6 février 1934 : la IIIe République vacille

Histoire Universelle | Le XXe siècle

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Le 6 février 1934 est resté célèbre dans l'histoire de la IIIème République, car il constitue une des manifestation les plus évidentes de la montée en puissance de l'extrème droite d'alors. Cette manifestation anti-parlementaire à l'initiative de diverses ligues (dont au premier plan l'Action Française) est dirigée à l'encontre de Daladier qui doit être investi Président du Conseil le jour même. Environ 30 000 personnes participent à cette manifestation, dont de trés nombreux anciens combattants. A l'arrivée des cortèges sur la place de la Concorde, le défilé dégènére en émeute, lorsque certains manifestants tentent de marcher en armes sur le Palais Bourbon.
 

Le contexte de la journée du 6 février 1934

L’année 1934 débute en France dans un climat d’antiparlementarisme latent et de crise économique persistante. Dans ce contexte, le scandale de « l’affaire Stavisky » entraîne la chute du gouvernement de Camille Chautemps et son remplacement par celui du radical Édouard Daladier (30 janvier), et apparaît comme la cause immédiate de la journée du 6 février. L’exaspération d’une partie de l’opinion, notamment des anciens combattants, est exploitée par des ligues d’extrême droite puissantes, qui s’appuient sur une presse virulente, notamment l’Action française de Charles Maurras. D’obédience nationaliste et anticommuniste, elles réclament l’instauration d’un pouvoir fort pour restaurer l’État.
 
Le remplacement du préfet de police Jean Chiappe (3 février), suspecté d’être proche des ligues, provoque l’explosion. Le 6 février, celles-ci appellent, « contre les voleurs, contre le régime abject », à un rassemblement massif devant l’Assemblée nationale où Daladier doit faire sa déclaration ministérielle. De nombreux renforts de police stationnent aux abords du Palais-Bourbon.

La IIIe République vacille

La confusion règne place de la Concorde. Les gardes mobiles, débordés, ouvrent le feu sur la foule faisant une vingtaine de morts et de nombreux blessés. Cependant les Croix-de-Feu du colonel de La Rocque, de loin les plus nombreux, et beaucoup d’anciens combattants, ne prennent pas part aux affrontements, entraînant l’échec des ligues les plus déterminées, comme les Camelots du Roi. Daladier est contraint de démissionner le 7, attaqué tant par l’Humanité que par la presse conservatrice, et Gaston Doumergue constitue un gouvernement de « concertation nationale ». Les affrontements causeront la mort de 16 personnes et feront plus d'un millier de blessés. Pour certains on est passé à deux doigts du coup d'état...

Ces émeutes soulignent la faiblesse du système politique face à des tentatives de déstabilisation et le danger que représentent les ligues pour la démocratie. Pour la première fois sous la IIIe République, un gouvernement a en effet démissionné sous la pression de la rue. La gauche française de son côté s’affirme garante de la légalité. La grève générale qu’elle déclenche à Paris et en province le 12 février, et la manifestation du même jour, où socialistes et communistes se retrouvent sur le cours de Vincennes, ainsi que ses meetings pour contrer la menace fasciste constituent les prémices du Front populaire. Les ligues seront dissoutes en juin 1936.

Bibliographie

Le 6 février 1934, de Serge Berstein. Gallimard, 1975.

La République en feu - 6 fevrier 1934, de Pierre Pélissier. Perrin, 2000. 

 

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