L'histoire des Tudors
Autant série historique que fiction, les Tudors ont pour cadre les 38 années de règne d’Henry VIII (1509-1547). La guerre des deux roses qui a ensanglanté l’Angleterre a pris fin deux décennies auparavant, et la nouvelle dynastie s’impose et s’affirme à la tête du royaume sur fond de crise religieuse.
Fervent catholique – il fut nommé défenseur de la foi par le pape grâce à un pamphlet écrit avec Thomas More contre Luther - Henri VIII est alors marié à Catherine d’ Aragon, fille d’Isabelle de Castille et de Ferdinand d’Aragon. Ce mariage prestigieux est destiné à renforcer les liens entre l’Angleterre et la puissance européenne montante, l’Espagne. Cette union, puis sa laborieuse annulation sur fond de polémiques juridiques et religieuses furent à l’origine de la « grande affaire » qui agita l’Europe pendant de nombreuses années, et qui aboutira à la rupture de l’Angleterre et de l’Eglise catholique romaine.
Catherine avait été mariée une première fois au frère d’Henry VIII, mais celui-ci décède prématurément, sans dit-on que le mariage fut consommé. Sous la pression de l’Espagne et de l’Angleterre, l’église catholique, malgré des doutes, donne son accord pour son remariage avec le nouveau souverain, Henry. Cette union ne lui donnant pas d’héritier mâle, Henry commence à envisager sérieusement le divorce. Les rôles s’inversent, Henry et ses partisans remettant en cause la légitimité du mariage du roi avec Catherine, l’Eglise défendant bec et ongle la validité de cette union.
Bien décidé à engager le bras de fer avec Rome pour pouvoir épouser Anne Boleyn, Henry se sépare de son chancelier, l’ambitieux cardinal Wolsey, confisquant au passage ses biens, puis de son successeur Thomas More, l’un et l’autre tergiversant ou s’opposant à la rupture programmée de l’Angleterre et de l’Eglise catholique romaine. S’appuyant opportunément sur les idées nouvelles de la réforme, il s’impose progressivement comme chef de l’Eglise et du clergé dans son royaume, réprimant violemment les résistances, s’entourant de partisans de la réforme tels le chancelier Thomas Cromwell ou l’archevêque de Canturbery, William Warham. En 1533, il force le destin en épousant secrètement Anne Boleyn, ce qui leur vaut d’être immédiatement excommuniés par le pape. Cet épisode de l’histoire est à l’origine de cette singularité qu’est l’anglicanisme, sorte d’Eglise catholique réformée.
Les Tudors : la série TV
On pardonnera volontiers les anachronismes et les libertés prises avec l’histoire pour des raisons scénaristiques, pour se délecter des complots, intrigues et passions qui ont jalonnés cette époque pour le moins mouvementée. On pourra cependant regretter que certains thèmes n’aient pas été plus approfondis et que les événements s’enchaînent de façon déroutante, ce qui rend parfois laborieuse l’immersion dans cette époque passionnante. On pourra aussi s’étonner de certains partis pris scénaristiques flagrants - partisans de la réforme froids et cyniques, martyrisant des catholiques humanistes et idéalistes- ou s'agacer des clichés très britanniques sur les français vantards, grossiers et imbus de leur personne...
Malgré ses défauts, la série télé "Les Tudors" donne vie avec bonheur à ces personnages fascinants et il est difficile de résister à l’envie d’enchaîner les épisodes. A prendre pour ce qu’elle est, une fiction dramatique plutôt réussie.
La série Les Tudors comporte quatre saisons basées sur le règne tumultueux d’Henry VIII.
Pour aller plus loin
- Henri VIII de Georges Minois, Fayard, 1989
- L'Angleterre des Tudors : 1485-1603 de Jean-Pierre Moreau, 2000.
- Les Tudors, de Liliane Crété. Flammarion, 2010.