journe des tuilesOn pense régulièrement mais à tort, que la Révolution Française connait ses débuts à Paris : la première révolte eut lieu à Grenoble le 7 juin 1788, lors de la Journée des Tuiles, mettant en opposition le représentant du roi dans le Dauphiné et le Parlement de la ville soutenu par deux avocats du Tiers état. Mis en vacances par Louis XVI, les parlementaires grenoblois sont ramenés par la foule, qui accueille la troupe à coup de pierres et de tuiles jetées des toits. Les soldats ripostent, tuant plusieurs insurgés. Moment populaire, la journée des Tuiles du 7 juin 1788 est d'abord issue d'une volonté bourgeoise.

 

L’origine de cette révolte

Lorsque le roi veut faire enregistrer de nouveaux édits et de nouvelles lois, le parlement doit les ratifier. Si les parlementaires usent de leur droit de remontrance, c'est-à-dire, ne pas vouloir accepter, ni ratifier, le roi vient alors en personne pour imposer ces édits lors de lits de justice. Or justement, Louis XVI ne s’est pas présenté, n’ayant peut être pas eu le courage de s’opposer au parlement comme l’ont fait Louis XIV et Louis XV. Et en cette période qui commence à être troublée, le parlement se sent fort, soutenu par l’opinion et le peuple. C’est en Dauphiné que commence la révolte.

Le 8 mai 1788, le Garde des Sceaux M. de Lamoignon et Louis XVI demande au parlement de Paris d’entériner de nouvelles réformes : à savoir réduire le rôle du parlement, supprimer les droits de remontrance, confiant l’enregistrement des nouveaux édits à une Cour spéciale, créée par le roi où les membres sont également désignés par lui. Le parlement n’aurait plus que ses fonctions dans le domaine de la justice et non plus dans le domaine politique, perdant le contrôle des lois du royaume.

Le 10 mai 1788, le duc Jules Charles Henri de Clermont-Tonnerre, représentant du roi dans le Dauphiné, fait fermer les portes du palais.

Le 20 mai, les parlementaires soutenus par les avocats Barnave et Mounier, membres du Tiers Etat, se réunissent dans l’hôtel particulier de leur président, malgré l’interdiction de se rassembler. Ils ne veulent pas d’une telle réforme sans qu’elle soit discutée en assemblée nationale.

La journée des Tuiles

journe des tuilesLe 7 juin au matin, le duc de Clermont donne l’ordre aux parlementaires de quitter la ville. Lorsque ceux-ci se mettent à partir, le tocsin sonne, les boutiques ferment, le peuple se dirige vers l’hôtel particulier du représentant du roi, afin de récupérer les clés du palais. Les soldats du Royal Marine venus à son secours, reçoivent des projectiles lancés des toits et des balcons, en particulier des tuiles.

Les soldats se replient, comptant bon nombre de blessés, l’hôtel du duc est pillé, lui-même malmené et finalement obligé de céder, les magistrats rentrent au palais, accompagnés de cette foule. Le duc est destitué, le maréchal de Vaux le remplace et l’ordre n’est définitivement rétabli que le 14 juillet 1788.

Les conséquences

Le 14 juin 1788, la municipalité de Grenoble demande une réunion des Etats généraux à Vizille, rassemblement qui a lieu le 21 juin, réclamant le rétablissement des parlements, le vote par tête et non plus par type et la réunion des Etats généraux du royaume.

En août 1788, pour calmer l’opinion, le roi accepte finalement la convocation d’Etats généraux pour mai 1789.

C’est la première journée d’émeute où le pouvoir royal a cédé ! La Révolution française est bien en marche !

Source

Quand les lieux racontent l'Histoire de France, de Nicolas Eybalin. Editions Scrineo, octobre 2012.

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