Premier homme sur la Lune - Neil Armstrong (1969)

Histoire Universelle | L'Histoire de la conquête spatiale

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Le 20 juillet 1969 à 21h56 heure de Houston, un équipage composé de Neil Armstrong (commandant de Mission) et de Edwin « Buzz » Aldrin (pilote du module lunaire)  se pose sur la Lune après un voyage de 3 jours, tandis que Michael Collins est resté en orbite dans le module de commande en prévision du voyage retour. Quelques heures plus tard, le 21 juillet 1969, le temps d'enfiler sa combinaison spatiale intégrant un système autonome de survie, et Armstrong devient le premier homme à marcher sur la Lune. Il  réalise ainsi la folle promesse faite huit ans plus tôt par le président John F. Kennedy lors de son discours du 25 mai 1961 devant le congrès des Etats-Unis. 

 

La course à l'espace dans les années 50 et début 60

Les USA viennent de réussir l'un des plus grands exploits de l'humanité et concrétisent enfin leur supériorité technologique sur l'URSS dans le domaine spatial, durement acquise au prix d'un engagement financier "astronomique" (150 milliards de dollars actuels) et d'une mobilisation humaine "pharaonique" (près de 400 000 personnes impliquées directement ou indirectement dans le programme). Retour, 50 ans après, sur un évènement qui a marqué durablement toute une génération.

Le projet complètement fou d'envoyer l'homme sur la Lune s'inscrit dans un contexte de compétition acharnée entre les Etats-Unis et l'URSS et en pleine guerre froide. La maîtrise de l'espace apparaît alors comme un enjeu majeur pour ces deux grandes superpuissances post-seconde guerre mondiale, principalement d'un point de vue militaire et géostratégique, mais également comme un formidable vecteur de propagande permettant de montrer au monde entier que "son régime politique" est supérieur à celui de l'ennemi puisqu'il permet à ses citoyens d'accomplir de plus grands exploits.

Dans les années 50 et jusqu'au milieu des années 60, cette course à l'espace est dominée sans conteste par les Russes, qui assènent aux américains humiliation sur humiliation: le lancement du premier satellite (Spoutnik, le 4 octobre 1957), le premier homme à effectuer un vol dans l'espace et en orbite autour de la terre (Youri Gagarine,  le 12 avril 1961), la première sortie extra-véhiculaire dans l'espace (Alexei Leonov, le 18 mars 1965), la première sonde à se poser en douceur sur la Lune (Luna 9,  le 3 février 1966). Malgré ses efforts, la NASA menée par Wernher Von Braun ne parvient qu'à suivre péniblement l'ombre de l'autre génie de astronautique du moment, Sergueï Korolev. Ce dernier, s'il ne peut pas compter sur l'élite des savants Allemands du programme de fusées Nazies V1 et V2 (qui ont rejoint Von Braun) mais seulement d'un contingent de second choix, parvient malgré tout à asseoir sa domination grâce à sa force de caractère, son génie visionnaire, et ses grands talents d'organisateur. 

Kennedy et le pari de déposer le premier homme sur la lune

Au début des années 60,  le camouflet du débarquement avorté de la baie des cochons écorne significativement l'image des états-unis au yeux du monde. Dans le même temps, le lancement du premier homme dans l'espace par les Soviétiques assène un nouveau coup dur au programme spatial américain qui ne bénéfice alors pas des moyens suffisants et du savoir-faire pour renverser la tendance. Cette situation convainc le président John F. Kennedy de la nécessité de disposer d'un programme spatial de grande envergure qui doit lui permettre de récupérer le prestige international perdu.

 Il demande alors à son vice-président Lyndon B. Johnson de lui proposer un objectif ambitieux permettant de reprendre le dessus sur l'Union Soviétique. C'est ainsi que l'objectif d'envoyer une mission habitée sur la Lune avant la fin de la décennie est annoncé devant le congrès des états-unis le 25 mai 1961, puis confirmé lors d'un second discours désormais légendaire le 12 septembre 1962: "We choose to go to the Moon" ... Le soutient politique et civil est total, et la NASA voit rapidement son budget annuel multiplié... par dix !

Le programme Apollo : un défi technologique, organisationnel et financier

Le défi d'aller jusqu'à le lune et d'en revenir vivant est vertigineux. En premier lieu, le délai annoncé par Kennedy parait totalement insurmontable à la plupart des spécialistes. Au delà des moyens financiers colossaux qu'il faut engager, ce nouvel objectif nécessite la mise au point de nouvelles technologies, de savoir-faires et d'infrastructures qui sont pour la plupart totalement inexistants à l'époque. Le choix de la méthode a à peine été étudié jusqu'ici: il faut choisir entre l'envoi direct d'un vaisseau unique et complet sur la Lune (qui nécessite une fusée Nova aux dimensions et puissance titanesque), l'organisation d'un rendez vous orbital autour de la terre pour assembler le dit vaisseau (ce qui limite les risques et les coûts), ou bien le rendez-vous en orbite lunaire (qui nécessite des manœuvres complexes telles que les rendez-vous entre vaisseaux spatiaux). C'est finalement ce dernier scénario qui est retenu car c'est le seul à pouvoir être mis en oeuvre "avant la fin de la décennie".

Bien que ce scénario soit le moins exigent en terme de puissance de propulsion, la fusée qui doit permettre l'envoi des hommes sur la Lune n'existe pas encore. La future fusée Saturn V doit en effet fournir une puissance 100 fois plus importante que la Mercury-Redstone qui a propulé Alan Shepard en vol suborbital en 1961. Accessoirement, les moteurs à hydrogène liquide nécessaires pour soulever un tel monstre n'ont pas encore été mis au point. Il est à noter que la Saturn 5 reste à ce jour, et de très loin, la plus grosse et la plus puissante fusée jamais construite.

Les infrastructures nécessaires au programme sont également toutes à construire de zéro: centres spatiaux, hangars de construction des fusées, routes extra larges...et il faut également inventer de nouvelles combinaisons spatiales, de nouveaux matériaux, et accessoirement l'ordinateur à circuits intégrés avec noyau temps réel...

Malgré ces difficultés technologiques, logistiques et organisationnelles innombrables, les américains finissent par se hisser à la hauteur de l'immense défi, avec un haut niveau de fiabilité technique sur ses lanceurs et capsules, et des équipes au sol et en vol surentraînées, fin prêtes pour le grand bond.

Le retard des américains sur les soviétiques est ainsi totalement comblé à l'aube de la conquête effective de la Lune. S'ils profitent de circonstances favorables avec la mort de Korolev, début 1966, ils tirent surtout les bénéfices  des investissements humains et financiers totalement hors norme engagés dans les programmes Gemini et Apollo. Les soviétiques ne sont plus en position de suivre la cadence, incapables de mobiliser leurs ressources sur un projet unique, et ils ne parviennent pas à mettre au point le système de propulsion nécessaires à un projet lunaire habité. Ainsi, tous les essais de la fusée N-1 (équivalent de la fusée Saturn V mais en plus puissant) réalisés à partir de février 1969 sont un échec, ce qui scelle définitivement le sort des soviétiques dans la course à la Lune malgré l'engagement très avancée dans un programme similaire à celui des américains.

Derniers préparatifs avec Apollo 8, 9, et 10

Tandis quel les soviétiques se sont mis d'eux même hors course pour une mission habitée sur la Lune, faute de disposer d'un lanceur opérationnel, et se rabattent sur des explorations robotisées (qui a terme donneront de bons résultats), les missions Apollo ne se se déroulent pas pour autant sans accroc. En témoigne l'incendie tragique qui entraîne la mort de l'équipage d'Apollo 1 lors d'un essai au sol et en conditions réelles de la nouvelle capsule le 27 janvier 1967; mais les américains rehaussent en un temps record leurs exigences de qualité et de fiabilité et parviennent rapidement à tester leurs vaisseaux en orbite terrestre puis à maîtriser les différents manœuvres nécessaires à la mission, comme les retournements et les rendez-vous.

Suite aux retards pris dans le développement du Module Lunaire, autre épine sérieuse dans le pied pour la NASA, les américains revoient leur planification et la décision est prise de se lancer sans plus attendre au delà de l'obite terrestre. Ainsi, à noël 1968, l'équipage d'Apollo 8 effectue pour la première fois le trajet jusqu'à la lune (un voyage de 3 jours et un peu moins de 400 000 km à parcourir, quand même!) , en fait le tour complet, et prends des images inédites d'un lever de Terre. Une image qui permettra de prendre conscience de l'extraordinaire beauté de notre astre mais aussi de sa fragilité et de l'impératif de le préserver. Le module Lunaire n'est pas encore opérationnel et ne fait donc pas encore partie de l’attelage, mais l'objectif de fouler le sol lunaire avant la fin de la décennie devient clairement réalisable.

Et c'est ainsi que les photos de reconnaissance du sol lunaire prises à partir de cette mission avec une précision inédite, puis les tests du Module Lunaire, enfin prêt, en conditions réelles - d'abord autour de la terre (Apollo 9) puis autour de la Lune (Apollo 10), valident les conditions requises pour le lancement de la dernière étape : alunir et fouler le sol de la Lune. 

Neil Armstrong : le premier homme sur la lune

Et c'est ainsi qu'après ces deux dernières missions de "répétition générale" (procédures de secours incluses, ce qui aura son importance pour Apollo 13), l'équipe d'Apollo 11 décolle du Centre Spatial Kennedy (qui deviendra ensuire Cap Canaveral) le 16 juillet 1969. Il est constituée de  Neil Armstrong,   Edwin « Buzz » Aldrin et Michael Collins.

Neil Armstrong a déjà volé lors de la mission Gemini 8 au cours de laquelle il fit preuve d'un sans-froid remarquable qui sauva probablement l'équipage d'un désastre. Ses qualités vont s'avérer également précieuses pour Apollo 11. Buzz Aldrin pour sa part a piloté Gemini 12 au cours de laquelle trois sorties extra-véhiculaires ont été effectuées; il doit sa présence dans le groupe de la mission "11" au décès tragique de l'équipage d'Apollo 1. Michael Collins a de son côté pris part à Gemini 10, au cours de laquelle furent effectuées un très grand nombre d'expériences scientifiques.

C'est donc un équipe très expérimenté et parfaitement entraînée qui quitte l’orbite terrestre en direction de la Lune, pour trois jours de voyage, qui se déroulent sans encombre. C'est la troisième fois qu'un équipage humain se place en orbite autour de la Lune, et la manœuvre est parfaitement exécutée. Après avoir stabilisé son orbite au cours de treize révolutions, le vaisseau Apollo se scinde en deux : Michael Collins reste seul dans le module de Commande "Columbia" (nom donné en hommage a Christophe Colomb ainsi qu'au roman De la Terre à la Lune de Jules Verne) , et Armstrong et Aldrin s'installent dans le module Lunaire "Eagle"pour l'opération de descente.

Cette manœuvre a déjà été testée un fois (Apollo 10) mais seulement en partie; elle se déroule d'abord comme prévu... jusqu'à l'apparition de deux alarmes successives inconnues des astronautes. Il faut attendre plusieurs minutes et l'excellente mémoire d'un ingénieur du centre de contrôle de la NASA, Steve Bales, pour en trouver l'origine et prendre la décision de poursuivre la mission. Il s'agit en réalité d'une saturation mémoire de l'ordinateur de bord et non pas d'une  panne d'un système vital. Armstrong, préoccupé par cette alarme, oublie une dernière correction de trajectoire et rate malheureusement le site prévu pour l’alunissage ; il décide alors de désactiver le pilote automatique pour prendre les commandes en manuel. Cette phase d'alunissage a été testée des centaines de fois en simulation, au cours desquels l'équipage s'est virtuellement crashé à un très grand nombre de reprises; la réussir cette fois-ci, et pour de vrai, n'est absolument pas garantie. Le paysage lunaire est en effet criblé de cratères de toutes tailles, pas évidents à repérer et à évaluer à l’œil nu, et la réserve de carburant est limitée, ajoutant un facteur de stress aux deux astronautes. 

Et c'est à cet instant critique que les qualités hors norme de Neil Armstrong, pilote d'essai issu de la Navy, et doté d'un sang froid et d'une assurance inébranlables, font toutes la différence. Il survole avec calme, et pendant de très longues secondes, un immense cratère de la mère de tranquillité, pour venir se poser sur son bord, à 20 secondes seulement de la panne sèche de carburant. Du côté de la NASA, tout le monde a retenu son souffle, et les mots des deux aventuriers de l'espace sont un énorme soulagement: « Houston, ici la base de la Tranquillité. L'Aigle a aluni… ».

Le succès de la mission Apollo 11

Aldrin et Armstrong doivent encore effectuer une série de contrôles et préparatifs pour permettre un redécollage en urgence si nécessaire, puis enfiler leurs combinaisons et enfin dépressuriser le LEM. Le programme conconté par le contrôle de la mission prévoit de "marcher sur la lune", bien entendu, mais également de ramener des échantillons de roche, et de déployer une station scientifique. Et c'est ainsi que ce 21 juillet 1969 à 2h56 temps universel, Neil Armstrong déclare devant une caméra dont les images sont retransmises dans le monde entier : « C'est un petit pas pour un homme, mais un bond de géant pour l’humanité ».

Buzz Aldrin le rejoint quelques minutes plus tard, et les deux astronautes procèdent à une sortie extra-véhiculaire d'un total de 2h31.  Ils dévoilent ainsi une plaque commémorative fixée au pied du LEM, précisant les intentions de cette première exploration:  "Ici des hommes de la planète Terre ont pris pied pour la première fois sur la Lune, juillet 1969 après J.-C. Nous sommes venus dans un esprit pacifique au nom de toute l'humanité."

Ils collectent ensuite des échantillons de  régolithe (la roche lunaire) et de poussière lunaire, déposent le drapeau américain (qui ne résistera pas au décollage de l'étage supérieur du LEM, car planté trop près) et installent des instruments, dont un réflecteur laser qui permettra de mesurer avec précision la distance terre-lune. Armstrong aurait également profité de l'occasion pour déposer au fond d'un petit cratère un bracelet en mémoire de sa fille Karen, disparue à seulement deux ans et demi à la suite d'une tumeur au cerveau, mais il ne l'a jamais confirmé.

Quelques heures après être revenus dans le module lunaire, et après un temps de repos, les deux astronautes redécollent avec succès et rejoignent Michael Collins, resté en orbite, qui de son côté a pu mener de nombreuses observations qui serviront pour identifier les sites d'alunissage des missions Apollo suivantes.  Le retour sur terre se déroule sans encombre, et après 21 jours de quarantaine, les trois astronautes sont célébrés en héros aux états-unis puis dans 23 pays au cours d'une tournée mondiale inédite.

L'exploration de la surface de la lune se poursuivra encore pendant 5 missions (Apollo 13 tournant court), au cours desquelles les américains ne cesseront de perfectionner leurs procédures, équipements et capacité d'exploration grâce en particulier au rover lunaire. Les trois dernières missions du programme initial ("18", "19" et "20") seront par contre annulées pour des raisons budgétaires; après avoir étudié de nombreux prolongements à l'aventure Apollo, comme l'établissement d'une base permanente sur la lune, ou le voyage habité vers Mars, c'est finalement le projet de Navette Spatiale réutilisable qui sera retenu.

50 après, Neil Armstrong demeure le symbole d'un des plus grands exploits de l'histoire et restera à jamais comme le premier homme à avoir marché sur la lune. Il s'est éteint le 25 aoüt 2012...

Bibliographie et liens utiles

 

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