Les métiers du Moyen Age

Histoire Universelle | Moyen Age

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Il existe une grande diversité de métiers au Moyen Age : du labeur fourni par les esclaves puis par les serfs au travail domestique ou salarié des valets et des compagnons, en passant par les corvées fournies par les paysans à leurs seigneurs, se développent les multiples petits métiers de l'artisanat révélés par les textes administratifs et financiers, mais aussi par les peintures, les sculptures les vitraux, les enluminures. L'approche des découvertes de ces métiers permet de pénétrer au cœur d'une société en mouvement toujours en quête de nouveaux savoirs et de techniques d'expérimentation.

 

Les mineurs 

Ignoré de l'antiquité le charbon est récolté au début du moyen-âge sur les plages d'Angleterre sous forme de morceaux de houille appelés charbon de mer. L'extraction du charbon de terre rare encore provient de mines à ciel ouvert ou dans des galeries peu profondes. Les mineurs qui recherchent le minerai de fer comprennent les fouisseurs qui creusent la mine, les charpentiers pour le boisage des galeries, les piqueurs qui attaquent le filon. C'est une activité très dangereuse (éboulement inondations manque d'air) aussi le métier est-il assigné aux esclaves et aux condamnés.

Seuls les riches et les puissants ont les capitaux nécessaires à l'ouverture des mines (selon les époques ce sont les « seigneurs fossiers »les moines cisterciens ou de riches marchands). Au XV e siècle avec la demande en métal se développent des villages miniers en Oisans et dans le Lyonnais, le métier devient plus attractif suite au progrès de l'aspiration de l'eau et le pompage d'un air sain. La production de minerai est multipliée par quatre entre 1460 et 1530 en Europe.

Le minerai extrait est concassé au maillet nettoyé à la main au fil de l'eau, transporté dans des hottes vers la fonderie où, mêlé à de la chaux, il est chauffé à haute température dans les fourneaux, les impuretés s'écoulant par un orifice à la surface du métal en fusion. Le four a la forme d'une calotte hémisphérique à demi enterrée et porte le nom de bas-fourneau ou four à la catalane, utilisés jusqu'à l'apparition des souffleries et hauts-fourneaux qui permettent une liquéfaction complètes du métal. La fonte coulée est expurgée de son carbone dans les affineries par des spécialistes de la sidérurgie.

Les Ferrons, les maîtres de forges monopolisent la production du fer coulé en plaques ou en gerbes et vendue aux forgerons. 

Les forgerons

Selon le livre des métiers d'Etienne Boileau (prévôt de Paris en 1268) il existe vingt-deux spécialités du travail du fer. Les forgerons transforment et façonnent le métal dans de modestes ateliers munis d'enclumes, cheminées soufflets tenailles et marteaux..La forge est construite en terre réfractaire ou brûle le charbon de bois, le feu est avivé par des soufflets latéraux que manœuvrent des valets.

Fournissant armes, armures, outils et ustensiles de ménage, socs de charrues faucilles et pelles, ferrant les sabots des chevaux, le forgeron jouit de prestige envers la communauté rurale et se fait son porte-parole auprès des puissants. Les serruriers posent et réparent les serrures, forgent les grilles les chandeliers, parfois les battants de cloches, mais fabriquent également les horloges en attendant que cette spécialisation soit attestée par un statut en 1483.

Les couteliers fabriquent les lames et les armes tranchantes assemblées ensuite par les couteliers-faiseurs de manches .Les artilleurs produisent cette arme terrible qu'est l'arbalète de fer.

Les potiers, les métiers du bois, le sel

Les potiers sont nombreux dans les villages médiévaux. Ils œuvrent en famille ou en petites unités artisanales assez pauvres. Au premier siècle la terre est modelée moulée et cuite sur une aire ouverte sans four, il faut attendre l'époque carolingienne pour que se répande l'usage de ceux-ci , la production devenant plus abondante. Le XI, XIIe et XIIe siècle voient apparaître des villages spécialisés en poteries fabriquant une céramique commune destinée à l'usage courant, construits en bordure de forêts pour disposer du combustible nécessaire à la cuisson. Les menuisiers appelés fustiers, qui fabriquent tables, bancs et coffres se partagent le travail du bois avec les charpentiers qui œuvrent sur les chantiers , construisent les maisons à pans de bois et couvrent les toits en bardeaux, les menuisiers et les sabotiers.

La production du sel fait vivre beaucoup de régions car il est nécessaire à la conservation de la viande et du poisson, à la fabrication du beurre et du fromage. Il est obtenu par évaporation dans les marais salants. Dans le nord de l'Europe existent des « maisons du sel »ou l'on fait bouillir l'eau de mer dans de gros chaudrons pour en extraire le sel.

La pierre et le verre

Les carriers arrachent la pierre aux parois rocheuses à l'aide de pics, puis l'égalisent au marteau ou à la « brette ou bretture » l'affinent au ciseaux et la polissent à la râpe. Payé à la pièce, le tailleur de pierre grave sa marque sur chaque pièce. Les pierres sont ensuite acheminées par bateau ou charrettes sur les chantiers.

Le terme de verrier désigne deux spécificités : l'artiste qui peint les vitraux et l'artisan du verre dont les fabriques sont également construites près des forêts .Les fours nécessitent de grosses quantités de bois et leur chaleur considérable rend le métier pénible et dangereux qui demande de grandes compétences. L'usage du verre, connu depuis l'antiquité se répand au XIV et XV e siècle. La pâte de verre est composée de sable siliceux et de cendre de hêtre.

Des plaques de verre remplacent le papier huilé ou le parchemin des fenêtres chez les plus riches, les savants portent des lunettes de vue, dès 1320 le mot verre désigne les vases à boire. L'introduction de la canne à souffler et la coloration avant la cuisson accompagnent l'essor de la verrerie à la fin du moyen-âge. Malgré la renommée de la Normandie et de la Lorraine, Venise est le premier centre de la verrerie concurrencé par la Bohème au XIV e siècle.

La construction

La croissance continue des villes, l'enrichissement des princes et du clergé qui font édifier palais et cathédrales profite au métiers du bâtiment dont les spécialisatios sont nombreuses : tuiliers, chaumiers charpentiers briquiers maçons, paveurs et plâtriers. De la modeste maison en torchis de l'ouvrier et de l'artisan au splendides hôtels des riches, nombreux sont les chantiers ouverts au fil des siècles ! Les cathédrales gigantesques représentent une œuvre de longue haleine.

En 1253 la construction de l'Abbaye de Westminster donne une idée des corps de métiers nécessaires à sa construction. Sont recensés : trente neuf tailleurs de pierre, treize marbriers, vingt-six maçons, quatorze verriers, quatre plombiers, trente -deux charpentiers, dix-neuf forgerons, de très nombreux manœuvres.

Ceux qui édifient les cathédrales sont en fait des ouvriers hautement qualifiés, spécialisés et bien rémunérés. L'élite du bâtiment comporte les « lapicides, espilleurs, ou entailleurs », les maçons qui se contentent de poser la pierre « les coucheurs ou asseyeurs » sont la classe'' inférieure'' de la corporation. Le maître d'œuvre est un maçon auquel une longue tradition de savoirs permet de dresser les plans et de marquer les fondations au sol (le terme d'architecte n'existe pas au moyen-âge). Règle graduée bâton et gants sont ses attributs honorifiques, on le représente muni d'un compas. Les poses de vitraux sertis de plomb font appel aux verriers spécialisés dans cet art.

Très peu d'échafaudages sont utilisés pour la construction, les maçons installent de petites passerelles de bois soutenues par des chevrons insérés dans des trous de boulin et se servent du bâtiment à mesure de son édification. (combien d'accidents et de morts sont-ils imputés à ce système précaire?) Les pierres sont levées par un système de cordes et poulies parfois de potences ou de grues en fin de moyen-âge.

Les outils évoluent peu : le marteau dentelé (ou brette) le marteau-pioche pour la pierre, le fil à plomb la truelle et l'équerre. Les ouvriers du bâtiments disposent d'une cabane appelée loge où ils s'abritent et rangent leurs outils. Ce terme est peu à peu associé au groupe des maçons pour lesquels son rédigés « les statuts de la loge ». Tous les corps de métiers se déplacent en fonction des chantiers.

Les spécialisations dans la capitale

Les fabricants d'outils sont extrêmement spécialisés : les vrillers font les vrilles, les forcetiers les forces (grands ciseaux qui servent à tondre les tissus de laine) ils sont réunis en 1463 dans les métiers des '' grands tailleurs blancs'' qui revendiquent la fabrication d'outils destinés aux charpentiers, bûcherons, tonneliers et tondeurs de draps..Les rémouleurs ambulants concurrencent les émouleurs de couteaux ou de forces. Les lormiers fabriquent les mors des chevaux, les étriers et les éperons, leur métier est lié à celui des selliers. Les armures sont produites par les fourbisseurs de harnois. Les heaumiers font les pièces des armures, les haubergiers celles de la cotte de maille.

Les charrons cerclent de fer les jantes des roues. Les fèvres forgent clous et serrures, les ferrons sont les ancêtres de nos ferrailleurs, ils récupèrent et recyclent les vieux objets métalliques. Miroirs et sonnettes sont dus aux artisans d'étain qui laissent la fabrication de la vaisselle aux potiers d'étain. En 1268 bien d'autres métaux sont travaillés en particulier le cuivre et le bronze. Les fondeurs et mouleurs de cuivre produisent des boucles de ceinture et des ustensiles de la vie quotidienne. Les lampiers fabriquent des chandeliers et des lampes en cuivre.

Les chaudronniers ou peyroliers façonnent les poêles pots et chaudrons de cuivre et de bronze. Les plombiers travaillent le métal auquel ils doivent leur nom, destiné en particulier aux gouttières. A cela s'ajoutent des petits métiers comme les attachiers qui font de petits clous pour décorer ceintures et harnais, les boutonniers et les patenôtriers fabricants de chapelets de métal. Cette dispersion des artisans du métal en petits ateliers familiaux ne leur permet guère de s'enrichir en dehors de certains armuriers. Au sommet de cette hiérarchie se trouvent les monnayeurs et les orfèvres, .véritables artisans d'art, ils fréquentent les cours ecclésiastiques et laïques.

Les meuniers

Les moulins caractérisent le paysage médiéval, ils utilisent la force de l'eau pour actionner leur roue verticale maintenue par un axe, reliée à une autre horizontale elle-même jointe aux pierres à broyer. .Destiné tout d'abord à broyer le grain et l'olive, le moulin à eau se perfectionne et ses utilisations se diversifient au XIIe siècle. Il se transforme en moulin à fouler les tissus et à travailler le fer et le papier. Le moulin à vent est peut-être originaire d'orient. C'est une structure en bois contenant la machinerie et les pierres à broyer montée sur un pieds central, trois branches maintiennent sa voilure.

Les paysans qui apportent leur grain à moudre doivent payer une redevance souvent en nature destinée au seigneur, dont profite aussi le meunier (appelé bonnet) qui à mauvaise réputation en raison de sa rapacité, ( nombre de quolibets et chansons conservés par la tradition folklorique attestent ce fait ).

La période du Moyen Âge ne cesse de nous étonner par l'incroyable variété de ses activités artisanales et commerciales régies par des codes et des statuts ( le mot artisan vient de l'italien « arte » qui suppose un tour de main). Les savoir-faire ancestraux des métiers, transmis par l'apprentissage, se perpétuent et s'affinent au fil des siècles dans tous les domaines de la vie des hommes et des femmes du moyen age

Les métiers de bouche au Moyen Âge

Boulangers et pâtissiers 

Si à la campagne chaque famille fait son pain qu'elle va faire cuire au four seigneurial, cette pratique est interdite dans la plupart des villes où la production du pain est le monopole de plusieurs métiers. Les « blatiers » procurent la farine aux boulangers qui pétrissent la pâte alors que les « fourniers » cuisent le pain. Ils doivent travailler même le dimanche, n'ont pas le droit de produire des gâteaux réservés à d'autres corporations ( ils sont soumis à des statuts érigés en 1305). Au XIII e siècle les pâtissiers ou « oublieurs » qui tiennent boutique fabriquent le « casse-museau » petit four croquant et dur, le « raton », les « talemousses » gâteau au fromage, les « bridaveaux » sorte de gaufres et d'autres pâtisseries : échaudés, choux et massepains. 

Ils ont également le monopole des pâtés à la viande ou au poisson très prisés au Moyen Âge, (pâté en croûte au saumon, à l'anguille, au porc, à la tourterelle, à la bécasse l'alouette ou la caille). Les « oublies » sont vendues dans la rue par les marchands ambulants. 

Les bouchers 

Les citadins du Moyen Âge sont de gros consommateurs de viande ce qui rend les bouchers prospères malgré leur mauvaise réputation due à l'abattage des animaux dans la rue et de leur contribution à la pollution par les déchets qu'ils génèrent (voir l'article Hygiène et pollution au Moyen Âge). Les bouchers vendent la viande de bœuf, veau et charcuterie, les « agneliers » la viande d'agneaux, chevreaux, lièvres lapin et perdrix. Les « galiniers » proposent des volailles, les tripiers des abats, les rôtisseurs ou « oyers » de la viande rôtie d'oie, de poule, du gibier et de la charcuterie. 

Au XIVe siècle les épiciers vendent des épices qui permettent de relever ou de masquer le goût de la viande fade ou avariée. La vente de fromage (très mal payée) est allouée aux vendeurs ou vendeuses de rue appelés « regrattiers ou regrattières » qui proposent aussi des fruits et des légumes. 

Les poissonniers 

Dès la fin du XIIIe siècle à Paris il existe trois communautés de poissonniers : les pêcheurs du Roi qui exploitent la Marne et la Seine, les marchands de poissons d'eau douce et ceux des poissons d'eau de mer. Sont vendus en particulier les harengs et morue salée du temps de carême (le sel permettant la conservation du poisson comme de la viande). Le marché aux poissons se tient au Grand Pont, aujourd'hui Pont- aux-change,.(il est aussi générateur de déchets et de mauvaises odeurs dont se plaignent les citadins ).

Les aubergistes, cabaretiers, taverniers et hôteliers 

Au Moyen Âge, voyageurs et pèlerins se restaurent dans les auberges qui logent également la clientèle. Les hostelleries offrent le gîte, elles affichent une enseigne emblématique dont elles finissent par prendre le nom. Au XV e siècle, les « capitouls » de Toulouse les rendent obligatoires afin de contrôler l'activité des aubergistes. Beaucoup portent des noms de personnages religieux pour attirer les pèlerins : st Jacques, st Georges, sainte Catherine...ou d'autres sigles commerciaux : l'hôtellerie de l'ange, des trois mages, du chapeau rouge, le chapon, la couronne, le plat, ou l'écu de Bretagne, la sirène pour les Bretons etc. Certaines de ces auberges sont tenues par des femmes veuves ou mariées à leur compte. Ce sont souvent des lieux de transactions où l'on passe des contrats d'affaires. 

Les cabaretiers servent du vin au comptoir dans des gobelets d'étain ou de céramique sur l'étal, à même la chaussée. La cervoise, sorte de bière, est distribuée par les « cervoisiers »alors que les taverniers vendent le vin au tonneau ou au pichet.

Les métiers de l'artisanat au Moyen-Âge 

Les tanneurs 

Les tanneurs sont souvent repoussés hors des remparts en raison de la puanteur qu'ils dégagent. Ils lavent les peaux dans l'eau courante, les rasent, les assouplissent à l'aide d'huile et d'alun. Ils fournissent les selliers qui font les revêtement de cuir des selles (dont l'ossature de bois est réalisée par les « chapuiseurs »), les « blasonniers qui les recouvrent et y peignent des écussons, les lormiers, cordonniers savetiers, gantiers et relieurs de livres. Les cordonniers doivent leur nom au cuir de Cordoue avec lequel ils fabriquent les plus belles chaussures destinées à l'aristocratie tandis que les pauvres se contentent de faire appel au savetier. Les gantiers utilisent des cuirs très fins : chevreau chevrotin, peaux de cerfs de lièvre ou de mouton, tandis que les pelletiers vendent des fourrures venues des pays nordiques. 

Le développement des administrations civiles et ecclésiastiques, la naissance de l'université permettent l'essor du métier de parcheminier. 

L'industrie textile 

La production de la laine et autres tissus est la plus importante activité urbaine du Moyen Âge, toute les cités possèdent leurs draperies. Après la tonte, les femmes battent la laine sur des claies pour éliminer les impuretés, puis la plongent dans des bains successifs pour en ôter le suint, ensuite intervient le cardage (on place la laine entre deux petites planches de bois rectangulaires dotées de poignées et de dents) et le filage, activités souvent rurales, sources de revenus pour le foyer paysan. La toison ( prête à être filée à la quenouille) est transformée en fil grâce à un délicat système de rotation suscité par le poids du fuseau. La bobine de fil constituée, le tissage peut commencer. IL débute par l'ourdissage, les fils de chaîne sont tendus sur un cadre de bois appelé battant. 

Les métier à tisser verticaux limitent la taille des pièces, ce n'est qu'au XI e siècle que se développent les métiers horizontaux qui permettent d'accroître la dimension des pièces tissées. Avec ce système, la création de motifs devient possible grâce à la navette que deux hommes se renvoient de chaque côté du métier. A ce stade le drap de laine est grisâtre, rêche et irrégulier ( il s'utilise pour les couvertures des chevaux ou à l'usage des pauvres et se nomme « couette ou queute »).

Il doit subir encore différentes opérations : lavé plusieurs fois, gratté au chardon pour le faire feutrer et retirer les nœuds encore présents, c'est le travail des lisseurs ou pareurs, puis ils sont foulés aux pieds par les foulons dans des cuves ou l'eau est mélangée à du sable ou de la lie de vin afin d'en expurger l'huile restante ( Les foulons sont une corporation d'ouvriers mal payés aux conditions de travail exécrables). Les draps de laine peuvent ensuite être vendus au naturel ou colorés.

 

Les teinturiers, appelés « ongles bleus » piétinent les draps dans des bains de colorants, de mordants et d'alun. Le pastel appelé « guède ou waide » en Picardie donne un bleu très prisé faisant la fortune des villes qui le produisent ( Amiens Toulouse). Le bois du brésil donne la couleur rose, la guaude le jaune et le vert, le brou de noix le noir et le Kermès ou cochenille, le rouge. Une fois teint le tissu est à nouveau rasé pour obtenir un meilleur moelleux.

Les drapiers Parisiens fabriquent la « biffe » une étoffe renommée. Les marchands entrepreneurs font ainsi travailler cinq métiers différents : les tisserands (tissant également le lin et le chanvre) les tondeurs, les foulons, les teinturiers et les tailleurs. En fin de Moyen Âge apparaissent les tissus mixtes : la futaine qui mêle coton et lin, la « saye » laine et lin, et le feutre laine et poils d'animaux (lapin ou castor). 

Le principal marché de l'habillement est celui des tailleurs de robes, des merciers et des chapeliers. Les brodeurs et brodeuses pratiquent la ''peinture'' à l'aiguille tandis que les tapissiers créent les superbes tentures de laine des demeures seigneuriales du Moyen Âge.

Les métiers intellectuels et artistiques au Moyen Âge 

La plupart des enseignants sont des clercs, l'éducation étant contrôlée par l'église. En fin de Moyen Âge sont nommés des maîtres et maîtresses d'écoles laïques Dans les villes universitaires, la profession de libraires ou ''stationnaires'' apparaît au XIII e siècle, qui fait travailler les parcheminiers, les scribes ou copistes produisant des ouvrages destinés aux professeurs et étudiants. Une clientèle constituée de riches aristocrates et de membres du haut clergé leur commande de beaux manuscrits enluminés. Les premiers imprimeurs voient le jour au XV e siècle dans les grandes villes de France. 

Si les médecins du Moyen Âge (ayant suivi des cours à la faculté) se contentent d'observer les malades et de leur prescrire quelque potion commandée chez l'apothicaire, les barbiers-chirurgiens, formés par apprentissage, rasent leurs malades, pratiquent des saignées et des lavements, posent des ventouses. Quant aux arracheurs de dents, ils soulagent définitivement les patients à l'aide de grosses tenailles, sur la voie publique à la vue et aux oreilles de tout le monde (certains embauchent même des musiciens pour couvrir les cris des malheureux !). 

Les ménestrels ou « ménétriers » sont, sous Louis IX, regroupés en une corporation qui comprend toute une hiérarchie de maîtres et d'apprentis mais ces gens du spectacle que sont aussi les jongleurs conteurs et musiciens, sont mal payés et peu reconnus. Ils sont répertoriés dans la ''rue aux jongleurs'' devenue au XV e siècle rue des Ménétriers à Paris (Beaubourg). 

Le métier le plus prestigieux et le plus lucratif du Moyen Âge est sans aucun doute celui de l'orfèvre acquis au terme d'un long apprentissage de huit ou dix ans. Les lapidaires, cristalliers ou pierriers taillent les pierres précieuses ( rubis émeraude, diamant, cristal de roche..) que les orfèvres montent sur les bijoux et sur la vaisselle d'or et d'argent. A cette activité de joaillerie s'ajoute la création des productions monétaires (atelier de frappe des monnaies royales). Puissants et honorés ils dominent toutes les autres professions artistiques. 

Au Moyen Âge les artisans qui œuvrent de leurs mains sont regroupés dans les arts « mécaniques » relégués à un rang inférieur aux arts « libéraux » comme le droit, la médecine ou la théologie car à l'époque, (sauf exceptions) les talents de l'esprit sont seuls reconnus comme dignes et valorisants. 

Les peintres, les enlumineurs les sculpteurs les imagiers, les verriers, apprennent leur métier au cours d'un apprentissage mais ceux-ci, malgré leur habileté, sont rarement distingués. Pourtant les « tailleurs d'images »en os, buis ou ivoire jouissent de prestige car ils façonnent pour les rois et les riches des bas-reliefs, des tombes, des gisants des statues de pierre. Les effigies de bois sont laissées aux menuisiers ou aux « huchiers ».

Les peintres-imagiers font les peintures murales, les panneaux de bois et les enluminures, ils dessinent également les patrons destinés aux vitraux. Les verriers appliquent ces dessins à la craie détrempée sur de grandes tables de la taille du vitrail prévu, précisent leur croquis à la « sinopia » et disposent dessus les plaques de verre de couleur, avant de les sertir de plomb. 

Apprentissage, valets et compagnons 

Entre douze et seize ans les apprentis sont placés par leur parents chez un maître par lequel ils sont logés, nourris et liés par un contrat devant notaire. Pour ces années de formation qui durent entre deux et douze ans suivant la discipline recherchée, le maître (qui exige parfois un droit d'entrée au parents pour couvrir ses frais) engage sa conscience professionnelle. Durant ces années il prend valeur de père tandis que le jeune garçon promet de travailler sans rechigner, et de demeurer avec son maître jusqu'à la fin de son contrat, au terme duquel il doit fournir les preuves de sa compétence. Lorsque l'entente est bonne il n'est pas rare de voir un maître léguer ses biens ou ses outils à son apprenti. 

Peu de jeunes gens ont ensuite la possibilité de s'installer dans leur propre atelier et continuent de travailler comme salariés par celui qui les a formés: ce sont les valets et les servantes. Les salariés appelés valets compagnons ou garçons peuvent être embauchés à durée variable d'un jour, d'une semaine ou d'un an. 

Les compagnons se regroupent pour lutter contre les abus des maîtres, ils s'organisent en confréries dont la vocation est l'entraide en cas de maladies ou de décès. Les situations de conflits peuvent amener les valets à faire grève ou boycotter une ville en décidant un départ collectif (comme les compagnons pelletiers qui quittèrent Strasbourg en 1423 pour aller travailler à Haguenau). Parfois ces revendications entrainent des révoltes (les écarts de richesse entre patrons et salariés ne faisant que croître), mais celles-ci sont réprimés par la force et se terminent dans des bains de sang. 

Le monde des métiers du Moyen Âge n'est pas sans évoquer des échos contemporains : la hiérarchie au sein du travail, la répartition des tâches entre hommes et femmes, les inégalités des salaires et des horaires de travail, tous ces sujets sont très actuels. 

L'étonnante dispersion des qualifications, la spécialisation des talents multiples déclinés à l'infini, le goût du travail bien fait ne sont pas de simples mythes dus aux admirateurs des cathédrales car les bâtisseurs de ces fières églises, les maîtres verriers, les imagiers et tous ceux qui restèrent dans l'ombre, étaient véritablement passionnés par leur métier. Il y eut bien sûr toujours des exclus (ouvriers non qualifiés chômeurs mendiants, invalides) mais les documents médiévaux laissent transparaître une humanité omniprésente loin de l'anonymat de l'ère des machines.

Sources et illustrations : Les métiers du Moyen Âge, de Sophie Cassagnes-Brousquet, Editions Ouest-France, Avril 2010.

Pour aller plus loin

Le monde des métiers au Moyen Age : Artisans et marchands. Poche Histoire, 2010

Les métiers au Moyen Age, de Jean-Louis Roch. Gisserot, 2014.

 

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