bouterolle childeric 1erLa damasquinure est apparue en Orient dès que l’usage des métaux s’y fut généralisé. L'étymologie même du mot témoigne de cette origine. Le terme « damasquiner » est en effet dérivé du nom de la ville de Damas. Cet art d’incruster des fils métalliques ou d’appliquer des plaques de métal sur un autre support métallique est ensuite pratiqué par les Égyptiens, les Grecs et les Romains. Il est introduit en Gaule dès la fin du VIe siècle. Il y sera surtout apprécié et maîtrisé à l'époque mérovingienne. Les Francs ornent les objets de la vie quotidienne avec beaucoup d’inventivité. A cette fin, ils développent plusieurs techniques : la damasquinure et l'orfèvrerie cloisonnée.

Les arts décoratifs à l’époque mérovingienne : l'orfèvrerie cloisonnée

Chez les Francs, l’art de la damasquinure se développe parallèlement à l'orfèvrerie cloisonnée, caractérisée par le sertissage de pierres ou de verroteries dans des cloisons métalliques soudées. Le grenat s'avère le matériau le plus fréquent. Les artisans francs s'inspirent tout d'abord de modèles de la région du Danube avant de développer un style propre dès la fin du Ve siècle.

Ils appliquent la technique du cloisonné pour décorer des objets de la vie quotidienne : fibules, boucles de ceintures ou ornements d'épée. Au début du VIe siècle, on délaisse cette technique désormais réservée aux objets du culte.

fibules franques VIe siecleJusqu'au VIIIe siècle, les artisans itinérants et les ateliers fixes qui appliquent la damasquinure foisonnent dans nos contrées. Ils produisent des boucles de ceintures, des fibules, des garnitures de chaussures ou encore des équipements guerriers comme des pièces de harnachement ou des lames d'épée. Les pièces ornées au moyen de cette technique peuvent être rectangulaires, trapézoïdales, rondes ou triangulaires.

La plupart d'entre elles sont fabriquées en série et relèvent de l'art populaire. Toutefois, des fouilles ont mis au jour des tombes princières dans lesquelles de véritables chefs-d'œuvre d'orfèvres appliquant cette technique accompagnent le défunt.

Décoration des pièces damasquinées

Les représentations humaines s'avèrent extrêmement rares. Les deux types de décors les plus fréquents sont tantôt combinés, tantôt isolés. Il s'agit des décors géométriques et des décors animaliers. Ces deux types de motifs peuvent servir de décor principal ou de décor secondaire. Certaines pièces retrouvées présentent également une ornementation végétale stylisée à laquelle les artisans ont eu recours comme décor secondaire. Les motifs géométriques sont parfois inspirés de l'orfèvrerie cloisonnée.

art du cloisonnageIl s'agit alors de quadrilobes, d'escalier, ou de croix. On retrouve également des motifs en courbes comme des torsades, des boucles ou des tresses. Quant aux animaux, ils sont souvent réduits à une partie stylisée de leur corps (la tête et les pattes, voire les griffes) entrelacée avec des motifs géométriques ou d'autres parties animales, de sorte à former un ensemble esthétique complexe.

Evolution de la damasquinure

Au cours du haut Moyen ge, la damasquinure franque évolue d'un art populaire vers un art raffiné. À la fin du Ve siècle et au début du VIIe siècle, on incruste des fils d'argent de façon qu'ils forment des motifs géométriques imitant le « cloisonné » contemporain. On distingue la seconde moitié du VIIe siècle, marquée par la manière bichrome (incrustation de fils d'argent et de laiton sur un support en argent), de la première moitié du VIIe siècle, marquée par la manière « monochrome (incrustation ou placage d'argent sur des supports en argent).

Au cours de ce siècle apparaissent peu à peu les décors animaliers. À la fin du VIIe siècle et au VIIIe siècle, se manifestent des motifs géométriques en arabesques et en nids d'abeilles. C’est à Paris et en Bourgogne que cette technique est portée à son plus haut niveau artistique.

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