Histoire de Spartacus : la révolte des esclaves (73-71 av J.C)

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En 71 av. J.-C., une rébellion de gladiateurs et d'esclaves, menée par l'ancien gladiateur Spartacus, ravage l'Italie du Sud et tient tête aux légions romaines. Esclave et gladiateur peut-être originaire de Thrace, Spartacus était probablement un déserteur de l'armée romaine, vendu comme esclave à une école de gladiateurs de Capoue. En 73 av. J.-C., il s'échappa avec d'autres gladiateurs et occupa le cratère inactif du Vésuve, où le rejoignirent de nombreux esclaves fugitifs. Il entraîna ses partisans dans la troisième guerre servile, ou guerre des Gladiateurs, battant deux armées romaines et dévastant le sud de l'Italie. L'armée rebelle ne sera vaincue qu'au bout de deux ans et tous les partisans de Spartacus seront massacrés.

 

L'esclavage dans la Rome antique

L'esclavage romain différait sous plusieurs aspects importants de celui de l'Antiquité grecque. Les maîtres romains avaient plus de droits sur leurs esclaves, y compris le droit légal de vie et de mort. L'esclavage était également beaucoup plus nécessaire au système économique et social de Rome, en particulier durant la période de l'Empire, qu'il ne l'avait été à la Grèce. Les Romains, qui possédaient souvent de grandes demeures en ville et à la campagne, avaient besoin d'un grand nombre d'esclaves pour gérer efficacement leurs foyers.

La politique expansionniste mettant à rude épreuve la main-d'œuvre de la République romaine, de grands contingents d'esclaves étrangers devaient être importés pour combler les besoins de main-d'œuvre agricole. Le principal moyen d'acquérir des esclaves était la guerre. Des dizaines de milliers de prisonniers de guerre furent amenés à Rome pour y être réduits en esclavage. Les personnes reconnues coupables de crimes graves et les débiteurs qui se vendaient, eux-mêmes ou des membres de leurs familles, pour rembourser leurs dettes, constituaient d'autres sources d'approvisionnement en esclaves. Les révoltes d'esclaves, comme celle de Spartacus en 71 av. J.-C., qui fut la plus importante à l'époque romaine, se sont terminées par des carnages et l'application aux survivants de la peine la plus infamante, à savoir la crucifixion.

Les combats de gladiateurs

Durant l'Antiquité, le Colisée de Rome est célèbre dans tout l'Empire romain pour ses combats de gladiateurs (numera). Ceux-ci suivent un entraînement spécial pour participer à ces spectacles grandioses. Les premiers combats ont lieu à Rome en 264 av. J.-C. et perdurent jusqu'en 500 apr. J.-C. Les gladiateurs, qui sont souvent des esclaves, des chrétiens persécutés, des criminels voir des hommes libres, se battent jusqu'à la mort. Ceux qui survivent à plusieurs combats sont fortement acclamés et pouvaient être déchargés de leur obligation de combattre. Les Romains se passionnent alors pour ces spectacles sanglants : l’empereur Trajan aurait organisé des jeux avec 10 000 gladiateurs (c’est-à-dire 5 000 combats) !

Les gladiateurs sont entraînés dans des écoles de gladiateurs où ils sont soumis à une dure discipline. Il existe plusieurs types de gladiateurs, comme par exemple :

– le rétiaire, simplement armé d’un filet et d’un trident.

– le Thrace, armé d’un sabre, d’un casque et d’un bouclier rond.

– le Samnite, lourdement armé d’une épée, d’une cuirasse, d’un casque à visière et d’un bouclier long.

Selon la tradition, lorsqu'un gladiateur tient un adversaire à sa merci, il se tourne vers les spectateurs. Si ceux-ci souhaitent qu'il épargne la vie du vaincu, ils lèvent leur pouce vers le haut, mais s'ils pensent qu'il doit mourir, ils le tournent vers le bas. Un gladiateur victorieux est acclamé par la foule. S’il survit à de nombreux combats, il peut être libéré. La vie de gladiateur est difficile comme le montre l’histoire de Spartacus, sans doute le gladiateur le plus célèbre.

L'histoire de Spartacus

Ancien berger devenu soldat dans un corps auxiliaire romain, Spartacus déserta, fut repris et réduit en esclavage, puis vendu comme gladiateur à un entraîneur de Capoue, Lentulus Batiatus. En 73 av. J.-C., il s’évada avec soixante-dix compagnons, appela aux armes les esclaves et se retrancha avec une nombreuse troupe sur le Vésuve. Des milliers d’esclaves se joignent aux insurgés, et aussi des ouvriers agricoles particulièrement misérables.

Sur ces latifundia lointaines, perdues au fond des campagnes, travaillaient dans des conditions lamentables des troupes innombrables de captifs venant de tous les pays envahis au cours de toutes les guerres. La révolte allait s’étendre avec la rapidité d’un feu de broussailles. Ce n’était d’ailleurs pas la première, mais cette fois, le génie de Spartacus allait en faire une véritable guerre.

Rome avait dû dépêcher en catastrophe un détachement de 3000 hommes, qui se trouvèrent à un contre vingt face aux insurgés, et furent défaits. Toute l’Italie du Sud s’enflamma et fut livrée au pillage systématique. En 72, deux consuls furent battus à plate couture, et l’armée romaine subit une cuisante humiliation : quatre cents prisonniers romains furent invités à tâter eux-mêmes de la gladiature au cours d’un gigantesque combat monté par un Spartacus qui ne manquait pas d’humour. De défaite en défaite, la situation devenait tragique. 

La fin de la "guerre des gladiateurs"

Bien qu’ayant battu plusieurs forces romaines envoyées contre lui, Spartacus se rendit compte qu’il ne pourrait se maintenir indéfiniment en Italie et décida de se diriger vers les Alpes pour passer en Gaule. Entraînant à sa suite plus de 70000 anciens esclaves, il réussit à arriver en Gaule Cisalpine, mais ses hommes refusèrent d’aller plus loin, préférant continuer à piller l’Italie. Il renonça à s’emparer de Rome et se décida à revenir en Italie méridionale.

A Rome, l’alarme était si vive que Crassus, pour combattre les rebelles, reçut le pouvoir proconsulaire avec dix légions : refoulé dans le Brutium et cerné aux environs de Regium, Spartacus tenta vainement de passer en Sicile et, après avoir obtenu encore quelques succès, il tenta de gagner Brindes pour franchir l’Adriatique, mais fut écrasé et tué par Crassus près du Silare. Pompée, qui acheva de nettoyer l’Italie des derniers groupes d’esclaves révoltés, s’attribua tout le mérite de la victoire. L'insurrection fut matée et de nombreux rebelles furent crucifiés le long de la via Appia qui reliait Capoue à Rome.

Le personnage historique a inspiré un célèbre péplum à Stanley Kubrick, avec dans le rôle titre Kirk Douglas (Spartacus, 1960). Plus récemment, une série télévisée américaine de Steven S. DeKnight a adapté très librement le mythe de Spartacus, des combats de Gladiateurs et de la révolte des esclaves.

Bibliographie

Spartacus, chef de guerre, de Yann Le Bohec. Tallandier, 2016.

- Spartacus, biographie d'Eric Teyssier. Tempus, 2017.

 

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