musique_richelieuRichelieu est plutôt connu pour son rôle de Premier Ministre de Louis XIII, mais il fut également un grand amateur d’art. A sa mort, il possédait plus de 20 000 livres et la plus importante collection d’œuvres antiques de France avec 200 bustes et statues. Considéré comme le « patron des arts et de la musique », il a créé notamment l’Académie Française et grâce à lui, la musique profane et la musique sacrée sont à l’honneur dès 1628.

 

Le Baroque

Le Baroque couvre les années 1600 à 1750 environ où apparaissent les premiers opéras, cantates, sonates, concertos, puis il est longtemps délaissé laissant place à la musique classique de Vienne. Cette vieille musique de 300 ans « facile à écouter et apprécier » réapparait en 1996 grâce au Centre de Musique Baroque installé dans l’Hôtel des Menus Plaisirs, créé pour promouvoir la musique des XVII è et XVIII è siècles. Les Menus Plaisirs avaient été construits en 1739 près du château de Versailles pour organiser les plaisirs du roi et de la cour, la bibliothèque de Versailles possède donc ainsi plus de 3 000 partitions provenant de la collection d’origine constituée par les Premiers Gardes de la Librairie de Louis XIV. Ils étaient chargés de « recueillir tout ce qui se fait de plus beau en musique, tant pour la Chapelle que pour la Chambre ». Se rajoutèrent par la suite la musique de la Maison de Saint Louis à Saint Cyr, puis les motets de Michel de Lalande et au XIX è siècle les œuvres de Boëly et Holmès.

Notons encore que le compositeur de musique baroque n’était pas un artiste libre, mais un serviteur qui devait satisfaire son maître, son roi ou l'Eglise, en écrivant de la musique sur demande.

La musique de Richelieu

Au temps de Louis XIII, on écoutait souvent du luth, puis apparait sous Louis XIV la Musique du Roi. Mais le vrai précurseur en ce domaine, fut le cardinal de Richelieu. Considéré comme « patron des arts et de la musique », il mit à l’honneur deux sortes de musique : la musique profane, c'est-à-dire les ballets et la musique sacrée composée de motets, Te Deum, De Profundis, et autres chants réservés à l’église.

Richelieu entretenait un grand nombre de musiciens dont les plus connus sont François de Chancy son professeur de luth et Jean de Cambrefort à partir de 1635. Pour son plaisir et celui de la Cour, il avait fait aménagé une salle « à l’italienne » dans son Palais Cardinal, qui deviendra le théâtre de Molière, puis l’Académie royale de musique.

La musique profane

Elle se caractérise surtout par des ballets. Pour célébrer la victoire de la France sur les Espagnols et les Autrichiens en 1640, Richelieu commande des manifestations en janvier et février 1641. Ainsi il fait composer le ballet de la Prospérité des Armes de France par plusieurs musiciens, dont le principal est François de Chancy. Dans ce ballet, l’auteur met à l’honneur les hautbois, les luths et les cordes. Ce ballet retrace les victoires sur terre et sur mer et le cardinal fera même danser les Grands du Royaume à chaque entrée de ballet. Mais il n’y a pas de place pour la bouffonnerie, seul le besoin d’affirmer le pouvoir absolu du roi, vu que le roi est déjà malade et a subi beaucoup de manifestations de contestataires contre Richelieu. Les mélodies et la musique sont empreintes d’une grande mélancolie et d’une grande solennité. Richelieu triomphe malgré tout et le ballet sera surnommé le Ballet de M. Le Cardinal de Richelieu.

La musique sacrée

RichelieuRochelleCelle-ci apparait après la fin du siège de la Rochelle en 1628, célébrant la victoire éclatante pour le Ministre. Malgré la victoire, c’est surtout la douleur et la souffrance des protestants et des habitants de La Rochelle qui sont chantées. Une victoire politique, mais une tragédie humaine.

Composée par Guillaume Bouzignac pour les motets, Nicolas Formé pour sa Musica simplex et son Domine Salvum fac Regem, faisant penser aux tableaux torturés du Caravage, Boesset pour le De Profundis, cet ensemble de musique sacrée représente les catholiques et les protestants se battant, jusqu’à la mort.

A partir de là, Richelieu faisait naître la Musique du Roi.

Les principaux compositeurs

Nicolas Formé, 1567-1638, né à Paris, compositeur à la Chapelle jusqu’à sa mort, s’est surtout démarqué par la musique sacrée. Louis XIII lui portait un attachement tel qu'après son décès, sa musique fut saisie et placée dans une armoire dont le roi gardait personnellement la clé. Sa principale œuvre étant le Domine Salvum fac Regem à l’occasion de la victoire de La Rochelle, il a aussi écrit des Messes à deux chœurs, des motets et le Cantique de la Vierge Marie.

Etienne Moulinié, 1599-1676, né à Carcassonne, maître de musique de Gaston d’Orléans, chantre à l’église Saint Just, rejoint son frère à Paris. Il a composé des Airs de Cour et des Petits Motets.

Antoine Boësset, 1586-1643, né à Blois, maître des enfants de la Musique de Chambre du roi, puis maître de Musique de la Reine, surintendant de la Musique de la Chambre du Roi en 1623. Son beau-père était déjà surintendant de la musique d’Henri IV, son fils sera surintendant de la Musique de Louis XIV. Il a créé des Airs de Cour pour voix et luth, des ballets, quelques messes et motets mais il est surtout reconnu pour son Magnificat.

Ennemond Gaultier, 1575-1651, né dans le Dauphiné, d’abord page de la duchesse de Montmorency, il passe au service de Marie de Médicis et devient valet de chambre en 1620. Il est reconnu en musique grâce à sa fonction de professeur de luth à la Cour. En 1630, il joue pour Charles Ier, Henriette Marie et le duc de Buckingham à la Cour d’Angleterre.

Robert Ballard, 1575-1645, né à Paris, fils de l’éditeur Ballard, s’associe à son cousin/élève Adrian Le Roy pour composer et imprimer la Musique du Roi. Luthiste à la cour, il participe à la création de ballets de cour, a publié des livres de danses pour le luth, mais sa plus grande œuvre est le « Ballet du Dauphin » de toute beauté.

Musiciens_du_Baroque_1635François de Chancy, 1600-1656, né à Paris, est célèbre pour avoir été maître de la Musique de Richelieu, maître de la Musique de la Chambre et de la Chapelle du Roi en 1649. Travaillant sur des ballets de cour, il est le principal compositeur du fameux Ballet de la Prospérité des Armes de France crée en 1641 ou encore le Ballet des Fêtes de Bacchus en 1651. On retient encore des pièces de luth, deux livres d’Airs de Cour, ainsi que des recueils de Chansons pour danser et pour boire.

Jean de Cambrefort, 1605-1661, d’abord chanteur à la chapelle privée de Richelieu, il passe au service de Mazarin en 1642 et obtient le poste de maître de la Musique de la Chambre du Roi en succession à François de Chancy, puis le poste de compositeur de cette musique, enfin surintendant de la Musique du roi. Il a surtout composé des Airs de Cour et a participé aux ballets.

Jacques Champion de Chambonnières, 1602-1672, né à Paris, reçoit la survivance de son père et devient joueur d’épinette à la Chambre du roi et organiste de la Chapelle. On le voit danser dans le Ballet de la marine en 1635 ainsi que plus tard dans le Ballet royal de la nuit avec Louis XIV et Lully en 1653. Claveciniste et professeur, il fonde l’école française de clavecin et l’une des premières sociétés de concerts en 1641 « l’assemblée des Honnestes Curieux » destinée à promouvoir la musique de Chambre. Après être disgracié en 1662, il publie son premier livre de pièces pour clavecin en 1670 et est à l’origine de l’ascension de la famille des Couperin.

La musique de Louis XIII

Il ne faut pas oublier que Louis XIII était un grand amateur de danse et de musique ; il a écrit les paroles et la musique du "Ballet de la Merlaison", représenté en 1635. Mais dans sa musique, on trouve des passages dont l’air est plus tourmenté, bien dans l’esprit du Roi et bien moins gai que la musique de son fils Louis XIV, tout à la fête et à la joie.

Discographie

- Musique Au Temps De Richelieu : La symphonie du marais

- Nicolas Formé : le Voeu de Louis XIII

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