La place des Vosges (Paris)

Patrimoine | France: Paris

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La place des Vosges, dans le Marais Parisien, ancienne place Royale est la plus mythique et la plus ancienne de Paris. Ce fut un haut lieu de fêtes et de tournois jusqu’à la mort d’Henri II en 1559. Après ce tragique accident, il a fallu attendre le règne d’Henri IV qui en fit à nouveau un magnifique lieu de promenade et de rendez-vous de toutes sortes. Aujourd’hui elle est classée aux monuments historiques, depuis 1954.

 

 

La place des Vosges : haut lieu d'histoire

A l’origine, Pierre d’Orgemont, chancelier de France, fit construire en 1388 sur le côté nord de la place, une vaste maison avec jardin et entouré d’un mur garni de petites tours, d’où le nom Hôtel des Tournelles ou Maison Royale des Tournelles. C’était à la fois une citadelle, une prison, mais aussi une maison des champs.

Cette Maison Royale avait logé plusieurs rois et grands personnages : Louis d’Orléans en 1404, propriété du roi en 1417, Charles VI, le duc de Bedfort, Charles VII, Louis XI, Charles VII, Louis XII jusqu’à sa mort en 1515, la duchesse d’Etampes, François Ier, Cellini et les plus grands artistes italiens, Diane de Poitiers et enfin Henri II qui y mourut en 1559. C’était la plus belle époque de La Maison Royale des Tournelles, la cour y était brillante, tout le monde se courbait devant le roi, même les Guise et les Montmorency. Il n’y avait alors que des fêtes, joutes d’amour et d’esprit jusqu’au malheureux 10 juillet 1559 où Henri II va mourir d’un coup de lance, qui lui crèvera l’œil et endommagera la tête.

Catherine de Médicis, dégoutée par cet endroit, le quitta pour s’installer au Louvre et ordonna sa démolition entière en 1563. Cet emplacement servit ensuite à un grand marché aux chevaux, seul moyen de locomotion de l’époque. A cet endroit a eu lieu le célèbre duel des mignons d’Henri III et les partisans du duc de Guise en avril 1578, où tous furent tués ou blessés.

Dans Paris, il n’existait plus de place importante pour les fêtes et les promenades, aussi Henri IV décida en 1605 de transformer le marché aux chevaux en une magnifique place. Les plus grands artistes de ce temps (Androuet, le Vau, Le Brun, Mignard) y adoptèrent un style proche de celui de la Renaissance avec la brique et l’ardoise.

On construisit d’abord le Pavillon du Roi, au sud, puis sur ce modèle, mais moins hautes, les autres demeures, reposant sur des arcades formant les galeries, toutes faites en briques à bordures et encadrements de pierre blanche, les combles en ardoise surmontés d’épis de faîtage en plomb. La place devait avoir neuf pavillons sur chacun des cotés, tous à quatre arcades et à deux rangées de quatre hautes fenêtres par étage. La hauteur des façades est égale à leur largeur et la hauteur des toitures correspond à la moitié de celles des façades.

Un lieu de plaisance très prisé au XVIIe siècle

Cette place devint peu à peu un endroit recherché de promenades, de repos, à l’abri du soleil en été et de la pluie en hiver. Au milieu de place, on y avait semé du gazon et des fleurs, installé des eaux jaillissantes. La statue de Louis XIII y fut édifiée en 1639 par Richelieu, avec l’inscription suivante :

« A la glorieuse et immortelle mémoire du très grand et très invincible Louis Le Juste, treizième du nom, roi de France et de Navarre. Armand, cardinal et duc de Richelieu, son premier ministre dans tous ses illustres et généreux desseins, comblé d’honneurs et de bienfaits par un si bon maître, lui a fait élever cette statue en témoignage de son zèle, de son obéissance et de sa fidélité, 1639 ».

Henri IV, tué en 1610 ne verra pas l’achèvement de son œuvre, l’inauguration se faisant en avril 1612 à l’occasion de deux mariages : Louis XIII et Anne d’Autriche ainsi que Elisabeth de France (sœur du roi) avec le futur Philippe IV. Cette fois-ci, pas de tournois, mais une magnifique fête avec un carrousel, des ballets où les gentilshommes brillaient, parés de leurs plus beaux habits : 1300 cavaliers, 230 musiciens, une retraite aux flambeaux et des feux d’artifice. Une foule brillante y circulait. Ce grand spectacle dura deux jours.

De la place Royale à la place des Vosges

Depuis ce jour, la place Royale devint le séjour à la mode d’hommes et de femmes célèbres, qui font contruirent la de nombreux hotels particuliers parés de brique rouge  : Sully, Mr de Guise, le fils du Balafré, le connétable de Luynes, le Chancelier de Bellièvre, le maréchal de Brézé, Mr de Thou, le marquis de Cinq-Mars, le bouffon du cardinal : Bois-Robert, Mr Tallemant des Réaux. Sans oublier Louis XIII, puis Marion Delorme, Ninon de l’Enclos, les princesses de Rohan et de Guémenée, les duchesses de Duras et de Boufflers, Richelieu, le salon le plus vaste et le plus puissant de l’Europe : Scarron, Ménage, la marquise de Rambouillet, Julie d’Argennes pour qui fut crée la Guirlande de Julie, Mme de Sévigné, Mademoiselle de Scudéry, Molière, Corneille, Victor Hugo … et l’on en oublie beaucoup d’autres encore …

Dans cet unique rendez-vous des beaux esprits et des grands seigneurs, il ne manquera aucun nom des deux règnes de Louis XIII et Louis XIV.

A la prise de la Bastille, l’inscription et la statue équestre furent démolies, mais ce sera aussi la fin du Marais. Cette place transformée en champs de manœuvre, fut baptisée Place des fédérés en 1792, et Place de l’Indivisibilité en 1793. Ce n’est que plus tard que Napoléon lui donnera le nom de Place des Vosges (en hommage au premier département des Vosges qui a payé ses impôts).

A la Restauration en 1814, elle reprit son nom de Place Royale, qu’elle du abandonner à nouveau en 1848. Actuellement, les anciennes promenades de la place des Vosges sont devenues des galeries marchandes : antiquités, librairies d’art, galeries de peinture, ainsi que quelques restaurants et cafés renommés. Au centre de la place, le square Louis XIII, restauré au XIXe, est un lieu de promenade très prisé des parisiens.

Les Grands connus et reconnus

En faisant le tour de la place, nous trouvons, outre les rois de Frances, quelques anciens grands noms :

Le n° 1 était le pavillon du Roi. A côté, au n° 1 bis est née Mme de Sévigné en 1626. L’entrée du Petit Hôtel de Sully se fait au n° 7 avec un passage qui communique avec le grand hôtel rue Saint Antoine. Le n° 7 devint propriété de Sully en 1634.

Au n° 9, Louis XIII y logeait lors des fêtes inaugurant la place Royale. Rachel la tragédienne habitait au 1er étage puis au n° 11, Marion Delorme pendant neuf ans. L’hôtel avait appartenu à une branche des Colbert et le dernier fut Gilbert Colbert, marquis de Chabannais.

Bossuet fut locataire au n° 17 pendant seize ans. Le n° 21 est l’hôtel du cardinal de Richelieu. Certains affirment qu’il n’y a pas habité ! La grande duchesse de Toscane y meurt en 1721 et en 1877 Alphonse Daudet habitait dans la cour.

Le n° 23 fut habité par Marie Touchet, puis la sœur d’Henriette d’Entragues l’acheta en 1624. Passant par les mains de l’évêque de Saintes, Louis II de Bassompierre, il fut vendu à l’Hôtel Dieu. Au n° 25, le conseiller d’Etat Pierre du Quesnoy essaya d’incendier son hôtel particulier par dépit amoureux pour la future Mme de Montespan !

De l’autre côté, au n° 4, habitait le marquis de Favras en 1789, marquis qui fut mêlé au complot d’enlèvement de Louis XVI et à l’assassinat de La Fayette. Le maréchal de Lavardin habitait au n° 6 dans l’hôtel de Rohan-Guémené. Ce personnage se trouvait dans le carrosse d’Henri IV lors de l’assassinat de ce dernier. Victor Hugo y habitait pendant 16 ans puis ce fut la Maison de Victor Hugo devenue musée Victor Hugo.

Le n° 10 est l’ancien Hôtel de Chatillon et au n° 18 celui de la famille Clermont-Tonnerre. Un peu plus loin, le n° 20 fut l’Hôtel d’Angennes de Rambouillet, la célèbre marquise y tenait salon. Enfin, on arrive au n° 28, le Pavillon de la Reine, face au n° 1 celui du Roi.

Pour aller plus loin

- De la place Royale à la place des Vosges, Alexandre Gady. AAP, 1997.

- Connaissance du Vieux Paris de Jacques Hillairet. Rivages, 2005.

- L'histoire de Paris, de Danielle Chadych, Dominique Leborgne. Gründ, 2010.

 

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