Marie Poisson, femme de chambre des Dauphines

Histoire de France | D'Henri IV au Grand Siècle

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Appelée à la rescousse afin de prendre le contrôle de la garde robe de la dauphine Marie Adélaïde de Savoie, une femme de chambre fit son ascension à la Cour jusqu'à réaliser des alliances avec les milieux financier et aristocrate, dont les descendants s'illustrèrent jusqu'à la Restauration. Tel fut le parcours sans fautes de Marie Angélique Poisson, épouse Quentin.

 

Le couple Quentin-Poisson

Marie Angélique est née à Paris en 1657, fille d'un apothicaire du corps du roi et mariée à Jean Quentin, fils Binet en 1676, qui était déjà écuyer et portemanteau du roi. En outre, on connait la famille Binet qui est à l'origine des perruques, le beau frère était premier barbier du roi. Le contrat de mariage fut signé par le roi, la reine, le dauphin, ainsi que le frère du roi et son épouse, prouvant l'importance de la famille Quentin. Le couple mit au monde quinze enfants, dont huit allaient survivre.

Jean Quentin confectionnait des perruques pour le roi et inventa en 1673 « les perruques au métier », nouveau procédé où les cheveux étaient tressés, cousus et préparés afin d'obtenir une perruque souple et légère. Il obtint en 1675 le privilège et le monopole de la confection des perruques royales.

L'ascension du couple

En 1679, Jean Quentin reçut les quatre charges de barbier-valet de chambre du roi et Marie Angélique devint femme de chambre de la dauphine, Marie Anne Christine Victoire de Bavière, première belle fille de Louis XIV. Cette charge devint très importante lorsque la reine disparut en 1683, la dauphine étant alors la première dame de la cour. La femme de chambre correspondant aux valets de chambre du roi, elle aidait à l'habillement et le déshabillement, au coiffage, au service à table. Marie Angélique assura son travail jusqu'à la mort de la dauphine en 1690 et perdit de fait sa charge à cette date. Son mari subvenait à ses besoins, ayant récupéré la charge de premier barbier du roi, supervisant la toilette royale. Cela lui permit d'acheter des terres et le couple devint seigneurs de Villiers sur Orge. Il réussit aussi à acheter une charge de premier valet de garde robe du roi et une autre semblable cinq ans plus tard, pour les fils.

Marie Angélique revint à la cour auprès de Marie Adélaïde de Savoie en 1697 et fut confortée dans sa charge de première femme de chambre, en même temps que l'une de ses filles entrant au service de la nouvelle princesse, comme seconde femme de chambre.

Le contrôle de la garde-robe

La duchesse de Bourgogne Marie Adélaïde de Savoie, bien que princesse, n'avait pas un service irréprochable. D'après certains mémoires, « il lui manquait des petites choses dont elle avait besoin », à tel point que l'on parlait de la princesse aux pieds nus ! A son service, la comtesse de Mailly dame d'atour, devait s'occuper de la garde robe, mais portant peu d'intérêt à son travail, les domestiques devaient souvent prêter certains objets de parure à la duchesse. On appela donc Marie Angélique comme contrôleuse de la garde robe de la princesse. Elle s'en acquitta à merveille, mais fut évincée dix jours plus tard, suite aux hauts cris poussés par la comtesse de Mailly, qui était de grande naissance et qui pensait que cela faisait tort à sa charge.

Mais personne n'allait oublier Marie Angélique, elle avait sa place à la Cour. Grâce à elle, un chapelain fut introduit auprès de la princesse ainsi que trois autres de ses filles qui firent de belles alliances avec un maître d'hôtel de la duchesse, un conseiller du roi et trésorier des gardes du corps qui par ailleurs était gendre de Jules Hardouin-Mansart et un colonel de l'infanterie. Elle réussit également à faire entrer son frère comme chef apothicaire auprès du roi et un peu plus tard nommé premier médecin du duc de Bourgogne.

Première femme de chambre et bien plus

Marie Angélique devint plus que femme de chambre. Elle servit d'intermédiaire dans les amours de la duchesse de Bourgogne en faisant passer les petits billets entre les amoureux.... Presque confidente, elle fut régulièrement invitée à Marly !

Elle assura sa charge jusqu'à la mort de la duchesse en 1712. Dans ses prérogatives, elle s'occupa du deuil, puis on lui confia la garde des affaires personnelles tels les livres, les bijoux et les effets jusqu'à ce que l'inventaire fut dressé. N'ayant plus de travail, le roi lui accorda une compensation pour perte de salaire.

Le couple n'avait pas de soucis à se faire pour sa descendance en raison des alliances lucratives dans le monde des financiers. Vu la place privilégiée de Marie Angélique, les fiançailles des filles eurent lieu dans la chambre du lit de la princesse. Discrète et influente, Saint Simon fit appel à elle pour obtenir une audience et un poste de dame d'honneur de la duchesse de Berry pour la duchesse de Saint Simon, « accordée à peine demandée ».

Habile pour les affaires de sa famille

Le couple résidait toujours au château en raison de la charge du mari comme l'un des premiers valets de garde robe du roi qu'il conserva jusqu'à ce que la cour quitte Versailles en 1715. Revenu au Louvre, son mari y meurt en 1717. Le roi permit à Marie Angélique de conserver sa pension et son appartement qui donnait sur la Seine. Avec ses revenus et ses rentes (une partie des terres de la seigneurie de la Gandinière), elle y vécu dignement jusqu'à sa mort en 1731.

Elle laissa une descendance qui s'illustrera jusqu'à la fin de l'Ancien régime et sous la Restauration, dans beaucoup de maisons royales, dont les terres s'appelaient Champlost, Richebourg, Champcenetz, Villiers....

Sources

- Au service du roi : Dans les coulisses de Versailles,  de Mathieu da Vinha. Tallandier, 2015.

 

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