Visiter Berlin, découvrir son histoire et son patrimoine

Patrimoine | Europe

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Vous faites un voyage à Berlin ? Vous n’avez pas beaucoup de temps à consacrer aux visites touristiques mais vous voulez néanmoins voir « le principal » ? Histoire pour Tous vous conseille un itinéraire vous permettant d’aller de la célèbre Alexanderplatz au fameux Checkpoint Charlie en passant devant la prestigieuse université de Humboldt, sous la porte de Brandebourg et sans oublier l’inévitable Reichstag. Découvrez également des monuments moins connus mais tout aussi importants. Cette agréable visite pédestre est longue d’environ 6 km et dure de 1h30 à 2h pour les rapides et une durée… indéterminée pour les curieux qui s’arrêteront et liront les nombreux panneaux historiques et explicatifs. Berlin est en effet une ville chargée d’histoire. 

 

De l’Alex à Unter den Linden

De l’Alexanderplatz, vous pourrez admirer la célèbre tour de télévision (Fernsehturm) qui culmine à 368 mètres de haut. Symbole de Berlin-Est, elle fut construite de 1965 à 1969 et inaugurée par le chef d’Etat de la RDA d’alors, Walter Ulbricht. Dirigez vous ensuite vers l’est, en direction de la « mairie rouge », l’hôtel de ville (Berliner Rathaus). De là, vous pouvez faire un petit détour en marchant droit sur le quartier pittoresque du Nikolaiviertel pour plonger dans un Berlin médiéval aux rues étroites et pavées et admirez les jolies façades des immeubles. Marchez ensuite vers « l’île aux musées » (Museuminsel). Vous passerez un pont qui enjambe la Spree, sur votre gauche, un grand espace vert où était autrefois situé le Berliner Stadtschloss, la résidence principale des princes de Hohenzollern. Fortement endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut détruit en 1950 sur ordre de Walter Ulbricht qui décida de faire disparaître ce symbole de l’ancienne Prusse.

Sur votre droite se trouve le Lustgarten, grande place où aiment se relaxer les touristes et les étudiants sur les espaces verts. Très prisé par les nazis pour la place qu’il offre, ils firent ici de nombreux discours. Vous verrez également la cathédrale de Berlin (Berliner Dom) et l’ancien musée (Altes Museum). En vous approchant, vous apercevrez les nombreux impacts de balles et autres éclats d’obus datant de la Seconde Guerre qui parsèment les façades.

Unter den Linden et la Porte de Brandebourg

Continuez en direction de la Porte de Brandebourg, vous marchez maintenant sur la célèbre avenue Unter den Linden. Sur votre droite, la Nouvelle Garde (Neue Wache), œuvre considérée comme un chef-d’œuvre du classicisme allemand, elle fut transformée en monument dédié aux victimes du fascisme et du militarisme par les autorités est-allemandes en 1960. Vous passez ensuite devant le musée historique sur votre droite et l’ancien palais du prince héritier (Kronprinz) sur votre gauche (bâtiment en rénovation en 2011). Un peu plus loin, la prestigieuse université de Humboldt (Humboldt Universität zu Berlin) fondée en 1809.

C’est ici qu’étudièrent de nombreuses personnalités telles qu’A. Einstein, H. Heine, O. von Bismarck ou encore K. Marx ! Elle fait face à la faculté de Droit, bâtiment érigé en forme de balance, symbolisant la Justice, lorsque on le regarde depuis une vue aérienne. La place devant celui-ci se nomme la Bebelplatz et fut le site de l’autodafé nazi du 10 mai 1933. Des étudiants brûlèrent ce jour-là environ 20 000 livres jugés « non allemands » par les autorités nazies. Les œuvres de K. Marx, S. Freud, B. Brecht ou E. M. Remarque furent jetées dans les flammes et accompagnées des « hourras » des étudiants. Aujourd’hui, un monument rappelle ce douloureux souvenir, c’est la « Bibliothèque engloutie » de Micha Ullman.

Continuez votre chemin, toujours en direction de la Porte de Brandebourg. Très moderne, vous passerez devant le magasin Mercedes qui accueille les concept-car de la marque puis devant la très soviétique ambassade russe (de par son architecture), devant le musée de cire Madame Tussauds de Berlin et, enfin, vous arrivez directement devant la Porte de Brandebourg. Sur votre gauche, l’hôtel Adlon, célèbre palace où descendent les célébrités du monde entier et où, pour la touche people, Michael Jackson fit scandale en 2002 en portant son fils au dessus du vide pour le montrer aux journalistes du monde entier.
 
Inaugurée en 1791, la Porte de Brandebourg est un symbole très fort en Allemagne. Comme symbole de la séparation Est-Ouest d’abord, car étant située dans le no man’s land lors de la construction du Mur de Berlin, elle fut également le symbole de la réunification car c’est à cet endroit que des centaines de personnes manifestèrent et montèrent sur le mur en novembre 1989. Lorsqu’on la regarde depuis Unter den Linden (qui s’arrête ici), on remarque les deux ambassades française et américaine qui se font face. Au loin, on aperçoit la colonne de la Victoire (Siegessäule), colonne érigée en 1873 pour symboliser la victoire de la Prusse sur la France. Située sur la rue du 17 juin (Strasse des 17. Juni), cette nomination n’est pas anodine. En effet, ce nom rend ainsi hommage aux victimes de la terrible répression qui suivit les manifestations est-allemandes des 16 et 17 juin 1953.

Du Reichstag à la Postdamer Platz en passant par le Tiergarten

Depuis la Porte de Brandebourg, on aperçoit le Reichstag sur la droite. On remarquera la bande pavée qui serpente au milieu de la route et qui symbolise l’ancien tracé du mur de Berlin. Le Reichstag, c’est également un symbole fort pour l’Allemagne. Siège de l’assemblée parlementaire allemande (Bundestag) depuis la réunification de 1990, la reconstitution de sa coupole en verre détruite en 1945 fut un défi architectural pour Sir Norman Foster. En effet, elle est conçue de telle manière à ce que la salle des députés, située en dessous, soit inondée par la lumière naturelle. De même, elle est « tapissée » de panneaux solaires qui s’inclinent automatiquement en suivant le soleil afin de capter au mieux sa lumière et ainsi assurer plus de 80 % de la consommation électrique du bâtiment.

Bien que la guerre n’était pas tout à fait terminée, la prise du Reichstag le 30 avril/ 1er mai 1945 par les Russes est un des symboles forts de la chute du IIIe Reich. La célèbre photo montrant un soldat soviétique qui hisse le drapeau sur le toit est une scène rejouée et le soldat est un Georgien, soigneusement choisi pour faire honneur aux origines Staline. A notre connaissance, il n’existe pas de photo originale du hissage du drapeau mais différents témoignages indiquent qu’il n’était pas aussi beau car il était déchiré à maints endroits. Il avait, lui aussi, subi les affres de la guerre.

Revenez sur vos pas, repassez devant la Porte de Brandebourg et dirigez vous vers le sud, sur la Ebertstrasse. Sur votre gauche, le Mémorial dédié aux Juifs assassinés en Europe (Denkmal für die ermordeten Juden Europas) conçu par Peter Eisenmann et inauguré en 2004. C’est un champ couvert de stèles disposées en un maillage étroit. Les stèles ont les mêmes dimensions longueur/ largeur mais pas la même hauteur. De plus, le terrain n’est pas plat, il forme une comme une sorte de vague. L’architecte voulut ainsi donner une impression de « mal de mer », que l’on est une impression d’écrasement, de claustrophobie. Les allées étroites sont faites de telle sorte à ce que le visiteur se retrouve seul face à lui-même, à ses réflexions, interdisant ainsi les visites en groupes. Seul le centre de documentation situé en dessous permet les visites groupées et conférences.

Retrouvez la « surface », prenez la Hannah-Arendt Strasse et rejoignez la Gertrud-Kolmar Strasse. En continuant sur cette rue et à l’angle de la rue In den Ministergarten vous tombez sur un panneau indiquant l’emplacement de l’ancien bunker de Hitler, là où il se donna la mort le 30 avril 1945. Pour prévenir tout éventuel pèlerinage nazi, le bunker fut rasé et transformé en parking. De plus, aucun guide touristique de Berlin ne mentionne son emplacement…

Depuis là, on peut retourner sur nos pas et retrouver la Ebertstrasse qui longe le Mémorial des Juifs assassinés. Un peu dissimulé par la végétation, on peut aussi se diriger vers le Tiergarten, parc de 210 hectares, véritable « poumon de Berlin », pour apercevoir une stèle qui a la forme d’un bunker en béton et qui abrite en fait un monument dédié aux victimes homosexuelles du nazisme. Une petite lucarne permet de jeter un œil à l’intérieur de ce bloc de béton. Nous laissons ici le visiteur découvrir ce qu’il y a à l’intérieur.

De la Postdamer Platz à Checkpoint Charlie

Nous arrivons maintenant sur la Postdamer Platz, un des CBD de Berlin (Central Business District ou centre des affaires, dans le langage géographique). Quartier très moderne aux buildings contemporains bordés par des hôtels de luxe, il est neuf et est sorti de terre après 1990 ! En effet, le no man’s land du mur de Berlin passait en plein milieu de la place. Aujourd’hui, rien ne laisse présager de ce douloureux passé, si ce n’est la bande pavée au milieu de la route dont nous avons déjà évoqué la signification. On se dirigera alors vers le Sony Center pour admirer la coupole de verre et d’acier qui a pour particularité de reposer en équilibre sur le toit des bâtiments alentours. Attirant des dizaines de milliers de visiteurs par jour, cette place est l’un des endroits incontournables de Berlin.

Replongeons maintenant dans le passé nazi de Berlin. Prenons la direction de la topographie de la Terreur (Topographie des Terrors) pour arriver sur le lieu de l’ancien siège des organisations nazies (SS et Gestapo) de l’ancienne Prinz-Albrecht-Strasse dont la simple évocation provoquait l’effroi. Les bâtiments en ruines furent rasés après la guerre et aujourd’hui, c’est la Niederkirchnerstrasse. Egalement en souvenir, un morceau du Mur de Berlin a été laissé en place. L’exposition en plein air (et gratuite) retrace la montée du régime nazi et les crimes perpétrés par celui-ci. Un centre fut construit sur place et abrite une exposition permanente donnant d’autres informations et plus de détails sur le site ainsi que sur les politiques nazies de persécution et d’extermination.

Allez tout droit sur la Zimmerstrasse pour arriver en fin de notre visite : le célèbre Checkpoint Charlie, à l’intersection avec la Kochstrasse. Checkpoint Charlie, c’est un poste frontière qui séparait les quartiers de Mitte et de Kreuzberg alors respectivement sous contrôle russe et américain de la capitale divisée entre les vainqueurs depuis 1945. Le nom ne fut pas choisi en référence à quelque chose ou à quelque évènement particulier, c’est juste le nom de code de la lettre « C » du langage militaire. Le Checkpoint Alpha étant un point de passage entre la Basse-Saxe et la Saxe-Anhalt et le Checkpoint Bravo entre le Brandebourg et la ville/ Land de Berlin.
 
L’environnement immédiat au poste Charlie s’est métamorphosé depuis la réunification. En effet, les Russes avaient érigés des miradors et des couloirs et chicanes en béton pour limiter la vitesse des véhicules. Ce lieu fut également le théâtre de nombreuses évasions audacieuses de personnes dissimulées dans les caches les plus improbables des véhicules et fut le symbole même de la Guerre Froide, les deux superpuissances se faisant directement face. Le musée du Checkpoint est situé juste à côté. Il retrace l’évolution de la construction du Mur de Berlin, consacre une salle aux évasions les plus spectaculaires et abrite la guérite originale. 
 

Notre « périple » berlinois s’arrête ici. Comme on peut le remarquer sur la carte du trajet ci-jointe, la plupart des monuments sont concentrés dans la partie Mitte (arrondissement du Centre) de Berlin. Toutefois, il ne faut pas croire que c’est « tout » ce qu’il y a à voir. Berlin est une ville très riche sur tous les plans. Architecturalement, culturellement, historiquement… Au risque de nous répéter, nous avons conseillé ici un itinéraire de balade pour les visiteurs n’ayant pas beaucoup de temps à consacrer au tourisme mais qui a l’avantage de regrouper les principales Sehenswürdigkeiten (curiosités). 

Pour aller plus loin

- DÖBLIN, Alfred, Berlin Alexanderplatz, Paris, Gallimard, 2009. (roman retraçant la vie d’un petit malfrat, décrit la vie berlinoise des années 30, ambiance garantie)

- DROZ, Jacques, Histoire de l’Allemagne, Paris, PUF, 2003.

- OUDIN, Bernard, GEORGES, Michèle, Histoires de Berlin, Paris, Perrin, 2010.

 

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