Premières armes de Turenne
Né à Sedan en 1611 d'Henri Ier de La Tour d’Auvergne, duc de Bouillon et d’Élisabeth de Nassau, d’origine hollandaise, Henri de Turenne est élevé sous l’influence de la religion réformée de sa mère. Il les fait ses première armes dès sa quinzième année sous la conduite de ses oncles Maurice et Henri de Nassau, deux princes d’Orange qui animent la rébellion hollandaise contre l’Espagne.
C’est en 1630 que Louis XIII l’appelle à son service. L’ingérence de la France de Richelieu dans la Guerre de Trente Ans va rapidement lui permettre de se distinguer dans les pays rhénans sous le commandement du cardinal de La Valette. Nommé Maréchal de camp en 1635, il est blessé devant Saverne et contribue en 1638 à la victoire de Brisach, remportée par Bernard de Saxe-Weimar sur les Impériaux. En 1640, on le retrouve en Piémont ou il s’empare de Turin et de Moncalvo.
Entre fronde et loyauté à la monarchie
Lorsque éclate la Fronde, Turenne se montre d’abord hésitant quant à la conduite à tenir à l’endroit de la Cour. Son frère Bouillon parvient à le dresser contre Mazarin, mais ses troupes, débauchées par le cardinal, ne le suivent pas. Il doit se retirer précipitamment en Hollande en mars 1649. Revenu à Paris après la paix de Rueil qui l’amnistie nommément, il soutient la querelle des princes en apprenant leur arrestation. Condé libéré, il le suit à Stenay où il est bientôt rejoint par Madame de Longueville, qui lui fait tourner la tête. L’influence de cette frondeuse le conduit à traiter avec les Espagnols et les Impériaux. Mais les armées royales lui infligent une défaite sévère à Rethel, le 15 décembre 1650.
A l’issue de ce revers son choix est fait. Le pardon du roi obtenu, son épée défendra désormais la monarchie. En 1652, il redresse la situation gravement compromise des troupes royales grâce à une série de succès. En mars, il sauve le roi à Jargeau, puis ayant défait les frondeurs à Etampes, il ramène le roi à Paris.
Nommé gouverneur du Limousin et ministre d’État, Turenne met le Grand Condé -passé aux service des espagnols- en échec en Picardie et remporte la célèbre bataille des Dunes (juin 1658) qui contraint Dunkerque à la reddition et permet la conquête d’une partie de la Flandre, contribuant à la conclusion de la paix formalisée par le traité des Pyrénées.
Turenne : un remarquable stratège promu maréchal
Ces actions d’éclat sont récompensées en 1660 par l’octroi du titre exceptionnel de « maréchal général des camps et armées du roi ». Il réorganise les armées et prépare la guerre de Dévolution (1667-1668) au cours de laquelle il s’empare personnellement de Charleroi et de Tournai. La guerre de Hollande qui suit met son talent à rude épreuve. Défait par les impériaux de Montecucculi en 1673, il prend sa revanche l’année suivante à Sinzheim dans le Palatinat, dont il ordonne le funeste et peu glorieux sac.
Pour sa fin de règne, Louis XIV n’aura guère plus que l’excellent Claude de Villars et le génial Vauban pour conduire ses armées à la victoire. Ses successeurs Louis XV et louis XVI ne seront guère mieux lotis, hormis quelques étrangers comme Maurice de Saxe, et il faudra attendre la Révolution et l’Empire pour que la France dispose à nouveau de chefs militaires de la trempe de Turenne.
Bibliographie
- Turenne, biographie de Jean Bérenger. Fayard, 1987.
- Les guerres de Louis XIV, de John A. LYNN. Tempus, 2014.