Henri IV le vert galant : ses épouses et ses femmes

Histoire de France | D'Henri IV au Grand Siècle

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Pour la plupart de nos contemporains, le seul nom d' Henri IV évoque instantanément la légende du panache blanc et de la poule au pot. Mais le «bon roi Henri», dont le règne s'étend de 1589 à 1610 était un être jouissif et rustique, courageux et téméraire au combat, grand amateur de bonne chère... et de femmes. Les passions du « vert galant » dans ce dernier domaine sont bien connues : une fois son premier mariage avec la reine Margot annulé en 1599, il a épousé l'Italienne Marie de Médicis, dont il a eu six enfants. Ses maîtresses les plus célèbres sont Gabrielle d'Estrées (avec laquelle il a eu trois enfants) et Henriette d'Entragues. Mais elles n'ont pas été les seules femmes de sa vie...

Jeanne d’Albret, la mère

La première fut sa mère, Jeanne d'Albret, fille de Marguerite d'Angoulême (sœur de François Ier) et d'Henri d'Albret roi de Navarre. C'est une femme intelligente et cultivée douée d'à propos et de combativité. Elle fera un mariage d'amour, chose rare en cette époque, avec Antoine de Bourbon descendant de St Louis. Après trois enfants morts en bas âge, la voici à nouveau enceinte. Son père, qui veut un héritier au trône de Navarre, exige qu'elle accouche sans larmes ni cris car les croyances du XVIe siècle stipulent que le comportement de la mère au moment de l'accouchement détermine le sexe de l'enfant. Si elle est forte, ce sera un garçon. Le petit Henri naît le 14 décembre 1553 et en signe de bienvenue, son grand père lui frotte les lèvres dune gousse d'ail (dont l'odeur ne le quittera plus) humectée de Jurançon : vas! Tu seras un vrai Béarnais ! 

Outre son grand père, il aura pour parrain le roi de France Henri II. Son appétit est tel qu'il usera huit nourrices en une année! Ce qui préfigure de l'avenir! Sa mère lui transmettra l'amour de son pays et une grande simplicité de vie. Il est envoyé en Béarn chez une parente de son père ou il partagera la vie des enfants du pays, courant pieds nus dans les bois et les montagnes. A la mort de son père, en 1555 Jeanne d'Albret devient reine de Navarre et règnera d'une main de fer pour léguer à son fils un héritage prospère. Henri a six ans lorsque naît sa petite sœur Catherine et sa mère décide de l'envoyer à Paris pour qu'il reçoive une éducation digne des princes. A la mort d'Henri II en 1559, toute la famille se retrouve à Paris ou hélas, après avoir été nommé par Catherine de Médicis lieutenant du royaume, Antoine de Bourbon révèle sa vraie nature de coureur de femmes.

Jeanne humiliée, deviendra triste et austère. A ce moment là, elle fera la connaissance de grands théologiens et d'une approche nouvelle de la religion, s'opposant ainsi à son époux infidèle devenu chef militaire des catholique tandis qu'elle se convertira au protestantisme dont elle deviendra le chef en Béarn. Déchiré au milieu de ses parents en guerre, Henri sera témoin du départ de sa mère bannie de la cour, mais lui arrachant la promesse de rester fidèle au calvinisme. 

Sous les pressions il finit par abjurer, mais la mort de son père mettra fin à ce cruel dilemme. Henri poursuivra ses études avec ses cousins de France. Très jeune, il se rendra populaire par ses faits d'arme. Jeanne mourra brutalement lors de son séjour à paris pour préparer le mariage d'Henri avec Marguerite de Valois en 1572.

Catherine, la petite soeur 

Catherine de Bourbon se retrouve orpheline à treize ans, et Henri son frère prendra le rôle de protecteur et de père pour elle. Pas vraiment belle, légèrement boiteuse mais généreuse et aimable, elle charmera par son esprit et sa culture. Rescapée du massacre de la St Barthélémy au moment du mariage de son frère, elle sera comme lui prisonnière à la cour de France pendant quatre ans. Tandis qu'Henri trouve son compte dans cette cour dépravée donnant libre cours à son penchant pour les femmes, elle sera un modèle de vertu. Parvenant à s'échapper, Henri regagnera le Béarn ou Catherine le rejoindra, tous deux acclamés par leur peuple. La princesse de Navarre a dix-sept ans et une grande maturité, Henri lui confie la régence des terres du sud-ouest ce qui le laisse libre de partir à la guerre, libre de se livrer au libertinage : après les dames de cour les filles de ferme! Rustique le roi Henri ! 

Les guerres se succèdent et nécessitent beaucoup d'argent, aussi envisage-t-il de marier sa sœur, dont les nombreux prétendants se pressent d'accourir. Mais il tire parti de chacun sans donner suite, faisant de Catherine une monnaie d'échange. Et les années passent. Aveuglée par la tendresse qu'elle voue au seul membre de sa famille, Catherine peu rancunière, se console auprès de son amie Corisande. Elle sera amoureuse du comte Charles de Soisson qu'elle n'épousera pas, son frère s'y opposant. Elle finira par épouser contre son gré le duc de Lorraine de confession catholique, alors qu'elle demeure fidèle à ses idées. Persécutée par son frère qui lui demande de se convertir, elle entre en rébellion contre lui, mais dépérira à vue d'œil et mourra d'une pleurésie en 1604. Elle finira par tomber dans l'oubli, car tous les honneurs de l'histoire seront pour Henri : pour lui les lauriers, pour elle les épines. 

La reine Margot 

Marguerite de Valois, dite Margot vient d'épouser Henri de Navarre. C'est une belle personne, intelligente et cultivée, de mœurs libres plutôt délurées, amoureuse du fringuant duc de Guise. Son mariage arrangé par Catherine de Médicis sa mère et Charles IX son frère a pour but de réconcilier catholiques et protestants malgré l'interdiction du pape qui s'oppose à cette union sacrilège. 

Habituée à un certain raffinement, Margot qui n'a pas souhaité cette union, trouve son époux mal crotté, arriéré, aux manières de paysan, elle apprécie néanmoins son humour et sa bonne humeur, et lui sauvera la vie lors du tragique épisode de la St Barthélémy. A dix-neuf ans, elle assume sa condition périlleuse de sœur d'un roi catholique responsable d'un massacre, et d'épouse du chef des huguenots. Chacun d'eux prendra amants et maîtresses dans l'entente et la bonne humeur, et le couple s'en portera bien tandis que la reine mère divise pour mieux régner employant son célèbre «escadron volant» dans lequel Henri «piochera» ses maîtresses, ce qui finira par engendrer des tensions et des histoires qui blesseront Margot et gâchera la belle entente des époux. Bussy d'Amboise fera oublier les goujateries d'Henri, un habile stratagème l'éloignera de son aimée : la guerre est déclarée au sein du couple. Après quatre ans de captivité, Henri s'échappera de la cour et regagnera le Béarn ou il s'empressera d'abjurer le catholicisme. 

Margot, accusée de complicité sera enfermée par son excentrique de frère Henri III, jusqu'à ce que son époux la réclame auprès de lui. En attendant, celui-ci retrouve l'exercice du pouvoir et se livre à sa passion : la chasse du gibier de tout poil. Constamment amoureux, le roi butine, picore, roucoule, batifole dans un enivrement permanent. De la dame de cour à la fille de ferme tout lui est bon ! (ne dit-on pas qu'à Nérac tout le monde descend d'Henri IV ?). 

Margot libérée fera son entrée en Navarre avec le faste d'une reine, mais l'entente entre les époux sera de courte durée, car les disputes et tensions liées aux frasques d'Henri seront le quotidien de ce couple qui ne partage pas le même lit. Margot sera trahie, humiliée, bafouée et bannie à la cour de France comme à celle de Navarre. Délaissée par son époux, disgraciée par Henri III, elle ne trouve plus sa place et lèvera à Agen une armée soutenue par la ligue contre Henri de Navarre. Les rumeurs, la peste et les difficultés financières auront raison de sa révolte. A trente-trois ans elle fuit son époux, son frère et se réfugie en Auvergne ou elle restera pendant vingt ans. A son divorce, elle retrouvera Henri et reprendra avec lui d'amicales relations. 

Le premier amour d'Henri IV

Diane d'Andoin, la belle Corisande sera le premier amour véritable d'Henri. Fiancée à douze ans au compte de Grammond dont elle aura deux enfants, cette belle jeune femme au teint clair, à la chevelure de jais a un charme fou. Vive, intelligente et cultivée, elle entretient des relations avec les écrivains et gens de lettres. Son époux fait la guerre et la trompe allègrement. Il meurt au combat laissant une jolie veuve très fortunée, qui organise des réceptions et élève ses enfants. C'est chez son amie Catherine de Navarre qu'elle fera la connaissance d'Henri. Il vient de croiser la «grâce et la beauté incarnée», elle se fera coquette, il usera de stratégie. Ils deviendront amants en 1583, Henri est transporté ah! la magie de l'amour! Il la couvre de cadeaux et n'a nulle envie de récupérer sa femme chassée de la cour de France. Entre deux guerres, les amoureux se retrouvent avec délice. Les bruits courent qu'elle l'a ensorcelé, tandis que Margot redoute la répudiation. En 1584 survient la mort de François d'Alençon, et Catherine de Médicis, qui n'apprécie pas son gendre, craint qu'Henri III meure sans descendance faisant de celui-ci un héritier indésirable. 

Corisande soutiendra son Amadis lui apportant une importante aide financière, et sera son conseiller politique, lui donnant son fils au service de son armée. Henri jure fidélité à sa maîtresse en ses nombreux courriers, mais il est incapable de résister au moindre «tendron», Henri l'éternel infidèle ? 

Il aura un fils avec l'une d'elles, au désespoir de Corisande qui aveuglément lui a tout donné ! Au seuil de leur séparation, il lui offrira en hommage les vingt deux drapeaux et étendards pris a ses ennemis ! Mais ces deux êtres qui se sont tant aimés garderont l'habitude de correspondre et resteront amis. Compagne secourable et désintéressée, elle lui sera fidèle jusqu'au bout. En 1589, Henri III est poignardé par le fanatique frère Clément et Henri de Navarre lui succèdera. 

Le vert galant et la belle Gabrielle 

Gabrielle d'Estrées entre en scène alors qu'Henri fait le siège devant Paris. Bellegarde son grand capitaine lui vantant les charmes de sa nouvelle conquête, erreur fatale, le roi veut la rencontrer sans plus tarder. C'est alors qu'à l'entrevue un ange lui apparaît, dix-sept ans blonde, de beaux yeux clairs, une taille de guêpe, une grâce sans pareille : l'idéal de la beauté féminine ! Qui ne prête pas attention à lui. Pour l'approcher, il se déguise naïvement en paysan loqueteux, et lui clame son penchant, ne faisant qu'accentuer le dégoût et le mépris de la belle. Gabrielle est issue d'une noble famille qui pratique la luxure avec tout l'art requis. Vendue aux princes par sa mère, elle perd très tôt sa virginité. Antoine d'Estrées son père lui somme de changer son comportement. On ne refuse pas les faveurs du roi avec les honneurs que cela suppose pour toute la famille ! Aussi Gabrielle obéissante et soudainement intéressée se montre accueillante et enjouée, renonçant à Bellegarde, au profit de la royale passion, et mariée très rapidement à l’inoffensif sieur de Liancourt « pour préserver son honneur », elle est comblée de titres et de cadeaux. 

Pour réunifier la France en guerre, le roi envisage la mort dans l'âme de se convertir au catholicisme. Il abjurera à St Denis en 1593 moment historique pour les Parisiens. Gabrielle assiste radieuse à l’événement, seule la haine du peuple envers elle ternit sa fierté. Des pamphlets l'accusent de tous les maux, car on craint que le roi très épris n'en fasse son épouse. Celui-ci multiplie les démarches pour se démarier d'avec Margot qui en profite pour obtenir de fortes sommes d'argent mais les négociations vont durer sept ans. Henri sera sacré roi de France en 1594 à Chartres alors qu'il a quarante et un ans, enfin reconnu par l'église et les grands du royaume, tandis que sa belle favorite lui donne un fils César de Vendôme et divorce de son époux Liancourt. Le roi repart à ses occupations guerrières après avoir accordé à Gabrielle le duché de Beaufort, son pouvoir sur le roi ne cessant d'augmenter. 

Catherine Henriette, deuxième enfant du couple naît à Rouen et Henri légitime ses bâtards, tandis que le peuple, appauvri par les guerres, est en colère contre le déploiement de luxe affiché par le roi et sa favorite. A la cour de Florence ou les négociations entamées par Sully ministre du roi pour un mariage avec Marie de Médicis, on s'impatiente... Mais Henri a d'autres projets en tête : il feint, comme à son habitude d'accepter cette union dans le but d'obtenir l'annulation de son mariage. Ah, l'amour! Margot, la dernière des Valois, réprouve l'idée de céder sa place à une «bagasse» de basse extraction, mais Gabrielle au faîte de sa gloire donne un troisième enfant à son amant et ambitionne le statut de reine qu'Henri lui a promis. Alors qu'elle attend son quatrième enfant, son mariage avec le roi est annoncé après Pâques de 1599 au grand dam de toute la cour, et, malgré une angoisse due à de sombres prédictions elle prépare ses noces. 

Séparée du roi le temps des fêtes pascales elle ira chez un ami commun Zamet ou elle mangera un fruit au goût amer qui sera la cause de malaises de plus en plus violents dont elle mourra, sans avoir pu joindre le roi, après d'horribles souffrances, rendue sourde et aveugle, noire et défigurée .Une autopsie demandée par le roi atterré fera état d'un empoisonnement (trop de gens ayant intérêt à ce que ce mariage ne se fasse pas, on peut se poser la question) mais les historiens alimenteront la controverse. 

Marie de Médicis, le fructueux parti italien 

Marie de Médicis, fille de Jeanne d'Autriche et de François de Médicis épouse le roi de France par procuration à Florence en 1600 dans un faste digne des cours d'Italie. Dès l'annonce du décès de Gabrielle, le pape avait accordé le divorce d'Henri. Ce mariage va solutionner les préoccupations financières et dynastiques du royaume. Pour la seconde fois, la famille Médicis achète la couronne de France ! Marie est une grande femme plantureuse de vingt-sept ans «une lourde florentine» diront certains, dont le seul charme réside en un visage au teint de porcelaine. Elle gardera toujours un fort accent Italien et introduira à la cour sa sœur de lait Leonora Galigaï, petite femme noiraude et ambitieuse, qui a un grand ascendant sur elle et son compagnon Concino Concini, futur maréchal d'Ancre. Les Médicis ont la fâcheuse réputation de régler leurs problèmes familiaux à «coup de doses de poison savamment employées». 

A son arrivée en France, Marie rencontre son époux qui l'invite incontinent à se mettre au lit. La deuxième partie de la dot peut tomber : le mariage est consommé. Les époux n'évoquent pas le choc de la nuit de noces : il la découvre fade et grosse, elle le trouve puant du gousset et du pied (une odeur pestilentielle de fauve crevé diront certains). A la cour, les personnages sont certes étincelants mais dévorés de vermine, répandant d'insoutenables fragrances, mangeant et se mouchant avec les doigts, crachant sur les parquets. Ils consomment de grandes quantités de parfum pour masquer ces inconvénients. Les époux se marieront officiellement le dix-sept décembre 1600 à la cathédrale de Lyon, neuf mois plus tard naîtra Louis (futur Louis XIII), ce qui n'empêche pas le roi de rejoindre sa maîtresse du moment ,Henriette d' Entragues. 

Lorsque Marie l'apprend, elle entre dans une grande colère : c'est le commencement de scènes violentes qui émailleront l'existence de ce couple royal allant jusqu'à perturber l'entourage, d'autant qu'Henriette lui donne des enfants en parallèle avec la reine. Jalouse, Marie se compose un personnage de femme revêche, butée et colérique, allant jusqu'à battre le roi devant tout le monde. La reine veut garder Leonora comme dame d'atour, rôle tenu par des personnes nobles en France, pour apaiser les tensions Henri IV cède, il le regrettera. Peu recommandable, le couple Concini sème le trouble et conspirera contre lui. La reine met au monde une fille Elisabeth qui rejoint son frère et ses demi-frères et sœurs à St Germain-en-Laye ou séjournent les enfants de Gabrielle et d'Henriette. Le roi s'y rend souvent pour, en bon père de famille, jouer avec eux. 

Marie multiplie les démarches afin de réconcilier le roi avec les catholiques, soutenant le retour des jésuites chassés de France, elle obtiendra gain de cause à la grande joie du pape. La France redeviendra une grande puissance chrétienne favorisée par la reine. Elle accouchera d'une autre fille, Christine, tandis qu'à cinquante ans, Henri s'amourache de filles de plus en plus jeunes, malgré les colères de son épouse qui en profite pour exiger d'être sacrée reine. Elle accouche de Nicolas (elle donnera six enfants à la couronne) asseyant son pouvoir, de même que sur sa demande elle participera aux affaires de l'état. Le treize mai 1610 aura lieu la cérémonie du sacre de la reine en grande pompe, au cours duquel Henri IV reconnaît publiquement sa capacité à assumer son rôle politique. Le lendemain quatorze mai, Ravaillac l'attend rue de la Ferronnerie pour lui porter le coup fatal. Le roi est mort, vive le roi ! En l'occurrence vive la reine qui assurera la régence. 

Henriette la comploteuse 

Henriette d'Entragues qui sera l'enfer du vert-galant, le rencontre au château de Malesherbes chez son père François de Balzac ami du roi peu de temps après le décès de Gabrielle. Vingt ans, un regard coquin, un sourire irrésistible auront raison du souverain. Cette famille d’intrigants sans scrupules compte bien tirer parti de la situation. La mère d'Henriette est Marie Touchet, ancienne maîtresse de Charles IX dont elle a eu un enfant Charles, le bâtard des Valois, prince ambitieux et perfide qui ne dépare pas la famille. Les deux sœurs Henriette et Marie reçoivent une éducation propre à en faire des favorites chevronnées. Henriette à la beauté et l'esprit du diable, ses propos percutants, acerbes plaisent au roi. Mais la belle est finaude, elle se laisse désirer : s'il l'aime, il doit payer cent mille écus et le marquisat de Verneuil. 

Mieux, elle exige qu'il lui signe une promesse de mariage. Henri habitué aux promesses non tenues, signe tandis que se poursuivent les négociations avec Marie de Médicis grâce au fidèle Sully. Qu' à cela ne tienne! Il installe sa maîtresse au somptueux hôtel de Larchant. Document en poche, celle-ci n'a qu'une idée : se faire épouser en donnant un fils au roi ,qui comprenant son erreur car son mariage avec Catherine se précise, voudrait récupérer la promesse de mariage. La charmante Henriette se transforme en harpie, refuse de rendre le document, et par bonheur fait une fausse couche. Mais le roi est mordu et la met de nouveau enceinte, et le lendemain même de ses noces il l'installe à la cour ou le poursuit la rage de Marie. Henriette se moque de la reine dont elle imite l'accent et la démarche ce qui amuse le roi! Entre une femme spirituelle et plaisante et une grosse épouse dévote, Henri a choisi. La reine accouche du dauphin, Henriette lui donne Gaston Henri, forte de la promesse de mariage elle ne désarme pas, et son amant s'empêtre dans ses problèmes conjugaux. 

Après deux conspirations contre le roi, où Henriette et sa famille se trouve impliqués; le vieil Entragues doit rendre le document compromettant avant d'atterrir en prison. Henriette nie en bloc, douée d'un aplomb étonnant, sûre de son ascendant sur son amant qui finira par pardonner. Inconscient Henri! Cette intrigante parviendra à reprendre sa place à la cour et dans le cœur du roi! Épouse et favorite se livrent un combat sans merci, tandis qu'Henri collectionne les maîtresses et les petits bâtards notamment de Jacqueline de Bueil (dont il légitime le fils) appelée « nymphe au petit museau ». Dix ans de relations destructrices avec Henriette ont eu raison du roi qui lui demande de se retirer sur ses terres, enfin. 

La dernière passion amoureuse d'Henri IV

Charlotte de Montmorency surgit dans la vie du roi un matin de janvier 1609, alors qu'elle prépare un ballet donné pour une fête en l'honneur de la reine. A ce moment là rien ne va dans la vie d'Henri IV. Préoccupé par des préparatifs de guerre, fatigué par ses excès de toutes sortes, sa vie amoureuse est un désert. Au sortir de son cabinet, il se heurte au corps de ballet et là, coup de foudre! Devant lui une toute jeune fille blonde et gracieuse, aux yeux de gazelle, surnommée l'aurore par ses compagnes, lui sourit. Elle est fiancée a son ami Bassompierre ? Qu'à cela ne tienne ! Il explique sa passion soudaine au futur mari, et lui propose une autre compagne. Terrassé par une crise de goutte, il reçoit dans sa chambre ou la belle entend sa déclaration enflammée, ce qui l'enchante et l'amuse, puis décide de la marier pour préserver son honneur.

Il choisit un homme qui lui semble inoffensif Henri II de Bourbon prince de Condé, censé préférer les hommes qui accepte les conditions de ce mariage. Charlotte n’a de pensées que pour son roi, ses victoires son panache : le «bourreau des cœurs» l'a séduite malgré ses cinquante six ans décrépis. Il lui promet monts et merveilles.... Coup de théâtre, le mari brusquement jaloux et brutal refuse d'être trompé et quitte Paris en emmenant sa jeune épouse. Condé est sommé de se rendre avec Charlotte au mariage de César le fils de Gabrielle, c'est là qu'Henri rusera pour revoir l'objet de son amour, jouant les roméo sous son balcon, après avoir escaladé le mur du jardin, tel un jeune jouvenceau ! Furieux, Condé décide de s'enfuir au Pays Bas espagnols avec Charlotte demandant asile aux archiducs d'Habsbourg. 

C'est le début de négociations laborieuses et non abouties entre l'archiduc qui a donné sa parole à Condé et le roi de France prêt à tout pour récupérer sa nymphette .Tout le monde tente de trouver une solution à l'amiable : les parents de Charlotte, les conseillers du roi et de l'archiduc, les ambassadeurs, les familles régnantes d'Europe, en vain. Deux camps se sont formés : les protecteurs des protestants et les alliés des catholiques : les vieux démons ressurgissent ! Ayant tout tenté sans succès, Henri souffreteux et déprimé ne voit pas d'autre issue que la guerre. L 'Europe est à la veille d’une rupture qui mettra le feu aux quatre coins de la chrétienté mais le roi a donné le feu vert pour les préparatifs de cette guerre insensée, qui ne se fera pas et pour cause, la vie du roi étant interrompue le lendemain du sacre de la reine.

L'amour l'a-t-il tué ?

Ravaillac fanatique? Vengeur de l'honneur de sa sœur ou exécuteur de ceux qui avaient intérêt à la mort du roi ? Il ne révèlera rien sous la torture, mais prononcera ces étranges paroles avant son supplice : «on m'a bien trompé quand on m'a persuadé que le coup que je ferai serait bien perçu du peuple» Qui est «on» ? Des soupçons se portent sur Henriette d'Entragues et le duc d'Epernon qui avait déjà utilisé les services de Ravaillac. Marie de Médicis elle-même, couronnée le treize, veuve le quatorze et régente le quinze mai aurait-elle participé au complot ? La suite des événements rapportés par les chroniqueurs sème des doutes sur ces questions... 

Dans le règne du roi de France et de Navarre, bien des femmes ont croisé sa vie pour le meilleur et pour le pire. Naïvement ou égoïstement, il a pensé pouvoir regrouper épouses et concubines sous un même toit, jouir des unes réjouir les autres, dans une course effrénée de l'amour. Victorieux de tant de batailles, il n'a pas été maître de sa vie amoureuse, prêt à offrir la couronne de France ou à déclencher une guerre pour les beaux yeux d'une femme ! Le jour du quatorze mai 1610, rue de la Ferronnerie devant l'auberge «au cœur couronné percé d'une flèche» Henri IV aurait pu écrire avant de mourir «l'amour m'a tué!!».

Bibliographie

Henri IV et les femmes, par Marylène Vincent, Editions sud ouest, janvier 2010.

Henri IV, les dames du Vert Galant, de Michel de Decker. Belfond, 2010.

Lettres d'amour d'Henri IV le vert galant, de Jean Castarede. France Empire, 2010.

 

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