Un hôtel particulier prédestiné à la finance
Le baron Thoinard de Vougy, fermier général, c'est-à-dire récolteur des impôts sous Louis XV, fait construire en 1730 un superbe hôtel particulier, décoré de dorures et de peintures, au 9 rue Coq-Héron. Son gendre devient premier président de la cour des comptes et entre 1786 et 1798, et l’hôtel est habité par le directeur des contributions indirectes.
Comme la Révolution n’est pas loin, le public ayant d’autres soucis, cette compagnie est dissoute en 1793, mais elle peut être considérée comme l’ancêtre de la Caisse d’Epargne.
Sous le Directoire et l’Empire, les frères Enfantin installent une banque dans cet hôtel particulier.
La création de la caisse d'épargne de Paris
Les fondateurs de la Caisse d'épargne de Paris demandèrent à l'État de garantir et de diffuser cette forme d'épargne réservée à la fraction la moins favorisée de la population. Les dépôts sur livret furent alors placés en rentes sur l'État, présentant peu de risques et offrant une bonne rémunération.
Cet établissement est d’abord privé, constitué en une société anonyme, dont les fondateurs sont des banquiers comme par exemple Laffitte gouverneur de la Banque de France, des administrateurs de la Compagnie royale d’assurances maritimes » ou encore le baron de Staël, petit fils de Necker.
En juillet de la même année, Louis XVIII autorise l’existence de la « société anonyme formée à Paris sous le nom de Caisse d’Epargne et de prévoyance », mais le succès escompté tarde à venir !
L'institutionnalisation des caisses d'épargne
En 1835, l’Etat intervient et assure la garantie des dépôts au Trésor Royal, verse un intérêt fixe, puis confie la gestion à la Caisse des Dépôts et déclare les caisses d’épargne « établissement privés d’utilité publique ». Une loi de 1835 conféra aux caisses d'épargne un statut d'utilité publique. En 1881, l'administration des Postes fut autorisée à fonder la Caisse nationale d'épargne, domiciliée dans chaque bureau de poste. Depuis lors, les caisses d'épargne drainent l'épargne, qu'elles réinjectent dans l'économie locale. Avec ces transformations, la confiance des épargnants revient et augmente. A tel point que 12 ans plus tard, la France compte tout de même 364 Caisses d’Epargne sur le territoire.
En juillet 1895, les Caisses d’Epargne doivent se soumettre à la loi indiquant que le principe de l’emploi des fonds est celui des fonds de l’Etat. Par ailleurs, elles doivent constituer un fond de réserve spécial et supplémentaire, appelé « fortune personnelle » en plus de la réserve obligatoire recevant l’excédent des revenus pour couvrir les moins-values. Cette « fortune personnelle » est constituée de dons, de subventions et du solde entre les intérêts perçus et les montants reversés aux déposants. Cette réserve supplémentaire va servir à financer le logement social, des bains-douches, des œuvres de solidarité nationale, d’hygiène sociale, d’assistance ou de bienfaisance.
Les Caisses d’Epargne participent aussi à la vie des collectivités et organismes publics en leur octroyant des prêts. On peut donc affirmer que cette épargne a joué un grand rôle dans le financement de l’économie nationale.
Après guerre, presque tous les foyers détiennent un livret … mais cette institution faillit ne plus voir le jour, car elle fut autorisée comme les banques, à participer à des activités spéculatives...
Pour aller plus loin
- Livret de Caisse d'épargne (1818-2008), de Séverine de Coninck. Economica, 2012.
- La caisse d'epargne: Solution à la question sociale.. CIPP, 2015.