De la déportation au génocide
En 1915, l’Empire Ottoman d’alors est dirigé par le mouvement jeune turc (CUP), à la fois modernisateur et ultra-nationaliste. Les chefs de ce mouvement (et notamment Talaat Pacha) qui ont engagé le pays dans la guerre aux côtés de l’Allemagne, sont particulièrement inquiets de l’influence de l’ennemi russe au sein des populations chrétiennes d’Anatolie, au premier rang desquels les Arméniens. Les Jeunes Turcs convaincus de la nécessité d’assurer l’homogénéité ethnique de l’Anatolie, prennent prétexte des sentiments pro-Russes au sein de la communauté arménienne pour procéder à sa destruction. Dés février 1915 un plan de déportation des Arméniens d’Anatolie est conçu afin de couvrir les massacres envisagés.
En deux ans entre 600 000 et 1 millions d’Arméniens périront, ce qui pour aura pour conséquence de bouleverser le rapport de force ethnique en Anatolie orientale. Les massacres condamnés dés 1915 par les puissances de l’Entente sont restés depuis un sujet de controverse particulièrement brulant.
La question de la reconnaissance du génocide arménien
Enjeu des relations turco-arméniennes, la reconnaissance du génocide par Ankara continue d’agiter les cercles gouvernementaux tout autant qu’universitaires. L’expression de génocide est apparue d’abord pour caractériser le massacre perpétré par les Ottomans contre les Arméniens, mais, en l’occurrence, le crime de génocide n’a, à ce jour, toujours pas été établi internationalement en raison de difficultés juridiques et politiques.
Le gouvernement turc refuse ainsi de reconnaître qu’il s’agissait d’une action concertée et préméditée. Cependant le Parlement européen (en 1987), puis le Parlement français (en 2001) ont estimé que ce massacre devait être qualifié de génocide. En 2019, la Chambre des Représentants du Congrès Américain a aussi reconnu le génocide arménien.
Pour aller plus loin
- Comprendre le génocide des arméniens - 1915 à nos jours, de Hamit Bozarslan et Vincent Duclert. Texto, 2016.
- Un acte honteux: Le génocide arménien et la question de la responsabilité turque, de Taner Akçam et Odile Demange. Folio Histoire, 2012.