Les châteaux de la Loire, trésors du patrimoine mondial

Patrimoine | France : Nord-Est

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Les châteaux de la Loire constituent un ensemble de châteaux, demeures royales et seigneuriales, bâtis depuis l’époque féodale jusqu’au XVIIe siècle entre Gien et Angers, le long de la Loire et de ses vallées affluentes. Ils représentent le faste d'une époque, celle de la Renaissance. Durant les guerres d'Italie, les souverains français découvrent le raffinement architectural italien. Ils décident alors de donner une allure « royale » à leurs demeures et transforment leurs châteaux ou en font construire de nouveaux. Au total, on considère que le Val de Loire compte, en dehors des châteaux royaux, près de 1 200 châteaux, manoirs et autres édifices de caractère, dont Chambord, Blois, Amboise, Chaumont et Chenonceaux.

 

Le Val de Loire, une région attrayante

Aux XVe et XVIe siècle, des demeures royales somptueuses apparaissent dans l’Orléanais, la Touraine et l’Anjou. Ces régions ne manquent pas d’attraits. Le climat y est doux et ensoleillé, et la nature verdoyante possède un charme indéniable. Loin des frontières, elles sont généralement épargnées par les guerres. Leur position géographique, entre le Sud et le Nord du pays, s’avère avantageuse pour les souverains français à l’heure où ils s’efforcent d’achever la centralisation. Après la guerre de Cent Ans, les châteaux perdent leur fonction défensive.

Ils deviennent de véritables résidences royales confortables, lumineuses et luxueuses. Avec les guerres d’Italie, les Français découvrent le raffinement architectural italien. Ils le transposent alors au sein de leurs propres constructions. Les premiers palais sont l’œuvre de maçons qui suivent leur inspiration, d’où leur exubérance. Les châteaux ultérieurs, œuvres de théoriciens de l’architecture, sont plus sobres.

L’influence italienne et la période classique

En 1496, le retour d’Italie de Charles VIII initie l’influence italienne dans l’architecture. Les corps de logis du château d’Amboise (reconstruit à partir de 1490) s’ouvrent à la lumière, les galeries de circulation de Blois (édifiées par Louis XII à partir de 1498) annoncent un raffinement nouveau. Les évolutions architecturales caractéristiques de la Renaissance trouvent leur pleine expression au début du xvie siècle, sous le règne de François Ier.

De ses guerres d’Italie, le souverain a rapporté le goût de la Renaissance italienne. Le logis nord de Blois (commencé en 1515), Chambord (en 1519) font intervenir de grands artistes italiens — architectes, sculpteurs, peintres. Le mélange de la brique et de la pierre, qui dominait les constructions élevées sous Charles VIII et Louis XII (Gien, Blois), laisse place au tuffeau blanc, qui devient le matériau de construction par excellence. La brique réapparaît sous le règne d’Henri IV et de Louis XIII, comme aux châteaux de Sully ou de Brissac.

Au XVIIe siècle, le style classique, marqué par l’équilibre des formes et la symétrie, parvient jusqu’aux rivages ligériens. Quelques édifices portent la marque de cette période : l’aile inachevée du château de Blois, où Gaston d’Orléans rêvait d’installer sa cour (1635-1638), Ménars (construit vers 1646 et future propriété de la marquise de Pompadour), Brissac (complètement rénové à partir de 1608) et surtout Cheverny (1604-1634), aux proportions harmonieuses.

Le château de Chambord

Cet immense palais illustre à merveille la transition entre l’architecture médiévale et l’architecture renaissante avec ses lanternes, ses pierres blanches, ses terrasses et ses nombreuses ouvertures. Un escalier à double révolution se dresse au milieu de la salle des gardes. Probablement conçu par Léonard de Vinci, il comprend une cage à deux hélices. Ceux qui l’empruntent peuvent se voir, mais ils ne se rencontrent pas. Il est richement décoré dans le goût italien et atteint la lanterne centrale, haute de 32 mètres. Si Chambord hérite d’un plan féodal, avec un donjon central et des fossés remplis d’eau, il sert uniquement de palais de chasse.

On ignore le nom de l’architecte qui le conçoit. Les maîtres Denis Sourdeau, Pierre Nepveu dit Trinqueau et Jacques Coqueau président les travaux, qui commencent en 1519. On soupçonne François Ier de vouloir impressionner Henri VIII et Charles Quint car il y reçoit ce dernier en grande pompe et y donne des réceptions somptueuses. Par contre, il ne réside que quelques semaines dans cette demeure qui symbolise la centralisation du pouvoir.

L’immense parc de Chambord recouvre aujourd'hui une réserve de chasse qui perpétue une activité très prisée par la cour, à l'origine de la construction du château. Le majestueux escalier en double spirale, les multiples terrasses, les toits qui paraissent sculptés, tous ces éléments font de Chambord une des splendeurs des châteaux de la Loire.

Le château d'Amboise

Amboise est construit sur un promontoire rocheux au bord de la Loire. En 1495, Charles VIII rentre des guerres d’Italie, accompagné d’architectes italiens. Il veut donner à sa demeure le prestige d’un palais royal. Le Boccador et Fra Giocondo figurent parmi les architectes du château, tandis que Pacello se charge des jardins. La reconstruction comprend une aile renaissante avec la tour des Minimes et ses riches décors italiens. Quand le roi y meurt en 1498, les travaux sont interrompus. Ils sont achevés sous Louis XII et sous François Ier qui y passe les trois premières années de son règne.

Il ne subsiste aujourd’hui, de ce vaste ensemble, que le Logis du Roi (dont la façade fait face à la Loire), la chapelle Saint-Hubert et deux tours appelées tour Hurtault et tour des Minimes. Le château d’Amboise est une construction gothique : conformément à l’esthétique médiévale, l’ornementation du Logis du Roi se concentre sur les parties hautes (corniche, lucarne) et la verticalité dirige l’élévation.

Par ailleurs, des aménagements ingénieux ont été réalisés comme dans les tours Hurtault et des Minimes qui sont des tours d’escalier dont les vis sont sans marches afin que la rampe puisse être gravie par des cavaliers ou des attelages légers. Mais le plus bel élément du château est sans doute la chapelle Saint-Hubert dont l’ornementation en pierre, souvent comparée à de la dentelle, rappelle les retables flamands. Les noms d’artistes flamands tel que Corneille de Nesve apparaissent dans les archives et attestent que cette chapelle au riche décor flamboyant a bénéficié d’apports étrangers.

Le château de Chaumont-sur-Loire

Chaumont-sur-Loire est au Xe siècle le siège d’une forteresse édifiée par les comtes de Blois. En 1465, Louis XI, roi de France, ordonne la destruction de cet ancien château, propriété de Pierre d’Amboise, alors que celui-ci est compromis dans la ligue du Bien public. Quatre ans plus tard, ce dernier recouvre son bien et le château est reconstruit par son fils Charles Ier d’Amboise entre 1473 et 1475. La construction du château est achevée par Charles II entre 1498 et 1510. À la mort d’Henri II, Diane de Poitiers est obligée de céder le château de Chenonceaux à Catherine de Médicis en échange de celui de Chaumont dont elle prend possession.

À la fin du XIXe siècle, la famille de Broglie acquiert le château qui devient un lieu de fêtes somptueuses. Le château est restauré par l’architecte Pierre-Etienne Sanson, les écuries sont aménagées de stalles aux mangeoires émaillées et le parc, entièrement redessiné par Henri Duchêne, reçoit une illumination électrique. En 1940, le château est classé monument historique. Il est devenu propriété de l’État en 1938. Depuis 1992, le Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire s’installe chaque année dans le parc du château, où des artistes contemporains du monde entier composent des jardins audacieux.

Le château de Blois

La forteresse de Blois surplombe la Loire. Demeure des comtes de Châtillon, elle existe depuis le xmc siècle. Le poète Charles d’Orléans hérite de cette possession. II y séjourne après son retour d’Angleterre. Son fils Louis XII effectue à nouveau des transformations et fait de Blois sa résidence favorite. Il aménage l’intérieur dans le goût italien. François ier fait construire une nouvelle aile pour enrichir le château. Le Boccador en conçoit la riche façade dans le goût français. Un élégant escalier sculpté la coupe du côté de la cour. Il est encastré dans une cage octogonale et peut servir de tribune.

Malgré plusieurs grands projets, notamment sous le règne d’Henri IV, peu de réalisations subsistent des divers travaux entrepris entre la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle. Sous Louis XIII, l’architecte François Mansart est chargé de reconstruire l’ensemble de l’édifice mais les travaux sont interrompus en 1637. Seul le bâtiment occupant le fond de la cour voit le jour. La façade, d’une sobre ordonnance classique, est organisée autour d’un avant-corps richement sculpté dédié à la gloire du prince. À l’intérieur, seule est achevée la haute salle voûtée en coupole qui abrite l’escalier, construit tardivement (en 1932) sur le modèle de celui du château de Maisons, autre réalisation de François Mansart.

Depuis 1869, le château de Blois abrite, dans les appartements de l’aile Louis XII, un musée des Beaux-Arts. Une salle est consacrée à l’iconographie de la mort du duc de Guise, assassiné au château en 1588 sur ordre d’Henri III, pendant les guerres de Religion.

Le château de Chenonceau

Le plus original des châteaux de la Loire est construit à l’emplacement d’une ancienne forteresse défensive totalement inconfortable. Thomas Bohier, receveur des Finances de Charles VIII, achète la demeure et fait bâtir son château. Sa femme dirige les travaux avec beaucoup de goût. Elle innove en faisant construire des escaliers à rampe droite. François Ier reprend le château et Henri II le donne à sa maîtresse, Diane de Poitiers. C'est à cette dernière que l'on doit le pont à cinq arches qui enjambe le Cher. À la mort d’Henri II, Catherine de Médicis exige Chenonceau contre Chaumont. Sur le pont qui donne accès à la demeure, la reine fait construire une galerie à double étage décorée à l’italienne. Le premier étage sert de salle de bal.

Les châteaux de la loire, une destination touristique prisée

Propriétés de l’État (Azay-le-Rideau, Chambord, Angers) et des villes (Saumur), ou demeures privées, la grande majorité des châteaux de la Loire sont ouverts au public. Remeublés (Chaumont, Azay-le-Rideau), restaurés (Talcy) ou transformés en musée (musée de la chasse à Gien ; musée du Cheval et musée d’Arts décoratifs à Saumur ; galerie de la Tenture de l’Apocalypse à Angers), ils attirent chaque année plusieurs centaines de milliers de touristes français et étrangers. Arrivent en tête Chambord, Blois, Amboise, Villandry, Azay-le-Rideau et Chenonceaux, qui comptabilise à lui seul quelque 900 000 visiteurs annuels. 

En 2000, le val de Loire a été classé sur la liste du patrimoine mondial par L'UNESCO.

Pour aller plus loin

Les châteaux de la Loire, de Alain Cassaigne. De Borée, 2019.

Les châteaux du Val de Loire, de Jean-Marie Pérouse de Montclos. Place des victoires, 2000.

Guide du Routard Châteaux de la Loire 2020. Hachette tourisme, 2019.

 

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