massacre saint barthélémyLe massacre de la Saint-Barthélemy, dans la nuit du 23 au 24 août 1572, est un épisode sanglant des guerres de religion entre catholiques et protestants en France. Alors que le mariage d'Henri de Navarre et de Marguerite de Valois est censé apaiser les conflits, l’idée s’impose de tuer les nombreux gentilshommes protestants venus à Paris pour l'occasion. Le massacre commence dans la nuit du 23 au 24 août par le meurtre de Coligny dont le cadavre est défenestré. Puis les cloches de la capitale appellent au carnage. Les Parisiens assassinent 3 000 à 4 000 protestants. Seuls, Henri de Navarre et le prince de Condé échappent à la mort en abjurant le protestantisme. Le massacre se poursuivit en province jusqu'en octobre et déclenche la quatrième guerre de Religion. Impossible à évaluer de manière précise, le nombre de victimes est estimé à 13 000.

 

Origine de la Saint-Barthélémy

Après le court règne de François II, son frère Charles IX lui succède en 1560, mais il n'est âgé que de dix ans, et le pouvoir est de fait exercé par sa mère, Catherine de Médicis. Cette période est marquée par des troubles intérieurs, dont le massacre des protestants à Wassy, les victoires catholiques de Rouen et Dreux (1562-1563) puis de Jarnac (où le chef des protestants, Condé, trouve la mort). La Régente tente une politique de conciliation et le traité de paix de Saint-Germain (1570) est censé ramener la paix entre catholiques et protestants.

gaspard de colignyLa guerre contre l’Espagne de Philippe II et la conquête éventuelle de la Flandre devaient détourner les Français de la guerre civile. Le premier signe de cette réconciliation devait être le mariage d’Henri de Navarre. Cependant, dans tout le pays, et surtout à Paris, s'annonçait une puissante réaction catholique. Catherine de Médicis se rendait compte des dangers d’une guerre contre l’Espagne : elle voyait surtout qu’en poursuivant la politique de ménagements avec les protestants, les Valois risquaient d’être renversés par les Guise, soutenus par la majorité de l'opinion publique.

L'assassinat manqué contre Coligny

Le protestant Gaspard de Coligny, amiral de France, est l’un des principaux meneurs de la lutte armée depuis 1562. À cette époque, il a pour ennemi François de Guise, mort en 1563. Henri, nouveau duc de Guise poursuit âprement les combats. Dès 1571, il rejoint Paris et joue un rôle de premier plan au sein du Conseil royal. Le 18 août 1572, on célèbre l’union de Marguerite de Valois et d’Henri de Navarre. Les fêtes somptueuses sont interrompues quatre jours plus tard, quand Maurevert tire sur l’amiral.

Certains historiens attribuent cet attentat à Catherine de Médicis, inquiète de l’influence de Coligny sur son fils. Toutefois d’autres hypothèses semblent possibles car l’amiral compte de nombreux ennemis. Henri de Guise le tient pour responsable de la mort de son père. Philippe II et le duc d’Albe craignent qu’il prête main forte à Guillaume d’Orange pour libérer les Pays-Bas. Il se peut que ce soit une simple vengeance personnelle de Maurevert. Après l'échec du complot, certain nombre de nobles huguenots, venus à Paris pour le mariage de Marguerite de Valois, sœur du roi, avec Henri de Navarre (le futur Henri IV), exigèrent une enquête.

Le massacre de la Saint Barthélémy

Les guerres de religion créent une atmosphère tendue à Paris, où des prédicateurs sermonnent les foules et condamnent l’union d’une princesse catholique avec un protestant. Pour ne rien arranger, des milliers de huguenots se sont déplacés dans la capitale à l’occasion du mariage. Suite à l’attentat, ils exigent que justice soit faite. La décision de tuer Coligny et les principaux meneurs protestants est prise dans la nuit du 23 août. Prise dans des circonstances troubles, elle divise à nouveau les historiens qui proposent différentes pistes. Catherine de Médicis craint peut-être d’être reconnue coupable de l’attentat.

Le roi peut voir dans ces meurtres l’occasion de renforcer son pouvoir, miné par l’influence des chefs huguenots sur les sujets de la nouvelle religion. Les ultra-catholiques du Conseil peuvent y voir un moyen de revenir à une position intransigeante.Devant cette menace, le roi n’avait plus d’autre ressource que de devancer les Guise et de frapper lui-même le parti protestant à la tête : il s’agissait avant tout de ne pas laisser s’organiser un grand parti catholique contre le pouvoir royal.

massacre saint barthélémyCharles IX consentit donc au massacre. La populace parisienne, qui était déjà dans un état d’excitation extrême, fut alertée par le tocsin de Saint-Germain-l'Auxerrois. Le massacre fit plus de trois mille victimes (parmi lesquels l’amiral de Coligny), et l’on tua les protestants jusque dans le Louvre. Débordé par le peuple déchaîné, Charles IX réussit à sauver son beau-frère, Henri de Navarre, et le prince du sang Condé, qui échappèrent à ce sort grâce à leur conversion forcée, et furent détenus à la cour jusqu'en 1576. Le 26 août, le roi revendique la responsabilité du massacre de la Saint barthélémy devant un lit de justice.

Le parti protestant était en partie décapité, mais ses éléments les plus durs purent se réfugier dans l’Ouest, près de La Rochelle, et dans le Midi. 

La généralisation des massacres et ses conséquences

En quelques jours, les émeutes gagnent de nombreuses villes de province (La Charité, Meaux, Bourges, Orléans, Angers, Lyon, Troyes, Rouen, Bordeaux, Toulouse, Albi, etc.). On dénombre environ dix mille morts. Beaucoup de protestants se convertissent, si bien que leur nombre diminue de moitié dans les années 1580. Mais les aristocrates opposés au roi catholique manifestent toujours leur puissance militaire.

On s’oppose à Charles IX, qualifié de tyran. Certains auteurs contestent même le pouvoir royal après la Saint-Barthélemy, comme Théodore de Bèze. Charles IX est contraint de faire des concessions. L’édit de Boulogne du 11 juillet 1573 accorde la liberté de conscience et de culte. Les tueries provoquent l’indignation partout en Europe, à l’exception de l’Italie et de l’Espagne.

Bibliographie  

- La Saint-Barthélemy: Les mystères d'un crime d'État (24 août 1572), d' Arlette Jouanna. Folio, 2017.

La Nuit de la Saint-Barthélemy: Un rêve perdu de la Renaissance, de Denis Crouzet. Fayard, 1994.

Histoire et dictionnaire des guerres de religion, Gallimard, 1998.  

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