Eginhard1Eginhard (770, †840), dans son ouvrage « Vie de Charlemagne », décrit ainsi l'habillement du roi des Francs : «Le costume ordinaire du roi était celui de ses pères, l'habit des Francs ; il avait sur la peau une chemise et des hauts-de-chausse de toile de lin ; par-dessus était une tunique serrée avec une ceinture de soie et des chaussettes ; des bandelettes entouraient ses jambes, des sandales renfermaient ses pieds, et l'hiver un justaucorps de peau de loutre lui garantissait la poitrine et les épaules contre le froid...»

 

Le costume carolingien

D'une façon générale, le costume des Carolingiens résulte de deux influences, l'une germanique, l'autre gallo-romaine. Les principaux tissus utilisés sont :

• le lin importé des pays méditerranéens ;
• le chanvre dont la culture a été fortement développée sous Charlemagne car sa fibre permet la conception de tissu, mais aussi de cordage ;
• les fourrures de martre, hermine, loir et belette ;
• les draps de différentes finesses et de différents tons, issus pour les plus prestigieux des manufactures d'Arras, de Limoges, de Frise et de Flandre ;
• des lainages plus grossiers ;
• les soieries importées de Byzance, Perse et Sicile.

cardagefilageLa confection des vêtements s'effectue dans les ateliers domaniaux, qui doivent livrer un certain nombre d'étoffes ou de vêtements. C'est essentiellement le travail des femmes. Le lin est cultivé sur des terres riches, récemment défrichées. Les fibres sont décollées par la technique du rouissage, qui consiste à plonger la plante dans l'eau durant plusieurs jours. La laine est prélevée sur des moutons adultes, la tonte étant réalisée au mois de mai après que les bêtes aient été lavées. Après avoir été battue, la laine est cardée, puis peignée et filée à l'aide d'un fuseau ou d'une quenouille. Les fils sont ensuite mis en écheveaux dévidés sur des bobines et des canettes pour le tissage. Les principales plantes utilisées pour la teinture sont la garance pour le rouge, la gaude pour le jaune, l'indigo pour le bleu, la noix de galle et des racines de noyer pour le noir, diverses variétés de végétaux (fougères, plantain, feuilles d'ortie) pour le vert.

La soie est importée. En 552, deux moines nestoriens rapportent à l'empereur Justinien des œufs de bombyx cachés dans leur bâton de pèlerin. La technique de production de la soie se répand alors en Europe et dans l'Empire byzantin.

Le costume civil

L'homme

costumeshommesL'homme porte deux chemises, resserrées à la taille à l'aide d'une ceinture pourvue d'une boucle ouvragée. La chemise du dessous, appelée « camisia », est généralement en lin. La chemise du dessus, mi-longue, ajustée et dotée de manches plus ou moins longues, est appelée « gonelle ». Les paysans, quant à eux, conservent le port du simple « colobe » gallo-romain sans manches Les jambes sont couvertes d'une part par les « braies », d'autre part par les « chausses ». Les braies sont longues et étroites, souvent de couleur vive ; les chausses couvrent le bas des jambes et une partie des braies, car elles peuvent monter jusqu'à mi-cuisses. Des rubans noués également colorés ou brodés fixent ces chausses sur les jambes. Gonelles, braies et chausses sont taillées dans des étoffes plus ou moins luxueuses et sont plus ou moins brodées selon le statut social de l'individu qui les porte.

Les cheveux sont coupés court et la barbe est généralement rasée. Les couvre-chefs sont rares. Le paysan couvre sa tête d'un chapeau de feutre. Les nobles peuvent ceindre leurs cheveux d'une bandelette nouée derrière la tête.

Les chaussures sont taillées dans du cuir. Elles enserrent complètement le pied et sont fixées à la cheville ou au mollet à l'aide de lanières. De hautes bottes appelées « heuses », montant jusqu'aux genoux et maintenues grâce à des lacets, sont portées par les voyageurs, les militaires puis les nobles.

La femme

femmescostumesLes femmes portent deux tuniques. La « camisia », tunique du dessous, est généralement dotée de manches longues et étroites. La tunique du dessus comporte des manches plus courtes, éventuellement évasées. Elle peut être richement décorée à l'aide de broderies et de galons disposés autour du col, au bas du vêtement et, verticalement, sur le devant. Elle est resserrée à la taille ou sous les seins, par une longue ceinture plus ou moins ouvragée. Par-dessus, les femmes se drapent dans une longue écharpe, la « palla », qui peut être ramenée sur la tête afin de voiler la chevelure.

Les cheveux sont portés longs et soignés, démêlés à l'aide de peigne en métal, en os ou en ivoire. Ils sont laissés libres chez les jeunes filles, mais les femmes mariées les attachent en chignon, en tresses ou en torsade. Les coiffures sont maintenues par de longues épingles parfois ouvragées et elles sont décorées de rubans.

Les femmes se parent volontiers de bijoux, tels que boucles d'oreilles bracelets et colliers en ambre, en perles de pâte de verre coloré ou en or. Elles se maquillent peu ou pas, car l'église réprouve cette pratique considérée comme luxurieuse. Eventuellement, les joues sont fardées, la couleur rouge étant obtenue à partir de poudre de garance.

Les manteaux

Hommes et femmes qui voyagent portent la « chape », manteau circulaire ouvert devant, muni d'un capuchon. La « chasuble », de même forme, n'est pas fendue sur le devant et le porteur, pour se servir de ses bras, doit relever les pans du manteau sur ses avant-bras.

enfantsLe « rhéno » gallo-romain, manteau en peau de bêtes pour lequel la fourrure est à l'extérieur, est encore porté. Il est maintenu par une grosse agrafe de bronze. La « saie » gauloise, court manteau porté sur les épaules et fermé sur le devant à l'aide d'une fibule, est elle aussi toujours utilisée.

Les enfants

Le nouveau-né est enveloppé dans un linge de lin ou de chanvre par-dessus lequel on dispose un lange croisé sur le devant. Le tout, appelé le « maillot », est maintenu par des bandelettes de lin ou de chanvre que l'on entrecroise des épaules aux chevilles. La tête est couverte par un « béguinet », notamment en hiver.
Vers l'âge de un an, l'enfant fait ses premiers pas. Il quitte le maillot et revêt une robe longue, ample, munie de manches, fendue sur les côtés.
Vers 7 ans, le costume devient celui de l'adulte.

Le costume du soldat carolingien

Pour se protéger, le soldat carolingien revêt une « broigne », corselet de grosse toile sur lequel sont cousus des renforts ou anneaux de métal. Fendu du bas jusqu'à l'entrejambe, la broigne descend jusqu'aux genoux et s'enroule autour des cuisses à l'aide de lanières. Les « bamberges », jambières de métal, recouvrent les mollets. Un large poignet de cuir protège l'avant-bras droit et permet de parer les coups.

costumemilitaireLe casque est de forme conique. Le bouclier est rond, fait de bois recouvert de métal peint. L'armement est constitué d'une épée, d'une lance et d'un arc.

Le costume religieux

Tous les ecclésiastiques sont tonsurés.
Les deux principaux vêtements des prêtres et évêques sont « l'aube » et la « dalmatique ». L'aube est une longue tunique à manches longues et étroites qui descend jusqu'aux pieds. Une ceinture plate la resserre à la taille. Elle est ornée de parements brodés, de claves et de pourpre lorsqu'elle est destinée à un évêque. La dalmatique est de forme plus ample, avec des manches évasées. Par-dessus, le religieux porte une « chasuble » garnie de larges broderies au col et sur son bord inférieur.
Différents accessoires sont associés à ces vêtements : « l'étole », écharpe tout en longueur, taillée dans du lin blanc et frangée aux extrémités, est portée par les prêtres et les évêques durant l'office. « L'amict », pièce de lin ou de chanvre blancs, couvre la nuque et les épaules.

Les moines quant à eux portent une tunique de laine et une « coule », ample manteau à capuchon et larges manches.

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