Empire du Mali (XIIIe-XVe siècles)

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L'empire du Mali est le premier des grands empires musulmans d'Afrique occidentale, qui contrôla cette région du XIIIe au début du XVe siècle. Fondée par le légendaire Soundiata Keita, cette nouvelle entité devient rapidement un Etat riche et puissant, connecté aux réseaux commerciaux et culturels de l’Afrique, bien au-delà du Sahara, jusqu’au monde musulman. Au XIVe siècle, la réputation du Mansa franchit même la Méditerranée puisqu’on le retrouve présenté sur le célèbre Atlas catalan, offert au roi de France Charles V par le roi d’Aragon. L'Empire du Mali se désagrégea à partir du XVe siècle avec l'émergence du royaume de Gao, mieux placé pour les relations commerciales avec le monde arabe, et dont allait naître l'Empire songhaï.

 

La fondation de l'Empire du Mali

Mélange de traditions orales et de sources écrites tardives ou issues du monde musulman, la fondation de l’Empire du Mali est liée à l’épopée en grande partie légendaire de Soundiata Keita.

Les versions étant nombreuses et différant sur certains aspects, il est difficile de décrire une manière avec laquelle Keita a fondé l’Empire du Mali. On peut malgré tout dire que le Manden (ou Manding), cœur du futur empire mandingue, et situé aujourd’hui entre la Guinée et le Mali, aurait été attaqué par le roi de Soso, Sumaworo. Ce dernier aurait vaincu Dankara Tuman, dont le demi-frère, Soundiata Keita, avait été exilé.

Les habitants du Manden auraient appelé Keita à l’aide, vers les années 1230. Après plusieurs batailles, le roi de Soso est vaincu, et Keita, qui a réuni la plupart des clans de la région, devient « Mansa ». Il règne jusqu’en 1255 et met en place une solide administration. Centralisé et prospère grâce à ses ressources en or, l'Empire du Mali domine alors l'Afrique occidentale (où il diffuse massivement l'islam) jusqu'au XVe siècle.

La capitale et la cour du Mansa

La capitale de l'empire du Mali était vraisemblablement Niani, sur le Sankarani, au nord-est de la Guinée actuelle. Elle reçut la visite du voyageur tangérois Ibn Battuta, en 1353. Admis à la cour, il admira « les magnifiques carquois d'or et d'argent des écuyers, sabres ornés d'or et dont les fourreaux (étaient) en or, lances en or et en argent [...] les beaux habits des femmes coiffées de bandeaux d'or et d'argent, garnis de pommes d'or ».

C’est principalement grâce au voyageur musulman Ibn Battûta que nous connaissons le fonctionnement de la cour de l’empereur du Mali (qu’il appelle « sultan ») au XIVe siècle. Il la décrit comme somptueuse, avec la présence tant des ministres que des militaires, des gouverneurs, et de vassaux semi-indépendants. Ibn Battûta insiste sur l’étalage de richesse qui caractérise cette cour. Des produits rares, comme le velours et la soie, mais surtout de l’or, beaucoup d’or. En effet, si la population vivait principalement de l’agriculture, l’Etat tirait sa grande richesse de l’exploitation de l’or et du commerce transsaharien, notamment l’esclavage.

Le pèlerinage à la Mecque de Kanga Moussa

Aussi célèbre, voire plus, que Soundiata Keita, le Mansa Kanga Moussa s’est illustré au XIVe siècle. C’est lui qui est représenté sur l’Atlas catalan, à la manière d’un monarque d’Occident, assis sur un trône, couronné, un spectre à la main, et tenant dans l’autre main une sphère couleur or. 

Pour les contemporains, Kanga Moussa était connu pour son grand pèlerinage vers La Mecque, effectué entre 1324 et 1326. Accompagné de milliers de soldats, d’une partie de sa cour, et d’une gigantesque caravane pleine d’or (on parle de plusieurs tonnes), l’empereur s’arrêtait chaque Vendredi saint dans une ville ou un village et y faisait construire une mosquée. Il aurait dépensé tant d’or qu’il en aurait fait chuter le cours, et aurait finalement été obligé d’emprunter à un Egyptien arrivé au Caire ! Cela n’empêche pas l’empereur, à son retour, de construire de grandes mosquées à Gao et Tombouctou, et un palais à Niani, décrit par Ibn Battûta.

De l’Empire du Mali à l’Empire Songhaï

Le règne de Kanga Moussa constitue à la fois l’apogée et le déclin de l’Empire du Mali. A sa mort en 1337 (la date fait débat), les caisses sont vides.

Au cours du XIVe siècle, même si l’empire est en relation avec ses voisins, notamment le Maroc (Kanga Moussa aurait envoyé, selon Ibn Khaldûn, un émissaire au sultan marocain suite à la prise de Tlemcen), l’affaiblissement s’accélère, particulièrement son influence sur le grand commerce. Le Mali se retrouve sous la menace des Touaregs, et finit par céder sous les coups des Songhaï.

Ces derniers, issus de la boucle du Niger, fondent au XVe siècle un empire qui n’aura rien à envier à la puissance de l’Empire du Mali, même s’il s’écroulera à son tour à la fin du XVIe siècle. 

Bibliographie :

-          F. Simonis, L’Afrique soudanaise au Moyen Âge. Le temps des grands empires (Ghana, Mali, Songhaï), Sceren, 2010.

-          P. Boilley, JP. Chrétien, Histoire de l’Afrique ancienne, VIIIe-XVIe siècle, Documentation photographique, 2010.

 

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