement à un compromis. Aucune des deux ne supportent la guerre, encore moins l’incarcération de jeunes enfants, même s’ils sont futurs rois et doivent donc apprendre les aléas de leur fonction. Point par point, elles vont « faire le ménage »… Jusqu’au terme essentiel : la France ne veut en aucun cas céder la Bourgogne et de l’autre côté, l’Autriche ne doit pas perdre la face après tant de batailles qui ont mis les finances à sec.

Sortir de l'impasse : la paix de Cambrai

Au bout d’un mois, elles établissent un accord signé à Cambrai le 13 juillet 1529 (certains parlent du 3 août) avec les conditions suivantes : François Ier cède Hesdin mais garde la Bourgogne, il renonce à l’Artois, la Flandre, le duché de Milan et le royaume de Naples, il paye 1 000 000 écus en échange de ses deux fils (somme qui représente 4 tonnes d’or actuellement)

Pour réunir cette somme, toute la noblesse met la main à la poche, Henri VIII aide aussi François Ier. Toute la Cour est en liesse, des festivités sont annoncées, les enfants vont être libérés dans peu de temps…pourtant ces deux dames vont disparaitre bientôt : Marguerite rend l’âme fin novembre 1530 après une blessure au pied mal soignée ; Louise de Savoie disparaîtra en septembre 1531... Les dames disparues, la guerre reprendra dès 1536.

Pour aller plus loin

- François Ier, de Didier le Fur. Perrin, 2015.

Rivalité de Charles-Quint et de François Ier, de François-Auguste Mignet. FB Editions, 2015.

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