Premiers engagements politiques d'Abraham Lincoln
Abraham Lincoln est né le 12 février 1809 dans le Kentucky. Il est issu d’une famille modeste de cultivateurs, très religieux, qui émigre en 1816 dans l’Indiana, notamment pour se soustraire à la concurrence que représentent les exploitations agricoles utilisant des esclaves (le Kentucky autorise l’esclavage, alors que l’Indiana l’interdit). Les Lincoln déménageront à nouveau en 1830, cette fois pour s’installer plus à l’ouest, dans l’Illinois.
Lecteur avide et largement autodidacte, Il devient avocat puis se lance très tôt en politique, se présentant aux élections de 1832 pour entrer au sein de l’assemblée d’État de l’Illinois. Il n’y parvient pas, mais ses talents d'orateur s’y affirment déjà. La même année, il sert dans la milice lors de la guerre livrée au chef indien Black Hawk, mais n’aura pas l’occasion de participer directement aux combats.
C’est encore en autodidacte qu’il deviendra avocat en 1837, se construisant en quelques années la réputation d’être l’un des meilleurs de son État. Il attire suffisamment l’attention sur lui pour démarrer une carrière politique à l’échelle nationale : en 1846, il est élu à la Chambre des représentants. Son mandat de deux ans ne sera toutefois pas reconduit, essentiellement à cause de son opposition à la guerre contre le Mexique (1846-48).
Lincoln et la lutte contre l'esclavage
À l’issue de son mandat de représentant, Abraham Lincoln se voit offrir le poste de gouverneur de l’Oregon, qu’il préfère décliner pour se consacrer à son cabinet d’avocat. Il revient en politique en 1854, après le vote de la loi Kansas-Nebraska. Considérée par beaucoup comme une concession inacceptable à l’institution de l’esclavage, cette loi déclenchera la création du parti républicain, que Lincoln rejoindra l’année suivante.
C’est lors de l’élection sénatoriale de 1858 qu’il s’affirmera comme l’un de ses principaux leaders. Durant la campagne, il affronte le démocrate Stephen Douglas, l’auteur de la loi Kansas-Nebraska et chantre de la doctrine de « souveraineté populaire », principe voulant que les habitants d’un futur État de l’Union choisissent eux-mêmes s’ils accepteront ou non l’esclavage sur leur sol. Lincoln, pour sa part, développera une rhétorique modérée mais ferme, axée sur l’arrêt de l’extension de l’esclavage plutôt que sur son abolition pure et simple.
Durant la campagne, il répète avec son éloquence habituelle qu’il n’a nulle intention d’abolir l’esclavage durant son mandat, mais seulement d’en interdire l’extension. Il emporte ainsi l’adhésion des électeurs nordistes, d’autant plus facilement que face à lui, les démocrates sont divisés. C’est ainsi qu’il est élu président des Etats-Unis, le 6 novembre 1860.
Mais les plus virulents partisans de l’esclavage interprètent son élection comme le signe de l'émancipation des esclaves à venir. Ils parviennent à rallier autour d’eux l’opinion publique des États du Sud, et la poussent vers ce qu’ils estiment la seule solution permettant à l’esclavage de se maintenir, la sécession. La Caroline du Sud est le premier État à se séparer de l’Union, le 20 décembre 1860.
Comme Lincoln l’avait prophétisé dans un célèbre discours de 1858, la nation est à présent divisée. Quatre mois de tractations politiques resteront sans effet, et l'entrée de Lincoln à la maison blanche, le 4 mars 1861, n’y changera rien. Les Etats du Sud se groupèrent pour former leur propre nation, les États Confédérés d’Amérique, et entreprirent d’affirmer leur souveraineté sur leur territoire.
La crise autour du fort Sumter, installation de Caroline du Sud occupée par des soldats nordistes, allait faire plonger le pays dans la guerre civile après le bombardement du fort par les Sudistes (12 avril 1861).
Un président dans la tourmente de la guerre de Sécession
La présidence Lincoln dut alors se résigner à diriger l’effort de guerre nordiste pour rétablir l’intégrité de l’Union. La corruption et les défaites militaires rendirent les premiers mois difficiles, mais l’Union acquit un avantage stratégique en s’assurant le contrôle des « États-frontière » entre le Nord et le Sud, et le président sut peu à peu s’entourer d’administrateurs efficaces et zélés.
Cette victoire défensive des armées de l’Union, remportée sur le sol nordiste, fut un jalon politique décisif pour Abraham Lincoln. Elle lui permit de montrer à ses concitoyens que le Nord, loin d’être l’agresseur dans ce conflit, devait au contraire se défendre vigoureusement pour éviter de se voir imposer l’esclavage, et qu’il était de son devoir de détruire cette institution.
Les abolitionnistes demandaient depuis longtemps à Lincoln d'affranchir tous les esclaves et l'opinion publique semblait soutenir cette idée. Néanmoins, Lincoln agit lentement et avec beaucoup de précautions. Le 13 mars 1862, le gouvernement fédéral interdit à tous les officiers de l'armée de l'Union de renvoyer les esclaves fugitifs, ce qui rendit, de fait, caduques les lois sur les esclaves fugitifs.
Le 10 avril, à l'initiative de Lincoln, le Congrès déclara que le gouvernement fédéral indemniserait tous les propriétaires d'esclaves qui affranchiraient de leur plein gré leurs esclaves. Tous les esclaves du District de Columbia furent libérés de cette manière, dès le 16 avril 1862. Le 19 juin de cette même année, le Congrès promulgua une mesure qui interdisait l'esclavage sur le territoire des États-Unis.
À partir de 1863, la mobilisation industrielle et humaine du Nord commença à lui donner l’avantage sur le champ de bataille. Les succès militaires, toutefois, n’empêchèrent pas la lassitude de s’installer dans le Nord, face à l’ampleur des sacrifices à consentir. En plus de la conduite de la guerre, Lincoln dut disputer la campagne présidentielle de 1864.
Face à lui, George McClellan promettait la paix à ses concitoyens, quitte à négocier avec les Confédérés. Le président pressa donc ses généraux de sortir de l’enlisement et d’obtenir des victoires décisives, ce qu’ils firent non sans mal, et au prix de beaucoup de vies humaines.
L'assassinat d'Abraham Lincoln
Finalement réélu le 8 novembre 1864, Lincoln n’avait plus qu’à mener à son terme une guerre qui touchait de toute manière à sa fin, tant les armées sudistes étaient parvenues à bout de leurs forces. De fait, Richmond, la capitale confédérée, fut prise le 3 avril 1865. L’heure serait bientôt à la reconstruction… Mais Abraham Lincoln, sauveur des états-unis, ne put qu’entrevoir la victoire finale, laissant son œuvre inachevée. Il fut mortellement blessé d’une balle dans la tête dans sa loge du théâtre Ford, le 14 avril 1865, par John Wilkes Booth, acteur et sympathisant sudiste. Le président des États Unis s'éteint le lendemain matin, 15 avril 1865.
Bibliographie
- Abraham Lincoln : biographie, de Liliane Kerjan. Folio biographies, 2016.
- Abraham Lincoln : L'homme qui sauva les Etats-Unis, de Bernard Vincent, L'Archipel, 2009.
- Abraham Lincoln, à l'origine de la guerre de Sécession: Un combat contre l’esclavage, de Mélanie Mettra. 50Minutes, 2014.