La vie de Giotto di Bondone
Giotto naît probablement en 1267, à Vespignano ou Romignano, en Toscane. Il est issu d’une famille paysanne, mais nous ne savons que peu de choses de sa jeunesse. La légende - telle que la rapporte Giorgio Vasari dans ses Vite - veut que le peintre toscan Cimabue ait rencontré Giotto alors que le jeune garçon, tout en gardant son troupeau, « dessinait une brebis d’après nature sur une pierre plate et polie, à l’aide d’une pierre légèrement pointue, sans autre maître que la nature ». Bien qu’aucun document ne l’atteste, il est fort probable que le jeune Giotto accompagne Cimabue qui, sans doute devenu son maître vers 1280, l’amène sur le chantier de la basilique San Francesco d’Assise où il est chargé de réaliser plusieurs cycles de fresques.
Au début du XIVe siècle, il est à Padoue où il travaille sur la chapelle des Scrovegni (de 1304 à 1312), et sa réputation est déjà grande ; il est demandé à Milan (où il travaille pour les Visconti), à Rimini ou encore Naples (à la cour de Robert d’Anjou). Giotto est alors artiste de cour, il dirige les équipes de peinture des palais ; en outre, il reçoit nombre de privilèges qui lui permettent de fonder son propre atelier, où il forme des apprentis, parmi lesquels Taddeo Gaddi.
Après son séjour à Naples, Giotto revient une dernière fois à Florence pour y diriger des travaux d’architecture, notamment la construction du campanile de Santa Maria del Fiore. Commencée en 1334, la construction du célèbre campanile est interrompue trois ans plus tard par la mort de l’artiste qui n’a pu édifier que le soubassement du bâtiment. L’édifice est finalement terminé par les architectes Andrea Pisano et Francesco Talenti. Giotto est honoré par Florence le 12 avril 1334, il reçoit le titre de maître d’œuvre de la cathédrale de la ville. Il est mort en 1337, et est enterré avec faste dans la cathédrale où il a travaillé, preuve de son impact sur les arts et les princes de son vivant.
L'œuvre et le style de Giotto
L’œuvre de Giotto est une rupture avec l’influence byzantine des peintres de Sienne comme Cimabue, dont on dit qu’il aurait initié le jeune Giotto, alors pâtre, aux arts. Giotto se distingue par un naturalisme figuratif qui révolutionne la peinture de son temps, en donnant à cet art des principes narratifs clairs et lisibles, sans équivalents avant lui. On remarque aussi son utilisation de la perspective qui donne à ses œuvres une profondeur spatiale très réaliste.
Se détournant de l’influence byzantine, le peintre explore une nouvelle manière de représenter l’espace et introduit dans ses œuvres un sens du réel, du vivant, tout à fait inédit. Doté d’un solide talent narratif, il met en scène l’action dans un cadre soigneusement construit, s’aidant notamment de l’usage de structures architecturales. Ainsi son art impressionne par le sentiment d’harmonie et d’équilibre qui s’en dégage mais aussi par la puissance évocatrice qui l’habite.
Il nous reste cependant peu d’œuvres de Giotto de cette époque, sa réputation étant faite par ses disciples et successeurs, à Florence et Rimini, puis au XVIe siècle avec Vasari. Nous pouvons tout de même admirer ses fresques peintes à Florence, Padoue et Assise, celles de Milan et Naples ayant disparues.
Giotto est un artiste qui permet à la fois de constater le renouveau de la peinture dans cette Pré-Renaissance, et les rapports entre l’artiste et le mécène, prince ou ecclésiastique.
Bibliographie
- Giotto, de Marcelin Pleynet. Hazan, 2013.
- Giotto et le souci du réel: Les premiers pas de la Renaissance italienne. 50Minutes, 2014.
- Giotto et les humanistes, de Michael Baxandall. Points Histoire, 2016.