Les origines du Cadre Noir de Saumur
Sous la Renaissance, le raffinement des cours princières italiennes est à son apogée. Les fêtes, la danse, mais aussi l'usage du cheval pour la parade, et non plus seulement pour la chasse et la guerre, s'étendent dans les cours européennes. A partir des maîtres italiens, les écuyers français enseignent de nouvelles techniques pour monter à cheval et introduisent les ballets de chevaux à côté des danses et de la musique. Versailles, les Tuileries et Saint-Germain deviennent alors de prestigieuses écoles d'équitation servant à leur tour de modèles pour toutes les cours d'Europe.
Lorsque François Robichon de la Guérinière, un écuyer qui enseigne au manège des Tuileries, publie en 1731 son Ecole de cavalerie, l'ouvrage devient un classique du genre.
L'Ecole de Saumur
Liée à l'histoire des monarques et des cours, à la fois prestige et privilège presque exclusif de la noblesse, la haute équitation subit par la suite les effets des conspirations et des guerres de l'Empire. Au lendemain des guerres napoléoniennes, la cavalerie est décimée. Un manège d'académie est créé à Saumur en 1814 à côté du manège militaire, et Charles X confirme en 1825 l'organisation de l'École royale de cavalerie de Saumur. C'est en 1828 qu'a lieu le premier carrousel du Cadre Noir (nom qui ne deviendra officiel qu'en 1986).
De noir vêtus
L'impulsion donnée par le général l'Hotte, écuyer en chef de1864 à 1870, se révèle décisive pour le prestige de l'institution où sont pratiqués le travail de «basse école» - qui exerce le cheval dans ses allures naturelles pour l'amener au plus haut degré de régularité - et celui de « haute école » - qui permet de maîtriser le rassembler et l'impulsion et de donner aux allures une forme stylisée. Les écuyers doivent maîtriser les «sauts d'école» et les «airs relevés». Parmi ceux-ci, la courbette (le cheval se dresse vers le ciel avec ses antérieurs déployés), la croupade ; (ruade étendant complètement les membres postérieurs) et la cabriole (combinaison prèsque simultanée d'une courbette et d'une croupade).
Du militaire au civil
Le gouvernement ne peut se résoudre à faire disparaître ce qui est devenu au fil du temps un véritable patrimoine vivant pour la France. En 1972, l'École d'équitation de Saumur, regroupant civils et militaires et dépendant du ministère de la Jeunesse et des Sports, est créée par décret. Le Cadre Noir passe ainsi du statut militaire au statut civil.
L'art équestre
En 2011, l'Unesco inscrit l'équitation de tradition française et le Cadre Noir de Saumur au patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Une reconnaissance qui honore un art équestre fait de discrétion, de recherche et de complicité entre le cavalier et le cheval avec un souci particulier de l'élégance ; un art de monter établi sur une relation harmonieuse de l'homme et du cheval qui exclut l'emploi d'effet de force physique ou de contrainte psychologique dans son éducation comme dans sa conduite. La transmission des sauts d'école, qui à l'origine servaient à obtenir du cheval de guerre une soumission parfaite et une très grande maniabilité, permet de prouver la valeur et la solidité du cheval, mais aussi l'excellence du cavalier. L'accord parfait.
Bibliographie
- Une histoire des écuyers du Cadre Noir de Saumur, des origines au XXIe siècle, de Jean-Pierre Tuloup. Editions Grandvaux, 2000.
- Le Cadre Noir de Saumur, de Alain Laurioux et Guillaume Henry. Belin, 2012.
- Une histoire de l'équitation française, de Guillaume Henry. Belin, 2014.