Polybe, historien grec (IIe siècle av. J-C)

Biographies | Penseurs et historiens

Par le

Polybe (v. 203 av. J.-C.-v. 120 av. J.-C.) est un historien grec et auteur d'une monumentale Histoire universelle des civilisations antiques. Pris en otage très jeune par Rome et exilé de sa terre natale. Il devient toutefois un proche de Paul-Emile et Scipion Emilien, et effectue une grande carrière. On lui doit des textes majeurs sur le fonctionnement de la République romaine et la Guerre Punique, et il constitue donc une source incontournable pour l’histoire romaine. Il meurt d’une chute de cheval à plus de quatre-vingts ans, et laisse derrière lui une œuvre considérable.

 

Polybe, otage au service de Rome

Né en Arcadie vers 200 (la date la plus partagée est aujourd’hui 203), à Mégalopolis, Polybe est issu d’une grande famille de sa cité. Son père, Lycortas, est à la tête de la confédération achéenne, et Polybe lui-même hipparque au sein de cette dernière. Il participe ainsi à la guerre contre Antiochos III, dans les années 180, avec les alliés grecs des Romains.

A cause de l’attitude des Achéens dans la guerre contre Persée (qui s’achève à Pydna, en 168), les Romains décident de prendre en otage certains notables en 167. Polybe en fait partie, et il part à Rome, où il sera exilé jusqu’en 150. Toutefois, il s’attire la sympathie de grands de la République, parmi lesquels Paul-Emile. Cela lui permet de gagner sa liberté et de demeurer à Rome.

Le Grec devient, après sa libération, un proche de ceux qui l’avaient pourtant pris en otage. Il conseille Paul-Emile (chez qui il loge), puis est même mandaté par le Sénat. Ainsi, il effectue des missions en Espagne, en Gaule et dans les Alpes, entre 151 et 150. Puis, en 146, il voyage en Maurétanie et en Lusitanie, avant de revenir en Grèce. Suite au sac de Corinthe et à la dissolution de la confédération achéenne, il est chargé de négocier avec les cités du Péloponnèse. En 140, Polybe est en Orient (Egypte, Syrie) et, de retour en Occident, il assiste au sac de Numance (133).

Sa proximité avec certaines élites romaines l’amène à se rapprocher du jeune Scipion Emilien, dont il devient le mentor. Polybe l’accompagne quand il est tribun militaire, contre la révolte des Celtibères (150). Le jeune Scipion écoute les conseils de l’ancien militaire grec (spécialiste de poliorcétique) et décide de les appliquer contre le grand ennemi de Rome, Carthage. Ainsi, aux côtés de Scipion, Polybe participe au sac de la cité carthaginoise, qui est rasée en 146, marquant la fin des Guerres Puniques.

L’œuvre de Polybe

A sa mort à plus de quatre-vingts ans, âge canonique pour l’époque, Polybe laisse une œuvre considérable, qui nous est parvenue en partie. Car le Grec ne s’est pas contenté d’accomplir des missions diplomatiques pour le Sénat romain, ou de conseiller le vainqueur de Carthage. Grâce à sa position, il a eu accès à des sources précieuses, en particulier la bibliothèque de Persée, pour son travail d’historien.

Polybe écrit tout d’abord des traités militaires, dont Scipion Emilien se sert à Carthage et Numance. Puis, ce sont ses Histoires, qui visent à expliquer la supériorité de Rome, dont il a été témoin, et un temps victime. Selon lui, la puissance romaine repose sur l’armée, mais également sur sa Constitution et sur la Fortune. Polybe veut développer une histoire pragmatique, s’attachant aux faits avec distance, ce qui en fait une source majeure pour l’histoire romaine, en particulier le fonctionnement des institutions et la Guerre Punique, même si le Grec peut être considéré comme « pro-romain ».

Polybe est donc un incontournable des sources antiques, allant même jusqu’à influencer ses illustres successeurs, tels Tite-Live, Diodore, Appien et Plutarque.

A lire 

- Polybe, Histoires, Gallimard, 2003.

 

Poursuivez votre lecture avec nos autres articles sur le même thème