mausole_des_mignonsLa majorité des membres du premier groupe des mignons ne purent pas obtenir de charges et de postes importants, une partie disparait lors du grand duel en 1578, d’autres sont disgraciés. Enfin, certains anciens compagnons du roi ont eu plus de chance et vécurent au temps d’Henri IV, puis de Louis XIII à des postes respectables. Voici donc pour chacun d’eux, leur petit curriculum vitae.

  

Louis de Béranger, seigneur du Guast, 1540-1575

Originaire du Dauphiné, gentilhomme de la chambre en 1570 fut également commandant du régiment des gardes françaises. Agent particulier du roi et assurant un filtre d’accès au souverain, il l’a suivi en Pologne en 1574 et fut employé pour contrecarrer la politique de Monsieur. Le Guast est délégué auprès de Bussy (ancien compagnon royal passé chez Monsieur) pour le rechercher. Lorsque Monsieur prend la fuite en septembre 1575, Le Guast fut missionné pour fermer les routes et les ports. Marguerite de Navarre l’accuse d’avoir rapporté au roi ses relations avec Bussy. Suite à une querelle avec un gentilhomme de Montmorency qui le qualifie d’orgueilleux et de créature du roi, il meurt début novembre 1575, assassiné à coups de dague et d’épée vers 22h, dans sa maison rue Saint Honoré, soit il lisait de la poésie, soit il se faisait manucurer. Le Guast, dans son agonie, a reconnu le baron de Vitteaux, client de Monsieur. Le roi offre des funérailles solennelles dans l’église St Germain l’Auxerrois, paroisse royale !

Henri Hébrard de Saint Sulpice, 1553-1576

Originaire du Haut Quercy d’une famille qui a reçu presque toutes les distinctions possibles. Il fut d’abord au service de Monsieur, avant que ce dernier ne quitte la cour en 1575. Saint Sulpice accède auprès du roi soutenu par son père Jean Conseiller d’Etat et les Guise comme protecteur jusqu’à devenir capitaine de chevau-légers en 1575. Après s’être fait traité « de ne pas être gentilhomme » par un officier de la maison de Monsieur, il est tué à coup de dague dans la cour du château de Blois en 1576 et meurt dans les bras de son père. La cour condamnant cet assassinat, le duc de Mayenne est bien décidé à faire punir le meurtrier, dont l’effigie sera décapitée en juin 1577. Pour services rendus, le roi commande une épitaphe.

Jacques de Levis, comte de Caylus, 1554-1578

Originaire du Rouergue, cousin de Saint Sulpice, n’a que dix-huit ans lorsqu’il rencontre le roi. Capitaine de cent chevau-légers en 1575, il reçoit dix-neuf coups lors du fameux duel, et meurt après trente trois jours d’agonie. Le roi lui rend visite deux fois par jour et interdit toute circulation dans la rue Saint Antoine pour éviter tout bruit au malade. Pour Henri III, ce fut un choc, Caylus étant son préféré. Le roi est affaibli et n’a plus de volonté. Lors des funérailles le défunt est exposé à visage découvert, le roi oblige la cour à assister au convoi et lui-même prend le deuil (chose jamais vu envers un sujet).

Louis de Maugiron, 1560-1578

MaugironOriginaire de Vienne, d’une famille servant de rempart en province contre les huguenots, appartient au départ à Monsieur. Le roi l’attire et lui offre le poste de Chambellan des affaires, poste le plus élevé de la maison du roi, dès 1576 (il n’a que seize ans).Lors du duel des mignons, il meurt aussitôt.

Philibert d’Aure de Gramont, comte de Guiche, 1552-1580

Oiginaire d’un prestigieux lignage en Béarn. Obtenant la charge de capitaine des gendarmes, puis le poste de gentilhomme de la chambre, il est surtout utilisé comme représentant du roi dans les terres de Navarre et devient maire de Bayonne. Il participe indirectement à la querelle des favoris contre les mignons de Monsieur en début 1578, puis est rattaché au Conseil des Affaires en 1578. Enfin il meurt au siège de la Fère en 1580.

Gaspard de Schomberg, 1540-1599

De lignage allemand, au service du duc de Guise, rencontre le roi lors de joutes où les deux hommes tombent en même temps (le roi se luxant l’épaule, Schomberg blessé au visage). Chambellan ordinaire en 1571, il accompagne le roi en Pologne en 1573 lui servant d’ambassadeur et de diplomate. Grand maréchal des Reîtres, il participe à la réconciliation entre Guise et Epernon, puis en 1589 à celle entre Navarre et Henri III. Négociateur hors pair, il a élaboré une partie de l’édit de Nantes et en revenant de la réconciliation entre Epernon et Sully, il meurt d’une crise cardiaque en 1599 à 59 ans. Son frère Georges né en 1555 le rejoint en 1569 et se met au service du roi. Il meurt immédiatement lors du duel des mignons en 1578.

François d’Aydie-Ribérac, 1550-1578

Originaire du Béarn, au service de Monsieur, est appelé par le roi. Ne l’accompagnant pas en Pologne, il ne sera que gentilhomme ordinaire de la chambre en 1576. Participant au duel de 1578, il meurt le lendemain.

Guy d’Arces, baron de Livarot, 1555-1581

Originaire du Dauphiné, cousin germain de Maugiron, intègre la maison de Monsieur en 1576 qu’il quitte définitivement en 1577, attiré par le roi. Nommé chambellan fin 1576, puis gentilhomme de la chambre en 1578, il est maitre de camp de l’infanterie à sa mort en 1581. C’est l’un des deux mignons a avoir réchappé au duel, au bout de six semaines de maladie.

Charles de Balsac, baron d’Entragues, dit Entraguet, 1547-1599

Issu d’une famille de Haute Auvergne, enfant d’honneur des enfants de France en 1549, puis guidon, il est le premier compagnon du roi dès 1571. Il l’accompagne dans ses aventures amoureuses, devient capitaine des gendarmes, conseiller d’Etat en 1583, lieutenant général de duchés, chevalier de Saint Esprit en 1595. Lors du duel des mignons, il s’en sort avec une égratignure au bras !

Paul de Stuer de Caussade, sieur de Saint Mégrin, 1554-1578

Originaire de Saintonge, héritier d’une fortune considérable, devient gentilhomme de la chambre, puis reçoit rapidement des charges et des responsabilités officielles avec un poste de maitre de camp de la cavalerie légère en 1578. N’ayant pas participé au duel d’avril, alors qu’il le souhaitait fortement, il se met à harceler le duc de Guise qui se sent obliger de relever le défi et qui envoie son frère Mayenne pour l’assassinat au motif que Saint Mégrin aurait fait la cour à la duchesse de Guise. Son corps est haché de vingt coups, en pleine rue Saint Honoré le 21 juillet 1578, à la sortie du coucher du roi. Il meurt le lendemain.

Jean Louis de Nogaret de La Valette, dit d’Epernon, 1554-1642

Epernon

Originaire de Gascogne, combat avec Joyeuse pour Monsieur. Sa famille est installée dans le sud ouest pour surveiller les activités des Navarre. Après avoir appartenu à Navarre, il le quitte pour s’offrir lui-même à Henri III. Introduit à la cour en 1577, traité de rapace et de pingre, il s’allie à Caylus qui en mourant le conseille au roi, obtenant ainsi sa position de favori en 1579, revendiquant être « la créature et le serviteur exclusif du roi », reçoit des gratifications pour son rôle militaire, notamment lorsqu’il est capitaine de cent hommes d’armes, puis devient colonel général de l’infanterie en sept 1581. Henri III l’utilise pour protéger la capitale au printemps en 1585, mais est disgracié en 1588.Il se soumet finalement à Henri IV, soupçonné d’ailleurs de son assassinat, puis est écarté du pouvoir par Richelieu et à nouveau disgracié.

François d’Espinay de Saint Luc, 1550-1597

D’origine normande très modeste, réalise son ascension grâce à ses mérites militaires. Capitaine d’une compagnie d’infanterie en 1571, gentilhomme de la chambre en 1574, il devient principal favori avec Caylus, Maugiron, Saint Mégrin, puis conseiller d’Etat et chambellan en 1578. Après la disparition des mignons et la disgrâce d’O, Saint Luc pensait accéder au plus près du roi, mais ne reçoit pas la charge de Grand Ecuyer promise par Henri III. Fâché, il va commettre erreurs sur erreurs jusqu’à sa disgrâce en 1581 : il noue d’autres contacts afin de n’avoir pas à dépendre que du roi, il se rapproche de Monsieur, la rumeur raconte que Saint Luc aurait proposé ses services à la reine pour concevoir un dauphin, il ose prétendre que le roi n’est pas un bon catholique, il évente le secret que le roi aimait une dame de condition, secret arrivé aux oreilles de la reine, il s’enferme dans ses terres et refuse d’ouvrir les portes de Brouage à qui que ce soit, encore moins aux envoyés du roi. En 1585, il se rapproche du duc de Nevers, s’allie aux Catholiques par opposition aux huguenots, tout en essayant de rentrer en grâce, mais le roi ne bouge pas. Il sera fidèle à Henri IV, assistera au sacre, obtient la charge de lieutenant général de province et de grand maitre de l’artillerie, puis meurt en 1597 en plein siège d’Amiens.

Gilles de Souvré, sieur de Courtanvaux, 1542-1626

Originaire du Perche, est un gentilhomme de petite noblesse entrant dans la seconde noblesse grâce aux alliances et au service direct du roi. D’abord chez Monsieur en 1572, il obtient la charge de maitre de la garde robe du roi en 1573, l’accompagne en Pologne et prépare son retour en 1574, devient chambellan. En 1578, il participe à la cabale contraire, se querelle avec Epernon et est disgracié légèrement. Récupéré par Monsieur, le roi ne lui en veut pas trop, et lorsqu’il rejoint à nouveau la cour en 1581, Souvré est envoyé en province uniquement comme lieutenant général, car il est considéré comme agent fidèle et non plus comme intime. Chambellan ordinaire et conseiller des Affaires en 1582, il restera au second plan. Toujours gouverneur de Tours, il porte la Sainte Ampoule pour le sacre à Chartres d’Henri IV. Nommé gouverneur du dauphin Louis XIII, il meurt à 84 ans en 1626.

Antoine de Brichanteau de Beauvais-Nangis, 1552-après 1612

Originaire de la Beauce, est plus soldat que courtisan. Maitre de camp des gardes françaises mais surtout jaloux des faveurs accordées aux autres mignons, il se brouille avec Saint Luc, d’O, Caylus, et surtout Epernon, car celui-ci reçoit la charge de colonel général de l’infanterie promise par le roi. Disgracié en 1581, se sentant trahi, il s’oppose à Henri III et finalement rejoint la Ligue en 1585, par ressentiment envers Epernon. Soutenu par Richelieu devenu Grand Prévôt, il revient à la cour en 1587, devient amiral de France en 1589, et pour services rendus, ses terres sont élevés au marquisat en 1612.

François d’O, marquis, 1551-1594

Soutenu à la cour par son père, devient maitre de garde robe, premier gentilhomme, lieutenant général et assume des responsabilités officielles variées, surtout dans le domaine financier. Bien en cour et bien qu’impliqué dans des règlements de compte, il n’a jamais été inquiété. Epernon voulant le monopole de la faveur, le discrédite auprès du roi en l’accusant d’entretenir des relations secrètes avec Monsieur et de lui divulguer des secrets d’état. Disgracié momentanément en 1581, d’O perd sa charge de maitre de la garde robe mais ne quitte pas la capitale, et réintègre la cour grâce à Joyeuse, le roi ayant besoin de ses anciens fidèles pour contrecarrer les actions des ligueurs. Il meurt en 1594 de maladie, mais on entend parler de lui jusqu’en 1655, à la fin des procès lancés par sa famille pour récupérer les prêts consentis en son temps à Henri III.

Anne de Joyeuse, baron d’Arques, 1560-1587

joyeuseOriginaire d’Ardèche, lié aux Montmorency et appartenant à la maison de Monsieur, combat en Languedoc, puis est recherché par le roi pour ses valeurs militaires. Rapidement, il obtient la prééminence sur les ducs et pairs. En épousant la sœur de la reine, il entre dans la famille royale. Joyeuse est aimable, généreux et donnait à ses gentilshommes, incarnant un idéal de noblesse, le parangon de la noblesse cultivée, le parfait gentilhomme ne refusant rien au roi, considéré comme fils spirituel, « le chef d’œuvre du prince ». Pour le roi, tout départ en campagne est un réel déchirement. Capitaine de cinquante lances, puis de cent lances, il devient chef militaire de la cavalerie royale avec douze compagnies de chevau-légers en 1586. Toujours prêt pour partir au front, il accède à la charge de commandant en chef de la marine et de l’infanterie, puis d’amiral. Se sentant exclu de l’entourage du roi (à cause d’Epernon), il se lance à corps perdu dans la bataille de Coutras en septembre 1588 et y laisse la vie.

Roger II de Bellegarde, baron de Termes, 1567-1646

Protégé d’Epernon, dernier favori car le roi a besoin d’un confident, devient chambellan, maitre de la garde robe en 1587, grand écuyer de France, n’obtenant aucun gouvernement sous Henri III, seulement deux compagnies de chevau-légers de la garde. Duc et pair sous Louis XIII, il s’allie au Montmorency, ce qui cause la perte de ses biens et ses titres.

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