Chute de Constantinople (29 mai 1453)

Histoire Universelle | Moyen Age

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La chute de Constantinople en 1453 est souvent citée comme la fin du Moyen Âge. Le 29 mai signe la fin de l’Empire romain d’Orient, avec la prise de Constantinople, sa capitale, sous les coups des Turcs ottomans. L'Empire byzantin, déclinant depuis le XIIIe siècle, et harcelé par l'Empire ottoman, était réduit à un petit territoire autour de la ville fondée par Constantin en mai 330, au moment où le sultan Mehmet II entame son siège. La ville est prise sept semaines plus tard et devient la capitale des ottomans, la basilique Saint Sophie devenant une mosquée. Les européens devront alors se lancer à la conquète des océans pour trouver de nouvelles routes vers l'Orient.

L'expansion des Ottomans

Commençons par présenter les vainqueurs : les ottomans (on les appelle aussi les Osmanli) font partie des Turcomans qui se sont installés en Anatolie en profitant de l’affaiblissement seldjûkide. C’est à partir de 1302, près des côtes de la mer Egée, que naît la principauté d’Osman, coincée entre Byzantins et Mongols. Après Héraclée, les Ottomans prennent pied du « côté européen » de la mer Egée, en particulier avec la prise de Gallipoli en 1354 ; ils commencent alors à s’étendre dans les Balkans, coupant Constantinople de l’Occident. S’enchainent les conquêtes avec les victoires de Maritza (1371) et de Kosovo (1389) face aux chrétiens serbes et bosniaques ; puis c’est au tour de Sofia et de Nish de tomber…

Ces victoires en Europe continentale permettent aux sultans ottomans d’asseoir leur domination sur les autres groupes turcs d’Anatolie, jusqu’à Ankara et Antalya. Une croisade hongroise menée par le roi Sigismond est défaite en 1393 à Nicopolis, mais la dynastie ottomane est en revanche au bord de la disparition face à la menace Tamerlan au début du XVè siècle : le sultan Bâyezid est emprisonné et meurt en captivité.

Néanmoins, le sultan Mehmet Ier parvient à surmonter divisions internes et menaces extérieures, une fois encore en s’appuyant sur des succès dans les Balkans : l’avancée recommence, y compris en Anatolie, sous Mûrad II (1421-1441). Et en Europe, seuls les Albanais parviennent à résister…Dès son arrivée au pouvoir Mehmet II fait alors de Constantinople sa cible privilégiée.

Constantinople et l'Empire romain d’Orient en 1453

On le sait, l'empire byzantin a pris un coup terrible lors de la croisade de 1204 et, malgré la reconquête de Constantinople en 1261, le lustre d’antan est bien terminé. Les Byzantins doivent subir les assauts turcs mais aussi les menaces des Républiques italiennes rivales, sans parler de querelles internes au XIVè siècle, alors que l’Occident se désintéresse de plus en plus de son cas. Les Paléologues tentent des alliances avec les Mongols, passent des accords avec Gênes, mais l’affaiblissement de l’Empire continue, la ville elle-même est plusieurs fois encerclée dès la fin du XIVè. Seule l’attaque de Tamerlan contre les Ottomans en 1402 donne  un peu de répit aux Byzantins.

A cela s’ajoute un affaiblissement de l’autorité impériale et une récession économique et démographique. La situation est telle que l’empereur propose à l’Occident, en échange de son aide, une Union des deux Eglises, la fin du schisme en quelque sorte ! Mais c’est aussi un échec…Pour les responsables religieux byzantins, la chute de Constantinople qui s’annonce est une punition divine.

La prise de constantinople et la victoire de Mehmet II

En 1446-1447, les Turcs sont en Morée et l’année suivante ils assoient leur domination dans la région de Kosovo. Un mince espoir apparaît pour l’Empire d’Orient quand arrive au pouvoir Constantin XI, né en 1404 et déjà expérimenté, au contraire de son rival ottoman, le jeune Mehmet II, dix-neuf ans. Mais celui-ci a besoin justement d’une grande victoire pour asseoir son pouvoir, et c’est pour cela qu’il se tourne de suite vers Constantinople. Il fait d’abord construire la forteresse de Rumeli Hisar pour contrôler la mer Noire, puis fait armer une flotte à Gallipoli. Son armée de 80 000 hommes est soutenue par une puissante artillerie, sans rivale dans la région.

Côté byzantin, il ne faut espérer aucun secours, en particulier des Italiens qui veulent garder de bonnes relations avec le sultan pour garantir le commerce en Méditerranée orientale ; seuls les Vénitiens et Génois présents dans la capitale promettent leur aide. L’empereur tente de convaincre à nouveau l’Occident en célébrant la réunion des deux Eglises à Sainte-Sophie en 1452, mais il ne reçoit que quelques archers envoyés par le pape…Finalement, la ville dispose de 5000 Grecs et 2000 étrangers pour la défendre, face à la redoutable armée de l'empire ottoman.
 

C’est début avril 1453 que Mehmet II arrive devant la cité et entame le siège de Constantinople ; il doit attendre le 28 mai, après une farouche résistance, pour prendre la ville. Constantin XI est tué au combat et le sultan entre dans la ville tombée aux mains des turcs le 29 mai 1453 ; la population est réduite en esclavage, Sainte-Sophie transformée en mosquée. En 1458, Mehmet II fait de l’ancienne capitale byzantine la nouvelle capitale de son empire, qui devient Istanbul — même si l’usage conserve le nom de Constantinople jusqu’en 1923.

L’Empire byzantin, si tant est qu’on puisse encore l’appeler ainsi, subsiste encore quelques années, en particulier sa « branche » des Comnène, à Trébizonde. Mais celle-ci tombe en 1461.

Les conséquences de la chute de Constantinople

La prise de Constantinople a un profond retentissement tant en Occident qu’en Orient puisque, en consacrant la chute du dernier vestige de l’Empire romain, elle ouvre la voie à un empire universel de confession musulmane. Après la destruction des royaumes latins d’Orient au XIIIe siècle, cet événement confirme en effet le caractère définitif de l’installation de l’islam dans l’ancien espace chrétien.

En Occident, c’est la surprise et le choc ! On voit des savants et lettrés grecs arriver en Italie, ce qui contribue à la transmission des savoirs de l’Orient à l’Occident, au bénéfice de ce dernier. Les humanistes occidentaux pleurent la chute de Constantinople, et la papauté comprend le risque pour l’Italie et l’Occident chrétien en général. Dès septembre 1453, Nicolas V réveille la chrétienté avec la bulle Etsi ecclesia Christi.

En 1454, le duc Philippe le Bon annonce son intention de partir en croisade, et l’année suivante Calixte III fait appel à l’Aragon, à Naples, au Portugal ; seule Venise fait la sourde oreille, à cause d’accords commerciaux avec les Ottomans. Les efforts payent en 1456, quand Mehmet II doit lever le siège de Belgrade. C’est cependant surtout durant les années suivantes, avec Pie II que l’effort s’accroît contre la menace turque ; il est pourtant stoppé dès la mort du pape en 1464…Entretemps, Venise est entrée en guerre avec la Porte.

A la fin du XVe siècle, la menace est loin d’être circonscrite : la flotte ottomane fait la loi en Méditerranée orientale, et les armées du sultan continuent de menacer l’Occident. Seule la mort de Mehmet II en 1481 et les querelles de succession donnent un nouveau répit, mais ce n’est que pour mieux revoir la menace turque recommencer et atteindre son paroxysme au cours du XVIe siècle. Le Moyen Age, quant à lui est terminé, et pour la Méditerranée, l’affrontement entre la l' empire ottoman et les puissances chrétiennes marque le début d’une nouvelle ère…

Bibliographie :

La Chute de Constantinople,de Steven Runciman. Texto,  2021.

- Chute et mort de Constantinople : (1204-1453) de Jacques Heers. Tempus, 2007.

 

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