char allemand ardennesLa bataille des Ardennes, du 16 décembre 1944 au 1er février 1945, est la dernière grande offensive allemande contre les armées alliées qui progressaient vers l'Allemagne à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Après le débarquement de Normandie en juin 1944, les forces alliées investirent la France mais furent bloquées en septembre le long de la frontière allemande. Le 16 décembre, profitant des conditions météorologiques qui ne permettaient pas aux avions alliés de voler, Hitler lança une contre-offensive surprise à travers les Ardennes.

 

L’ultime contre-offensive allemande à l’Ouest

A la suite de la conquête de la France et de la Belgique par les armées anglo-saxonnes, les Allemands avaient dû, en automne 1944, se replier sur leur frontière fortifiée de l’Ouest le long de la ligne Siegfried. Voulant mettre à profit l'étirement des forces alliées d’Anvers à la frontière suisse, ils décidèrent de tenter dans les Ardennes une contre-offensive puissante qui leur eût permis, comme en mai 1940, de rompre le front ennemi. Cette action avait sans doute moins pour but d’obtenir un renversement total de la situation militaire que de retarder l’offensive finale alliée afin de permettre au Reich de mettre en action ses «armes secrètes» (fusées, avions à réaction, bombe atomique), et aussi de provoquer dans le camp occidental un désarroi susceptible d'être mis à profit pour des initiatives diplomatiques (éventuellement une paix séparée à l’Ouest).

soldats allemands ardennesLe raccourcissement des fronts à l’est et à l’ouest, et l’accalmie de fin d’année dans les combats terrestres permirent à Hitler de créer une réserve de près de 300 000 hommes et 2 500 chars. Il décida de les utiliser dans une ultime offensive contre les Britanniques et les Américains, depuis les Ardennes, en coupant à travers la Belgique vers Anvers, réutilisant la stratégie qui avait bien fonctionné en 1940.

La dernière bataille des Ardennes

Les Allemands jetèrent dans cette contre-offensive, dont le commandement fut confié à von Rundstedt, leurs meilleures forces encore disponibles : 28 divisions, dont 9 blindées, appuyées par 1 000 avions de chasse. Bénéficiant, au début, d’un temps couvert qui diminuait la suprématie alliée dans les airs, les Allemands réussirent à rompre le front américain sur 60 km, entre Montjoie et Trêves (16 décembre 1944), et parvinrent jusqu’à 10 km de la Meuse (25 décembre).

Enjeu stratégique, la ville de Bastogne est encerclée par les Allemands qui font parvenir un ultimatum au général américain McAuliffe pour qu’il livre la place. Ce dernier répondra de façon laconique “Nuts” (des clous) à cette demande de reddition et les soldats américains organisent la défense de la ville.

La résistance héroïque des Américains à Bastogne et Saint Vith et le changement des conditions atmosphériques permirent, dès le 26 décembre, le début de la contre-attaque alliée et la liquidation de cette poche. En manque de carburant, les troupes allemandes sont contraintes à la retraite. L’échec de la contre-offensive des Ardennes interdisait désormais à l’Allemagne toute initiative stratégique sur le front ouest. Réussissant à éviter l'encerclement dont les menaçait un mouvement en tenaille de la IIIe armée américaine commandée par Patton, les Allemands se replièrent en janvier, mais subirent de lourdes pertes en matériel et en hommes (220 000 victimes), qui contribuèrent à leur défaite au printemps suivant.

Bibliographie

- Ardennes 1944, le va-tout d'Hitler, de Antony Beevor. le livre de poche, 2017.

La Bataille des Ardennes : 16 décembre 1944-31 janvier 1945, de Guillaume Piketty. Texto, 2015.

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