La « Grèce antique » est le terme donné à la civilisation qui a débuté vers 700 av. J.-C en Grèce et dans ses colonies et a connu son apogée au Ve siècle avant notre ère. Dans le domaine de l'art, en politique, en littérature, en philosophie ou en science, l'héritage de la Grèce antique influence encore notre monde. La civilisation grecque a presque tout inventé, à commencer par la démocratie. C’est pourtant au rythme des guerres que vivaient les cités grecques comme la puissante thalassocratie d'Athènes ou la redoutable ville de Sparte. Malgré leurs divisions, les Grecs étaient unis par une culture, une religion et une langue commune. La culture grecque se répandra en Asie avec les conquêtes d'Alexandre le Grand, puis en Europe au temps de la domination romaine.
A l’aube de la civilisation grecque
Au cours du IXe siècle avant notre ère, la Grèce archaïque émergea des ténèbres ou l’avait plongé la disparition de la civilisation mycénienne. Une nouvelle vague d’envahisseurs, les doriens, introduisit l’usage du fer, qui redonna un nouveau souffle à la vie urbaine. Les villes évoluèrent en cités-états indépendantes, gouverné d’abord par des rois. Les échanges commerciaux se développant, les gouvernants mandaient leurs citoyens outre-mer pour fonder des colonies marchandes.
Cette migration leur permettait de résoudre en partie le problème de surpeuplement de la péninsule, due notamment à la pénurie de terres cultivables. D’importantes villes grecques jalonnaient alors le littoral d’Asie mineure (Anatolie), celui de la mer noire, de la Sicile et du sud de l’Italie, et de l’Espagne. Seuls les phéniciens pouvaient rivaliser avec la puissance grecque.
Au cours des IXe et VIIIe siècles av. Jésus Christ, période qui nous est surtout connue par les récits d’Homère et d’Hésiode, se mettent en place certains des traits qui vont distinguer l’époque archaïque de la Grèce classique à venir. Ainsi, parallèlement à la redécouverte de l’écriture et à la renaissance de la religion grecque, émergent des structures sociales (très petites unités territoriales dirigées par un basileus, un roi, c’est-à-dire celui qui possède le plus riche domaine, avec des classes sociales allant des nobles, principaux compagnons du roi, aux esclaves, exclus de toute vie politique et de l’armée) et un système de valeurs (fondé sur l’hospitalité et le courage), caractéristiques d’une culture grecque commune.
La Grèce antique et l’émergence des Cités-Etats
Il y avait déjà deux siècles que la majorité des cités-états de la Grèce, délaissant la monarchie, était dirigée par des aristocrates ou des chefs de clans héréditaires, à l’exception de Sparte et d’Argos. Peu à peu le ressentiment des citoyens à l’égard de la noblesse s’accentua : le peuple réclamait le droit de se prononcer sur la manière dont il était gouverné. Ça et là éclatèrent des révolutions, menée par des chefs charismatique qui pour gagner la confiance du peuple, confisquaient la terre aux riches pour la distribuer aux pauvres.
Les tyrans gouvernent sans les nobles, et parfois même contre eux. Certains se révèlent des dirigeants avisés et accroissent la puissance de leur cité, à l’instar de Polycrate (qui règne approximativement en 535-522 av. J.-C.), à Samos. La période de la tyrannie (v. 650-500 av. J.-C.) correspond à une ère d’essor culturel et économique. Les échanges commerciaux, en particulier par la voie maritime, se multiplient, et l’usage de la monnaie devient essentiel.
Le développement d’activités culturelles communes à toutes les cités grecques est l’un des grands facteurs d’union dans la Grèce antique, malgré l’émiettement politique, parallèlement à la langue et à la religion. Des pratiques comme les jeux panhelléniques organisés à Olympie (jeux Olympiques), Delphes, Némée et la première agriculture, contribuent à la prise de conscience par les Grecs de leur appartenance à une même civilisation.
Les tyrans puisque que tel étaient leur nom, en abusant eux-mêmes de leur autorité, devinrent a leur tour la cible de la vindicte du peuple, décidé à se faire entendre.
L'agriculture de la Grèce antique
Dans le milieu méditerranéen pèsent de fortes contraintes naturelle. La contrainte la plus forte est l'existence d'une saison sèche en été. La deuxième contrainte est de trouver une utilité économique aux montagnes. Ils ont développé la première agriculture méditerranéenne fondée sur la trilogie méditerranéenne. Ce système repose sur trois cultures fondamentales : les céréales, la vigne, et l'olivier.
Les deux céréales essentielles sont l'orge et le blé. L'orge est la première céréale cultivée. Cette prédominance de l'orge s'explique par le fait que l'orge est bien adaptée au climat méditerranéen : l'orge a besoin de peu de précipitations au printemps pour arriver à maturité. L'orge une céréale que l'on plante par sécurité, c'est une céréale de subsistance qui comporte cependant un défaut : il est difficile d'en faire du pain, et la conséquence est que l'orge est consommée plutôt sous forme de bouillie : la maza..
Le blé est de plus en plus cultivé quand on va au nord de la Grèce. Ce blé, par rapport à l'orge, est avantageux, car il permet de fabriquer du pain (artos) est c'est un aliment de lutte. Cet aliment va caractériser l'alimentation des citadins, des couches urbaines. Ce blé a un défaut : il est plus sensible à la sécheresse de printemps et semer du blé est un risque économique, c'est en conséquence une céréale spéculative.
Ces céréales sont cultivées par rotation biennale des cultures, c'est-à-dire que cela repose sur un site de deux années. La première année est l'année de jachère. Cette année est celle où la terre n'est pas ensemencée. La jachère est régulièrement labourée. Ce labour se fait au moyen de l'araire, instrument en bois, léger et adapté au sol méditerranéen. La deuxième année, on procède aux semailles en automne et à la récolte au printemps. Pour ces moissons du printemps, on commence par l'orge en avril, et on continue par le blé en mai/juin.
Dans cette culture des céréales grecques, on obtient un rendement faible, car on utilise assez peu d'engrais. Cette faiblesse des rendements a pour conséquence la crainte de la crise frumentaire. Les céréales sont sous la protection d'une divinité particulière : la déesse Déméter.
Au début de l'époque archaïque, l'olivier est uniquement un arbre de berger, de jardin. Pendant l'époque archaïque, cette oléiculture se développe et on a désormais une oléiculture de masse dans certaines régions du monde grec, comme dans la région de l'Attique ou du Nord-ouest du Péloponnèse. C'est un arbre qui ne craint pas la sécheresse. Cette culture nécessite un grand investissement au départ, qui provient du fait que les oliviers mettent longtemps à arriver à l'âge adulte. Une fois à maturité, l'arbre ne demandait cependant pas de travail. Le seul moment où l'oléiculture demande de la main d'œuvre, c'est pendant la récolte qui a lieu d'octobre à décembre.
La production d'huile nécessite des pressoirs coûteux et on a pu observer des progrès technologiques avec la fabrication de pressoirs de plus en plus complexes. L'huile d'olive avait des usages multiples. Elle servait pour l'alimentation essentiellement, mais aussi pour l'éclairage, pour l'hygiène. La déesse protectrice de l'olivier était Athéna.
La viticulture demandait beaucoup de travail : la vigne doit être taillée. Cette viticulture demandait aussi une main d'œuvre abondante au moment de vendanger. Face à cette demande en main d'œuvre, elle avait aussi des avantages puisque cette culture qui pouvait contenir des revenus complémentaires intéressants pour les paysans. Des régions viticoles s'étaient tournées vers la production de grands vins destinés au commerce extérieur. Un des plus chers était le vin de l'île de Thasos, en Grèce du Nord.
La vigne et le vin sont associés à Dionysos. Il y avait une consommation élitiste du vin dans le cadre du banquet (le symposion) qui était une réunion d'hommes suivant un repas, en soirée, autour du Cratère. C'était une pratique de sociabilité des élites. Les grecs considéraient que boire du vin pur était de la barbarie : il était mélangé à l'eau.
Le secteur artisanal
L'artisanat s’exerçait dans l'oikos. On trouvait aussi les artisans au village (forgerons), beaucoup d'ateliers artisanaux sont cependant situés en ville, d'abord dans les quartiers spécialisés où ils sont regroupés par métiers (ex : quartier du Céramique à Athènes), autour de l'agora ou sur l'agora, dans les maisons privées (au rez-de-chaussé).
Du point de vue des statuts sociaux, les artisans sont souvent des non-citoyens :
- des métèques
- des chôris oikountes : des esclaves qui vivent indépendamment de leur maître, auxquels on a appris un métier. C'est un investissement car ils connaissent un métier et son placés dans une boutique dont le revenu revient pour l'essentiel à leur maître. Ces esclaves ressemblaient beaucoup à des hommes libres.
La cité avait un regard assez méprisant sur ceux qui travaillaient dans ce secteur de l'économie.
L'ergastèrion était l'unité de base dans le domaine de la production artisanale. Sa fonction était triple : un atelier (lieu de production), mais aussi un lieu de commercialisation (une boutique), et enfin cette unité avait une troisième fonction qui était le lieu d'habitation de l'artisan avec ses ouvriers. Un atelier n'occupait qu'un petit nombre de personnes. L'ergastèrion moyen faisait travailler quatre à cinq personnes, le patron compris. Des ateliers plus importants sont tout de même développés, notamment à Athènes, un atelier appartenant à un métèque : Képhalos de Syracuse. Dans cet atelier, on y fabriquait des boucliers avec une main d'œuvre de 120 esclaves, ce qui était important pour l'époque.
Depuis 1890, on trouve principalement deux grandes écoles d'interprétation de l'économie dans l'Antiquité : les modernistes et les primitivistes. Les modernistes (Michael Rostovtzeff) ont une grande idée de développement fondée sur l’artisanat et sur le commerce à longue distance, également sur la naissance des premières banques de l'histoire. Ils expliquent donc le développement de l’artisanat et des finances par une organisation complexe. Cette école des modernistes a aujourd'hui été remplacée par celle des primitivistes...
Les primitivistes (Moses Finley) mettent en avant une incompréhension de la spécificité des phénomènes économiques chez les grecs, une agriculture de la subsistance, une marginalisation des marchands, un blocage des techniques en raison de l'emploi des esclaves.
Les grecs n'avaient pas de mot pour parler d'économie, ils n'ont donc pas pu fonder une politique économique. L'idéal de la cité grecque était l'idéal de l'autarcie : les cités n'ont jamais développé leur commerce extérieur. Non seulement il ne fût pas développé, mais les marchands ont toujours été regardés avec méfiance. Enfin, toujours selon cette théorie, il y aurait eu un blocage des techniques : pas d'invention de machines vu la présence d'esclaves.
Aujourd'hui, la théorie des primitivistes a été révisée. L'exemple du pressoir a révélé des innovations techniques.
Le grand commerce
Les biens échangés étaient des biens de luxe (huile d'Athènes, vin de Thasos, laines de Milet), chaque cité avait une spécialité qu'elle exportait. Également des matériaux stratégiques (bois de Macédoine, pour concevoir des navires de guerre), ce bois était exporté à Athènes. Le commerce des esclaves était quant à lui développé en Asie Mineure, au Pont Euxin, et en Syrie, principalement. Il se développe à l'époque classique, les grecs importaient des esclaves qui provenaient de régions périphériques. Enfin, des céréales, et plutôt du blé, intégraient ce commerce, l'approvisionnement s'effectuait au Pont Euxin, en Sicile et en Égypte.
Les transports terrestres étaient lents et coûteux, et la multiplicité des frontières entre les cités encourageaient le commerce maritime. Les navires de commerce (navires ronds) étaient propulsés à la voile, et ils avaient une coque pour mettre la cargaison. Ces navires naviguaient en fonction d'un calendrier saisonnier. Les grecs distinguaient deux grandes saisons dans l'année : pendant l'hiver, les marins craignaient les tempêtes, durant l'hiver il n'y avait donc jamais de grands trajets, c'était la saison dite de la « mer fermée ». A partir du mois de mai cette navigation s'intensifiait, cela durait jusqu'au mois de septembre, période de la « mer ouverte ». Cette période était celle où les échanges commerciaux étaient les plus intenses.
L'emporion était un port de cité. Le plus célèbre fût le port d'Athènes : le Pirée. Il fût fondé par un stratège athénien, Thémistocle en 493/492 et devint un port de commerce, il était au départ un port de guerre. Il disposait de trois bassins, mais le port de commerce était sur le grand bassin (Kantharos). Une séparation géographique entre le port et la ville fût assez normale dans les cités grecques. Dans certaines cités coloniales, le port était directement dans la ville (asty), par exemple Milet (Asie Mineure) ou encore Marseille.
Parmi les acteurs du grand commerce (le monde de l'emporion), on pouvait trouver le nauclère qui était le propriétaire et capitaine d'un navire de commerce et qui le louait à des marchands. Le nauclère était l'équivalent d'un armateur, il était cependant à bord de son navire. A l'époque classique, les nauclères étaient propriétaires d'un seul navire de commerce. Leur statut social était peu considéré dans la cité car ils n'étaient pas spécialement riches dans l'Antiquité. L'emporos était le propriétaire de la marchandise, le marchand. Il louait le navire à un nauclère, il voyageait avec sa marchandise, l’accompagnait.
Ces marchands étaient peu considérés dans la société, ils menaient une vie aventureuse et prenaient des risques. Ils étaient donc eux aussi peu considérés car ce sont le plus souvent des étrangers. Le bailleur de fonds traitait de l'argent à intérêt aux emporoi. Ces bailleurs de fond restaient chez eux, il n'y avait pas de risque physique pour eux. Ils demandaient des taux d'intérêts extrêmement élevés. Les bailleurs de fonds et les emporoi concluaient un contrat de prêt maritime, ce qui était risqué : en cas de naufrage, de tempête, l'emporos n'avait aucune obligation de remboursements. Socialement, ces bailleurs de fonds n'étaient pas méprisés.
Enfin, n'oublions pas le kapèlos qui était le détaillant qui achetait des marchandises en gros à l'emporion et les revendait au détail sur l'agora aux consommateurs. Ils étaient accusés d'être des spéculateurs et furent les victimes d'émeutes populaires.
Pour les cités ouvertes vers l'extérieur (comme Athènes), l'autarcie était l'équilibre des importations par l'exportation, mais sans chercher une balance commerciale positive. Il fallait aussi assurer l'approvisionnement des citoyens et limiter l'impact des disettes (intervention des sitophylaques : nouvelle magistrature). Il fallait également accroître les rentrées fiscales issues du commerce maritime, notamment celle de la pentékostè (taxe de 2% qui rapportait le plus au budget de la cité), et favoriser l'installation des marchands.
La monnaie de la Grèce antique
La monnaie a été inventée vers 600 avant J.-C. et se diffuse dans le monde grec au VIe et Ve siècles avant notre ère. Cette diffusion fût un fait majeur dans l'histoire de l'économie de l'occident. Ce fût une nouveauté révolutionnaire.
En Grèce antique, l'économie n'était qu'une fonction parmi d'autre. C'était tout d'abord le symbole de l'indépendance de la cité. La monnaie était aussi un outil judiciaire : dans le droit grec, elle permettait l'amende. C'était aussi un instrument de politique intérieure et extérieure. A l'intérieur elle permettait de verser une indemnité aux citoyens pour leur participation à la vie politique. Également instrument de la politique extérieure car elle servait à payer des mercenaires ainsi que des alliés, et était usée afin de faire payer un tribut aux cités dominées.
Le type monétaire était l'ensemble de motifs iconographiques et des légendes d'une monnaie. Chaque cité avait son type monétaire qui la caractérisait. Pour Athènes il s'agissait, d'un côté de la tête d'Athéna et de l'autre côté de la chouette. La drachme est divisée en six oboles et 1 drachme valait une journée de travail qualifié. Le statère représentait 2 drachmes, le tétradrachme 4 drachmes.
Au-delà de ces subdivisions, il existait des unités de compte (ne correspondant à aucune pièce) : la Mine (100 drachmes) et le Talent (6000 drachmes). Ces pièces de monnaie étaient fabriquées en métaux précieux. Le plus courant était l'argent trouvé dans les mines du Laurion et les Cyclades (Siphnos). Le deuxième métal précieux utilisé était une alliance d'or et d'argent, on l'appelait l'électrum. Cet alliage se trouvait dans l'Asie mineure dont les cités furent les premières à l'avoir utilisé, c'est le cas de Cyzique et de Phocée.
Enfin le troisième métal monétaire était l'or. On avait peu recours à l'or pour frapper des pièces de monnaie, ceci s'expliquait par le fait qu'il y avait peu de mines d'or dans le monde grec. Les seules mines d'or se trouvaient dans deux régions : la Thrace et la Macédoine. Ces deux régions étaient contrôlées par le Royaume de Macédoine. Ces métaux monétaires avaient une valeur intrinsèque, ce qui avait pour conséquence que le cours de l'or et de l'argent influait directement sur la valeur de l'argent. On ne pouvait pas frapper des pièces de monnaie avec de l'or ou de l'argent pur. Pour fabriquer des pièces durables, il fallait y ajouter un peu de cuivre. Le pourcentage de métal précieux dans une pièce de monnaie s'appelle l'aloi.
La monnaie avait donc un poids précis : l'étalon euboïco-attique. Par exemple, un tétradrachme (4 drachmes) pesait 17,2g. Les pièces utilisées quotidiennement étaient petites et légères. Ceci avait pour conséquence que la monétarisation des petits commerces fût retardée. A partir de la fin du Ve siècle, on a commencé à utiliser des monnaies de bronze, en effet le bronze est un métal vil (sans valeur intrinsèque).
Les grecs ont inventé la monnaie fiduciaire, c'est-à-dire une monnaie dont la valeur n'était déterminée que par la confiance dans l'état émetteur. A partir du IVe siècle, la monnaie de bronze s'est généralisée dans l'intérieur des cités grecques. Le monde grecque n'a pas d'unité monétaire à l'époque classique, chaque cité grecque ayant sa propre monnaie.
Les métiers de la finance
Très vite en Grèce, on voit apparaître le métier de changeur, à la fin du VIe siècle à Byzance. Vers 420, certains changeurs diversifiaient leur activité et devinrent les premiers banquiers de l'histoire. C'est probablement à Athènes que cette invention de la banque eu lieu. Un banquier était un « Trapézite » cumulant trois activités différentes :
Le change : ils continuaient à changer les monnaies étrangères qu'on leur apportait.
Le dépôt de garde ou de paiement : le dépôt de garde était un dépôt où l'on laissait de l'argent chez le banquier pour sa mise en sécurité. Il ne rapportait pas d'intérêt et même au contraire il y avait des frais de garde. On pouvait également faire des dépôts de garde dans des grands sanctuaires, l'exemple du sanctuaire d'Artémis le montre. Le dépôt de paiement était effectué lorsqu'un particulier versait une lourde somme à un autre particulier et dans ce cas de figure, il arrivait que ces particuliers décident de passer par l’intermédiaire d'un banquier qui contrôlait la valeur des pièces et la justesse de la somme.
Le crédit (taux de plus de 10% par an) bancaire n'était accordé que pour de fortes sommes à des gens aisés. Les taux de crédits étaient très élevés, au minimum de 10% par an. En revanche, les gens modestes qui avaient besoin qu'on leur prête un peu d'argent devaient s'adresser à d'autres professionnels des finances : les usuriers. Les banques n'ont jamais créé de réseaux. Les banquiers avaient une place à part dans la société de cette époque, car il s'agissait souvent de gens très riches et donc influents, mais également car ils étaient souvent des métèques et des esclaves. On constate donc que la banque a permis des ascensions sociales rapides, c'est le cas de Pasion.
Concernant la finance dans la cité, dans le cas exceptionnel d'Athènes il y avait les revenus du Laurion et tributs versés par les alliés d'Athènes. Athènes était une cité tout à fait exceptionnelle parmi les cités grecques de l'époque : les mines du Laurion appartenaient officiellement à la cité. Athènes était à la tête d'un Empire, et les alliés lui versaient un tribut qui est était une seconde source de revenus pour la cité.
Les athéniens ont pu se contenter d'une fiscalité relativement faible, Athènes n'a pas eu besoin de demander aux citoyens de payer des impôts directs réguliers. Les métèques, en revanche, devaient en verser un : le métoikion. Le métoikion était de 12 drachmes par personne, payé par les métèques, 6 drachmes pour les femmes. Il y avait beaucoup de métèques à Athènes.
En impôts indirects (taxes), existait la pentékostè sur le grand commerce (le « cinquantième », taxe de 2% sur la valeur des importations et exportations athéniennes) qui rapportait beaucoup car le port du Pirée était un port très actif. Les épônia étaient une taxe sur les transactions de l'agora. La liturgie était une charge financière pour un service public imposé par la cité à un riche particulier, ce fût l'exemple de la triérarchie qui consistait au financement de la marine de guerre athénienne et des trières, le liturge s'appelait le triérarque, chaque année un riche particulier était triérarque et prenait officiellement le commandement de cette trière dont il devait payer de sa poche l'entretien. La triérarchie coûtait plusieurs milliers de drachmes. D'autres liturgies servaient à financer les fêtes religieuses.
Ce fût le cas de l'Eisphora, un impôt sur la fortune payé par les membres des trois premières classes soloniennes instituées en 428/7 avant J.-C.
La démocratie athénienne
Ce fut Athènes qui la première consenti au partage du pouvoir. A la fin du VIe siècle, des réformes politiques favorisèrent l’émergence d’une nouvelle forme de gouvernement : la démocratie. En 508-509 av. J.-C., Clisthène, membre d’une famille aristocratique, fait adopter une série de mesures fondées sur des principes démocratiques, qui donnent un cadre aux institutions athéniennes des Ve et IVe siècles av. J.-C. et font de lui le véritable « père » de la démocratie.
La démocratie athénienne autorisait les citoyens à s’exprimer par le biais du vote sur toutes les grandes décisions tels que les déclarations de guerre ou les dépenses gouvernementales. Ils pouvaient également élire leurs représentants civils et militaires, et se prononcer sur l’exil de tous notables jugés trop puissants. Si aux quatre coins du monde les démocraties actuelles s’inspirent du modèle grec, aucune ne concède autant de pouvoir aux citoyens que ne le fit l’antique cité athénienne. Toutefois le droit de citoyenneté était réservé aux hommes libres de plus de vingt ans, nés à Athènes de parents athéniens. Les autres résidants –femmes, esclave et étrangers (la majorité de la population)- en étaient privés.
Guerres médiques et guerres civiles dans la Grèce antique
La rivalité farouche opposant les cités états qui cherchaient à dominer la Grèce et le bassin égéen se soldait par des guerres incessantes. Sur les champs de bataille, les grecs se distinguaient par leur vaillance et leur discipline. Armés de lances, les fantassins combattaient au sein d’une formation défensive appelée phalange. Chaque homme en bonne santé possédant les moyens de s’équiper en armes et protections se devait de rejoindre l’armée de sa ville en cas de conflit.
Cependant c’est la ville de sparte qui fournissait les meilleurs soldats. À l’âge de sept ans, tous les garçons quittaient leurs familles pour recevoir l’éducation dispensée par l’Etat. Celle-ci consistait principalement en un entraînement sportif et militaire.
Leur entraînement rigoureux permis aux grecs de repousser les assauts perses à trois reprises sur terre comme sur mer. En 492 avant J.-C., ce furent les conditions climatiques qui eurent raison des envahisseurs. Deux ans plus tard l’armée athénienne triomphe à la bataille de Marathon. Puis en 479-480 avant J.-C., l’immense armée de Xerxès constituée de 200 000 hommes et de 1.000 navires du s’incliner devant les troupes alliées bien plus modeste d’Athènes et de sparte.
Après une première rencontre dans le défilé des Thermopyles, défendu par le Spartiate Léonidas Ier, une bataille navale se déroule à Salamine, en 480. Elle est remportée par Thémistocle et Eurybiade. La défaite totale des Perses a lieu à Platées, en 479 av. J.-C.
Le "siècle de Périclès"
Vainqueur incontesté des Perses, la cité-État d’Athènes retire un immense prestige des guerres médiques et devient la cité la plus importante du monde égéen, à la tête de la ligue de Délos. En outre, le conflit a prouvé l’importance croissante de la puissance navale, après la décisive bataille de Salamine. L’armée de Sparte, jusqu’ici la plus grande puissance militaire de Grèce antique et l’alliée d’Athènes, perd sa suprématie au profit de la flotte athénienne, qui domine la mer égée.
Une période de domination politique, culturelle et artistique s’ouvre pour Athènes, qui atteint son apogée sous Périclès. Il renforce les institutions démocratiques de la cité, qui est, grâce au trésor de la ligue de Délos, embellie et dotée de nouveaux monuments : la plupart des édifices de l’Acropole datent de cette époque. Athènes rayonne dans tout le monde antique, tant sur le plan culturel et artistique — avec des auteurs comme Eschyle, Sophocle, Euripide, des philosophes comme Socrate et Platon, des historiens tels que Thucydide et Hérodote, des sculpteurs comme Phidias — qu’économique, Le Pirée étant devenu la plaque tournante du commerce méditerranéen.
La politique extérieure d’Athènes cause sa perte. D’une confédération d’alliés, la ligue de Délos se transforme en un empire inégalitaire où les cités qui se révoltent sont impitoyablement châtiées. Sparte, jalouse de la prospérité d’Athènes et désireuse de recouvrer son prestige, en profite pour créer une confédération de cités hostiles à l’impérialisme athénien. Sparte et Athènes se vouaient une hostilité croissante qui culmina avec la guerre du Péloponnèse (431-404 av. J.-C.), qui s’achève avec la défaite d’Athènes en 404.
Affaiblis par ces conflits répétés les villes cédèrent facilement à la montée en puissance de la Macédoine au nord. En 338 avant J.-C., le roi Philippe II, un militaire de génie, s’empara de tout le territoire grec à l’issue de la bataille de Chéronée. Il recueille l’héritage de la civilisation grecque qui sera largement diffusé par son fils Alexandre le grand au fil de ses nombreuses conquêtes.
L’héritage de la civilisation grecque
Sans l’écriture, rien de tout cela n’aurait été possible. Tandis que les autres systèmes antiques utilisaient des symboles différents, les grecs adoptèrent un alphabet phonétique de 20 caractères. L’éducation jouait un grand rôle dans la démocratie : les hommes au pouvoir devaient déployer tous leurs talents d’orateur pour convaincre du bien-fondé de leur politique. On enseignait l’éloquence dans des écoles et l’usage de l’écriture favorisait la circulation des idées. L’éducation physique n’était pas négligée pour autant : l’athlétisme, la lutte et la boxe figuraient parmi les disciplines privilégiées. Lors de grandes manifestations sportives comme les jeux olympiques, une trêve était imposée aux cités en guerre pour permettre de s’y rendre en toute sécurité.
Entre le VIe et le IVe siècle avant notre ère, en dépit des guerres qui se succédaient sur leur territoire, les grecs dominèrent la mer méditerranée. Ils maîtrisaient la sculpture, la peinture et l’architecture. La tragédie et le théâtre s’épanouirent. La littérature, mais aussi la mythologie grecque continuent d’inspirer aujourd’hui les artistes. Quant aux philosophes athéniens (Socrate, Platon, Aristote) ils posèrent les jalons de la pensée européenne. Les grecs rédigèrent les premiers ouvrages historiques, firent progresser les mathématiques et la géométrie, et élevèrent la médecine au rang de discipline scientifique…
La civilisation romaine qui suivit la civilisation grecque fut par bien des aspects une continuation de la civilisation hellénistique.
Bibliographie
- Histoire du monde grec antique de François Lefèvre. poche, 2007.
- Amouretti et Ruzé : Le monde grec antique. Hachette 2008.
- La Grèce antique de Georges Tate. Hachette, 2007.
- Le Siècle de Périclès. Collectif. CNRS Editions, 2010.