Avec sa capitale construite sur la ville antique de Byzance, l’Empire byzantin était le descendant direct de l’Empire romain d'Orient. Il dura près de mille ans, jusqu’à la prise de Constantinople par les Turcs en 1453. Après la chute de Rome en 476, une rupture majeure dans l’histoire romaine, il est admis par les historiens que l’on parle d’Empire byzantin pour la période postérieure à cette date. Les premiers empereurs byzantins ont tenté de reconstituer les frontières géographiques de l’ancien Empire romain, en reconquérant les territoires perdus à l’ouest. De nombreuses campagnes militaires sont menées au VIe siècle, durant le règne de Justinien. Cependant, ces conquêtes sont de courte durée et l'empire se rétrécit peu à peu sous le coup des invasions arabes et slaves.
L’Empire romain survit en orient
En 324, Constantin le Grand (306-337) choisit Byzance, un port grec situé sur la rive gauche du Bosphore, le mince détroit séparant la Turquie de l’Europe, pour en faire la nouvelle capitale de l’Orient. Il rebaptisa la ville Constantinople. Les échanges entre la mer Noire et la mer Méditerranée étant excellents, le commerce connut une grande expansion et la ville se développa rapidement. Elle était entourée par la mer; et solidement défendue vers l'intérieur par un mur fortifié qui fut construit au Ve siècle. Durant son règne, Constantin établit un modèle d’harmonie entre l’Église et les autorités impériales, qui persiste pendant toute l’histoire de l’Empire. Il crée un système monétaire durable, fondé sur le solidus d’or qui resta en circulation jusqu’au milieu du XIe siècle).
La partition entre l’Orient et l’Occident n’est définitive qu’après la mort de Théodose Ier en 395. L’empereur lègue le gouvernement à ses deux fils, Arcadius et Honorius, qui possèdent le titre d’Auguste. C’est ainsi que l’Empire romain d’Occident (partie occidentale) échoit à Honorius, tandis que l’Empire romain d’Orient (partie orientale, couvrant le sud-est de l’Europe, le sud-ouest de l’Asie et le nord de l’Afrique) revient à Arcadius. Succédant à Arcadius, les empereurs romains d’Orient de la dynastie théodosienne gouvernent ainsi depuis la « Seconde Rome », Constantinople. Bien qu’après la chute de Rome (476) et l’effondrement de l’Empire romain d’Occident, il ne subsiste plus que l’Empire romain d’Orient, l’idée et le rêve d’unité demeurent toujours, tant chez les gouvernants que chez les sujets de l’Empire byzantin.
L’empire d’Orient, plus riche et plus peuplé que celui d’Occident, disposait davantage de ressources pour résister aux invasions germaniques. Justinien Ier (empereur de 527 à 565) tente de reconstituer les frontières géographiques de l’Empire romain. Avec l’aide de deux brillants généraux, Bélisaire et Narsès, l’empereur entreprend de reconquérir, entre 534 et 565, l’Afrique du Nord, l’Italie méridionale, la Sicile, la Sardaigne et une partie de l’Espagne.
Cet effort militaire s’accompagne, à l’intérieur, d’une œuvre législative considérable, le Code Justinien (529), somme de droit romain qui inscrit l’Empire romain d’Orient dans une continuité avec l’ancienne Rome.. le code de Justinien est utilisé par la suite par tous les empereurs byzantins (et a aussi influencé les lois de nombreux pays d’Europe).
A la fin du VI siècle, les attaques des Slaves et des Avars vivant au nord du Danube, affaiblirent l’empire. En Orient, les Perses sassanides occupèrent la Syrie, la Palestine et l’Égypte, avant d’être battus en 627 par l’empereur Héraclius (610-641). Il sauva l’Empire et introduisit des réformes dont le pays avait besoin.
La religion de l'Empire byzantin
Depuis que l’empereur Constantin le Grand s’est converti en 312, le christianisme est graduellement devenu la religion admise de l’empire. Cherchant à montrer au monde leur puissance, les empereurs byzantins commandent la construction de splendides édifices dans tout leur empire, et en particulier dans la capitale Constantinople. Le plus bel exemple de l’art byzantin est la cathédrale Sainte-Sophie de Constantinople (Sainte-Sophie étant une traduction de Hagia Sophia, qui signifie « Sainte Sagesse »), véritable centre religieux de l’empire. À l’intérieur, le bâtiment est orné de splendides mosaïques, caractéristiques de l’art byzantin.
Dans l’Empire byzantin, les peintures représentant le Christ ou des saints sont vénérées par les moines et les chrétiens. Certains empereurs byzantins refusent ce culte des images saintes (les icônes). À partir de 726, une violente querelle éclate à propos de ces images saintes ; c’est l’iconoclasme. Le rétablissement des images en 843 marque la victoire des moines : les monastères chrétiens se multiplient alors dans l’Empire byzantin.
Depuis la naissance du christianisme, Rome est l’un des centres de l’église chrétienne, dont le chef spirituel est l’évêque de Rome (plus tard connu sous le nom de pape) ; celui-ci tente d’imposer son autorité aux autres chefs spirituels du monde chrétien, notamment au patriarche de Constantinople. Le patriarche de Constantinople et les chrétiens byzantins sont régulièrement en désaccord avec les décisions du pape. Ces différentes querelles entre chrétiens d’Orient (Constantinople) et d’Occident (Rome) conduisent au schisme de 1054. Cet événement, apellé aussi le Grand Schisme, confirme la séparation entre chrétiens d’Orient et d’Occident, c’est-à-dire entre les orthodoxes et les catholiques.
L'art byzantin : religieux et contemplatif
L’art et l’architecture byzantins se sont développés pour glorifier tout à la fois l’Église chrétienne d’Orient (devenue l’Église orthodoxe) et son empereur (représentant de Dieu sur Terre). À la différence de l’Église chrétienne d’Occident, dont les fidèles vénèrent encore les reliques de saints à la fin du Moyen Âge, l’Église chrétienne d’Orient est plus contemplative, concentrée sur la vénération d’icônes, portraits religieux, stylisés et souvent présentés de face.
Si l’art byzantin continue d’exploiter son héritage antique comme source d’inspiration et de renouvellement, l’expression classique est abandonnée au profit du caractère transcendantal de la foi orthodoxe. Les artistes cherchent plutôt à évoquer le caractère spirituel des saints. Les peintres et les mosaïstes, en évitant de prendre un modèle pour leurs personnages, éliminent toute suggestion de forme humaine réelle. Ainsi, la production de statues est totalement abandonnée après le Ve siècle. La sculpture se limite, pour l’essentiel, à des plaques d’ivoire (appelées « diptyques ») en bas relief, aux effets sculpturaux limités.
Au Ve siècle, l’art et l’architecture de l’Empire romain d’Orient sont encore fortement imprégnés des canons romano-chrétiens, de sorte qu’ils sont plutôt qualifiés de post antique que de protobyzantins. En revanche, peu après 500 semble se mettre en place la transition entre le classicisme paléochrétien et la naissance du style byzantin. L’âge d’or de l’art et de l’architecture protobyzantins coïncide avec le règne de Justinien le Grand (527-565), grand bâtisseur et protecteur des arts.
Le plus bel exemple de l’art byzantin est la cathédrale Sainte-Sophie de Constantinople (Sainte-Sophie étant une traduction de Hagia Sophia, qui signifie « Sainte Sagesse »), véritable centre religieux de l’empire. À l’intérieur, le bâtiment est orné de splendides mosaïques, caractéristiques de l’art byzantin.
L'Empire byzantin, un monde gréco-romain
On considère que le règne d’ Héraclius (610-641) marque le début de l’histoire byzantine. Comme la plupart des personnes vivant en Orient parlaient grec, Héradius remplaça le latin, langue officielle du gouvernement, par le grec. Les empereurs byzantins continuèrent pourtant à se dire romains. La réforme la plus importante d' Héraclius consista à introduire un système de districts militaires, appelés thèmes. Les soldats s’établissaient sur des terres qu’ils cultivaient en paysans libres et dont ils tiraient leur subsistance, payant des impôts à l’État. En temps de guerre, les soldats de chaque thème formaient une seule unité militaire. Ce système améliora la défense de l’Empire, en lui fournissant une réserve fiable de soldats rapidement mobilisables.
En 633, avant même d’avoir eu le temps de se redresser après la guerre avec la Perse, l’Empire byzantin fut assailli par de nouveaux ennemis, les Arabes musulmans. Ils occupèrent la Syrie et, après la victoire du fleuve Yarmouk (636), poursuivirent leur chemin pour conquérir la Palestine, l’Égypte et une grande partie de l’Afrique du Nord. Vers l’an 679, les Bulgares traversèrent le Danube pour fonder en territoire byzantin un État indépendant qui allait donner son nom à l’actuelle Bulgarie.
Grâce aux réformes d' Héraclius, l’empire put survivre et reconstituer sa force militaire malgré ces pertes territoriales. En 1014, Basile II (976-1025), dit “le tueur de Bulgares”, battit les Bulgares à Balathista, repoussant à nouveau les frontières jusqu’au fleuve du Danube. Byzance était alors la plus grande puissance du Moyen-Orient et d’Europe.
Dans le courant du XIe siècle, les Turcs seldjoukides d’Asie centrale conquirent une grande partie de l'Empire arabe. En 1071, ils écrasèrent les Byzantins lors de la bataille de Manzikert. L’occupation de l’Asie mineure par les Seldjoukides porta un coup terrible aux Byzantins. Byzance avait cessé d’exister en tant que grande puissance. Au lendemain de ce désastre, l’empereur Alexis Ier Comnène (1081-1118) fit appel à l’Occident pour l’aider à récupérer ses territoires perdus. Le pape Urbain II répondit en exhortant les fidèles chrétiens d’Occident à partir en croisade pour délivrer la Terre sainte de la domination musulmane.
Byzance dans le tumulte des croisades
L’intervention d’Urbain était surprenante. Pendant des siècles, les Églises catholique et orthodoxe s’étaient éloignées lune de l’autre. La méfiance s’était muée en une franche hostilité alors que les deux Églises rivalisaient d’influence en Europe de l’Est : des missionnaires de Constantinople avaient converti les Slaves des Balkans, les Bulgares et les Russes à la foi orthodoxe, tandis que la Hongrie et la Pologne étaient devenues catholiques.
En 1054, le désaccord devint permanent après que le pape et le patriarche de Constantinople s’excommunièrent mutuellement. Les empereurs byzantins considéraient qu’ils étaient les souverains légitimes des territoires de l’ancien Empire romain d’Occident. L’Italie du Sud et la Sicile demeurèrent dans la sphère d’influence byzantine, mais c’est l’endroit que des aventuriers normands choisirent pour établir un royaume indépendant, à la fin du XIe siècle.
L’appel d’Urbain à la première croisade provoqua la ferveur spirituelle des membres de l’Église d’Occident. Des milliers de chevaliers entreprirent le long voyage vers la Terre sainte, et en 1099 Jérusalem fut prise. Puis les rapports entre Byzance et l’Occident se détériorèrent, car après quelques conquêtes en Asie mineure, les Byzantins refusèrent de suivre l’armée des croisés en Palestine.
En Occident, nombre de croisés furent alors persuadés que leurs alliés grecs n’avaient rien de chrétien. Refusant de restituer aux Byzantins les territoires qu’ils avaient pris aux Seldjoukides, en Syrie et en Palestine, ils y établirent leurs propres Etats indépendants. Les ports italiens de Gênes et de \Venise dépossédèrent les Byzantins du contrôle du commerce en mer Méditerranée.
D’autres croisades furent entreprissent pour défendre la Terre sainte contre les attaques musulmanes. Après la défaite de Hattin en 1187, les croisés perdirent beaucoup de territoires, y compris la ville de Jérusalem. En 1204, la quatrième croisade, en manque de fonds pour une campagne en Orient, s’arrêtèrent à Constantinople. Les croisés mirent la ville à sac et fondèrent un Empire latin en Grèce et dans les Balkans. Réduits autour de l'Empire de Nicée, les byzantins ne purent reconquérir leur capitale et une partie de leur empire avant 1261. Trente ans plus tard, les Turcs détruisirent le dernier des États croisés en Palestine.
Chute de Constantinople et héritage de l'Empire byzantin
Affaibli par les guerres, l’Empire byzantin ne se releva jamais. Les Turcs prirent le contrôle de l’Anatolie au XIVe siècle, et réduisirent l’empire à une zone autour de Constantinople. Les derneirs empereurs byzantins tentent d’obtenir le secours de la papauté contre les Turcs, auxquels les Byzantins paient désormais un lourd tribut. Une croisade menée par le roi de Hongrie, Sigismond, échoue en 1396. En 1444, le sultan ottoman Murat II écrase la croisade organisée à l’appel du pape Eugène IV. L’union de Rome et de Constantinople, proclamée à Florence en 1439, vient trop tard. En 1453, sans que l’Occident intervienne, le sultan Mehmet II met le siège devant Constantinople, défendue par Constantin XI. Le 29 mai au matin, la capitale de l’Empire byzantin tombe aux mains des ottomans et devient leur nouvelle capitale.
Malgré son effondrement, l’Empire byzantin laissait un bel héritage. Alors que l’Europe occidentale était tombée dans un déclin intellectuel, il avait continué à observer les traditions culturelles de la fin de l’époque romaine. L’art, la musique, la littérature et l’architecture étaient en plein essor Les mosaïques qui décoraient ses églises étaient remarquables pour leurs couleurs éclatantes. L’histoire raconte que Vladimir de Kiev décida d’embrasser la foi orthodoxe après que son ambassadeur lui eut déclaré qu’aucune autre religion ne pourrait susciter une basilique aussi belle que celle de Sainte-Sophie.
L’influence de la culture byzantine se répandit plus largement grâce aux missionnaires grecs qui convertirent les Slaves. L’alphabet cyrillique, mis au point par deux frères, saint Cyrille et saint Méthode, est à la base de l’alphabet russe et d’autres alphabets slaves. Après la chute de Constantinople, le grand-prince russe Ivan III (1462-1505) adopta en guise d’emblème l’aigle à deux têtes byzantin en 1472.
Les savants byzantins, qui ont visité l’Italie aux XIVe et XVe siècles, ont exercé une vive influence sur la Renaissance italienne. L’héritage des byzantins, renouant avec le classicisme grec, tant en histoire, en littérature, en philosophie qu’en mathématiques et en astronomie, a été transmis aux savants italiens et aux Grecs résidant en Italie.
Bibliographie
- La civilisation byzantine, de Bernard Flusin. Que-sais-je, 2018.
- Origines et Histoire de l’Empire Byzantin. Editions Le mono, 2022.
- Byzance - L'Empire romain d'Orient, de Jean-Claude Cheynet. Colin, 2015.