Au Moyen Age, les templiers étaient membres d'un ordre religieux et militaire qui avaient pour mission de protéger les pèlerins en Terre sainte. L’origine de l’Ordre du Temple est relativement incertaine. Il pourrait être issu de l’Ordre des chanoines du Saint-Sépulcre, que certains chevaliers auraient quitté vers 1119-1120. Un chevalier de Champagne, Hugues de Payens, prend leur tête et leur donne le nom de « pauvres chevaliers du Christ » ; ils sont alors soutenus par Baudouin II, le roi de Jérusalem. Les débuts des Templiers sont difficiles, et il faut attendre le concile de Troyes, le 13 janvier 1129, pour qu’ils soient officiellement reconnus comme un Ordre. La destruction de l'Ordre du Temple sur décision du roi Philippe le Bel et la « disparition » de son trésor contribueront à l'édification de sa légende.
Naissance de l'ordre du Temple
La Première croisade a permis la prise de Jérusalem par les Croisés en 1099. Mais le pèlerinage guerrier achevé, beaucoup de combattants s'en sont retournés chez eux. Il fallait pourtant veiller sur les Etats latins, nouvellement créés, et surtout sur les Lieux Saints récupérés pour relancer le pèlerinage vers la Ville Sainte en toute sécurité. Plusieurs ordres sont créés après la Croisade, d’abord par l’initiative de l’Avoué du Saint-Sépulcre Godefroy de Bouillon, qui met en place l’Ordre des chanoines du Saint-Sépulcre. Puis c’est au tour des Hospitaliers en 1113 (même si ses véritables origines datent d’avant la Croisade). Aucun n’est cependant encore ouvertement un ordre religieux militaire.
Les templiers, ou Chevaliers du Temple, ou Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon étaient membres d’un ordre religieux militaire fondé en 1118 à Jérusalem par huit chevaliers francs groupés autour du Champenois Hugues de Payns. Le roi de Jérusalem, Baudoin II leur donna une maison sur l'emplacement du temple de Salomon (d'où leur nom), mais ce fut Saint Bernard qui les imposa définitivement dans l’Église en faisant approuver leur fondation par le concile de Troyes (1128) et en se constituant lui-même la le propagandiste du nouvel ordre dans son traité De laude Novae Militiae.
Les Templiers représentaient en effet une tentative séduisante pour réunir les deux formes de vie les plus nobles que connaissait la chrétienté médiévale, la vie chevaleresque et la vie monastique.
Organisation et règle des Templiers
À la mort d’Hugues de Payen en 1136, Robert de Craon prend la tête et pose les bases de l’organisation des Templiers. Il met l’accent sur les donations. Il s’adresse au pape Innocent II qui leur accorde des privilèges avec la bulle Omne datum optimum en 1139. Les Templiers sont exempts de la dîme. Ils disposent de leurs propres prêtres. Ceux-ci dépendent du maître de l’orde et non de l’évêque local. La générosité des grands, nobles et ecclésiastiques, permet un développement rapide de l’ordre qui compte de nombreux chevaliers et installe des commanderies templières partout en Europe.
On compte trois catégories de moines templiers sur base de leur fonction : les combattants, les chapelains et les frères qui se chargent des tâches matérielles. Ils sont soumis à une hiérarchie stricte. Le maître de l’ordre veille à l’application de la règle. Il ne peut prendre aucune décision importante sans l’approbation du chapitre général composé de hauts dignitaires. Cette assemblée possède en outre le pouvoir de nommer les commandeurs de province qui désignent à leur tour les commandeurs des maisons.
Organisés selon la règle cistercienne, les Templiers comprenaient des chevaliers et des chapelains, également nobles, mais aussi des sergents et des domestiqués; l’autorité suprême appartenait à un grand maître, élu par les chevaliers du Temple de Jérusalem, qui, pour les actes les plus importants, devait consulter le chapitre et était lié par le vote de la majorité. Les Templiers portaient un vaste manteau blanc (emprunté à Cîteaux) marqué d’une grande croix rouge. Leur fonctionnement, décidé suite au concile de Troyes, est inspiré par la règle de Saint-Benoît et leur organisation très hiérarchisée, dominée par un Maître élu par treize dignitaires.
Les moines abandonnent leur volonté et doivent obéissance à la discipline militaire à leur communauté. Ils y restent reclus et ne peuvent en sortir sans autorisation. Ils consacrent beaucoup de temps à la prière et se tiennent prêts à tout moment à mourir pour défendre la chrétienté. Ils refusent tout plaisir et ne fréquentent aucune femme, même parmi les sœurs. Même quand ils atteignent les plus hauts échelons de la hiérarchie, ils ne possèdent aucune fortune personnelle. Leurs repas sont frugaux et leurs habits reflètent leur fonction. Seuls les chevaliers revêtent l’habit blanc. Les autres moines se couvrent de manteaux noirs ou bruns. En cas de violation de la règle, des sanctions sont prévues.
La défense de la Terre Sainte
Avec les Hospitaliers de Saint-Jean, les Templiers formèrent l’armée permanente des Etats latins d’Orient. Ils construisirent des forteresses dont il subsiste encore des ruines imposantes : Safed, Tortose, Toran, le krak des Chevaliers, le château des Pèlerins. L'histoire des templiers s’écrit au fil de grandes victoires comme Montgisard (1177) ou Arsouf (1191). Animés à l’origine d’un héroïsme et d’un esprit de sacrifice incontestables (ils le montrèrent encore au siège de Damiette, 1218), les Templiers manquaient cependant par trop de souplesse, et leur goût de la provocation attira à plusieurs reprises des malheurs sur les croisés, notamment le désastre de la bataille d’Hattin (1187), qui fut suivi par la perte de Jérusalem.
Cependant l’ordre conserva son prestige au XIIIe siècle et continua à prospérer grâce aux privilèges que lui avaient conférés les papes. Le Temple constituait un véritable État souverain et devint bientôt une puissance financière considérable. Grâce à ses commanderies qui jalonnaient la route de la Terre sainte, grâce aussi à sa scrupuleuse comptabilité, l’ordre était devenu la première banque internationale de tous les temps et monopolisait pratiquement les opérations financières relatives au commerce avec l’Orient.
II employait souvent ses richesses pour les meilleures causes (par exemple au rachat des chrétiens captifs, après la chute de Jérusalem), mais il s’attirait aussi des haines grandissantes, surtout lorsque la perte définitive de la Palestine après la chute de Saint Jean d'Acre (1291) lui eut fait perdre sa raison d’être originelle. Dès lors, les Templiers ne furent plus guère que des banquiers.
Essentiellement militaires à l’aube de l’ordre, les activités des Templiers se diversifient. Ils mettent leurs dons à profit pour créer des exploitations agricoles en Europe et ainsi subvenir à leurs besoins. Grâce à cet enrichissement et à leur puissance guerrière, ils deviennent de véritables banquiers, gardent les richesses, transportent les pèlerins d’Europe en Terre sainte et prêtent des sommes parfois importantes aux rois et seigneurs. On leur confie la garde des trésors royaux, et le pape lui-même les charge d’acheminer les fonds perçus dans l’Europe chrétienne vers l’Italie.
La chute et le procès des templiers
Au début du XIVe siècle, ils étaient environ 15 000 templiers, dont 2 000 en France, lorsque le roi de France Philippe le Bel décide de s’attaquer à l’ordre pour s’emparer de ses trésors. Le roi et ses légistes étaient certains de trouver une complicité dans l’opinion publique, irritée par la richesse et l’ordre du Temple, mais aussi par le mystère de ses cérémonies, qui donnait à l’ordre une allure de société secrète et rendait plausibles toutes les calomnies. Le 13 octobre 1307, le grand maître, Jacques de Molay, et soixante Templiers furent arrêtés sous l'inculpation d'hérésie et de crimes monstrueux (profanation, idolâtrie, sodomie). Soumis à la torture, les accusés avouèrent ce qu’on voulut, et le pape Clément V, ébranlé par ces aveux, ordonna aux autres princes chrétiens d’arrêter les Templiers de leurs États (janvier/mai 1308).
Puis le pape se ravisa, confia à des commissions ecclésiastiques le soin d’une contre-enquête, au cours de laquelle les Templiers se rétractèrent. Mais le faible Clément V n’était pas de taille à résister longtemps au roi qui l’avait mis sur le Saint-Siège. Aussi bien les légistes de Philippe le Bel s’employaient-ils à créer un climat de terreur : en mai 1310, Enguerrand de Marigny obtint de son frère, archevêque de Sens, la condamnation comme relaps de cinquante-quatre Templiers qui avaient rétracté leurs aveux, et qui furent brûlés vifs.
Pourtant le concile de Vienne (octobre 1311) refusa de reconnaître la culpabilité des templiers. Mais Philippe le Bel fit pression sur Clément V, qui, par la bulle Vox in Excelsis (3 avril 1312), prononça la dissolution de l’ordre, dont les biens furent transférés aux Hospitaliers. Philippe le Bel ne retira finalement de cette affaire qu’une indemnité de 200 000 livres tournois pour l’apurement des comptes de la trésorerie et 60000 livres pour les frais du procès).
Les Templiers persistant dans leurs aveux retrouvèrent leur liberté. Mais le 19 mars 1314, le grand maître, Jacques de Molay, et le chef de la province de Normandie, Geoffroi de Chamay, amenés sur un grand échafaud dressé devant Notre-Dame de Paris, furent sommés de répéter le récit de leurs crimes devant la foule assemblée. Ils protestèrent courageusement, dénonçant l’absurdité des accusations dont ils étaient victimes et proclamant la pureté et la sainteté de leur ordre. Philippe le Bel, furieux, les envoya le soir même au bûcher comme relaps. L’innocence des Templiers, proclamée par Dante dans son Purgatoire, est aujourd hui à peu près unanimement reconnue.
La légende de la malédiction et du trésor des Templiers
La chute brutale des Templiers sera à l'origine de deux légendes tenaces. D'abord celle de la fameuse "malédiction" prononcée par Jacques de Molay contre Philippe IV le Bel et Clément V. Si le grand maître parle sur le bûcher, il ne fait que réfuter les crimes qu'on lui impute et n'a jamais cité expressément le roi et le pape. La légende de la malédiction ne prendra forme qu'à partir du XVIe siècle, crédibilisée a posteriori par la disparition la même année de Clément V (qui souffrait depuis longtemps d'une grave maladie) et de Philippe le Bel (mort d'un accident vasculaire cérébral).
Quant au fameux trésor des Templiers, il est constitué pour l'essentiel... d'archives et de reliques, comme les autres ordres religieux. S'il est exact que le Temple reçoit de nombreux legs et dons et possède un vaste patrimoine immobilier (géré par les commanderies), les ressources de l'Ordre sont pour l'essentiel consacrées aux colossales dépenses engagées pour la défense de la Terre Sainte : formation et équipement des hommes, construction de forteresses, oeuvres... Si les Templiers étaient de bons gestionnaires et ont fait office de pourvoyeurs de fonds, il est peu probable qu'ils aient eu le temps d'accumuler une fortune numéraire qui serait cachée quelque part, mise à l'abri on ne sait ou...
Questions fréquentes autour des templiers
Qui est à l'origine des Templiers ?
Fondé par quelques croisés en Terre sainte, l’ordre des templiers ou des moines combattants est approuvé par le roi de Jérusalem Baudouin II. Avec l’appui de saint Bernard de Clairvaux, leur règle cistercienne très stricte, où se mêlent idéal chevaleresque et idéal monastique, est bientôt également approuvée et publiée par le concile de Troyes (1128).
Qui dirigeait les Templiers et quelles étaient leurs missions ?
Au sommet de l’ordre se trouve le grand maître, dont l’autorité est limitée par un chapitre composé des dignitaires de l’ordre. Son principal rôle était de protéger les pèlerins chrétiens contre les attaques des musulmans en Terre sainte.
Pourquoi Philippe le Bel a t'il dissous l'Ordre du Temple ?
Après la chute en 1291 de Saint-Jean-d’Acre, dernier bastion chrétien en Terre sainte, les Templiers survivants se replient en France. Philippe IV le Bel, jaloux et inquiet de la prospérité de l'ordre, fait emprisonner les moines combattants, les fait torturer par l’Inquisition après s’être saisi de leurs richesses et de leurs livres de comptes.
Bibliographie
- A. DEMURGER, Les Templiers, une chevalerie chrétienne au Moyen Age, Points Seuil Histoire, 2014.
- R. Pernoud, Les Templiers, Que-sais-je, 2018..
- M. BALARD, Croisades et Orient Latin, Armand Colin, 2017..
- J. FLORI, Chevaliers et chevalerie au Moyen Age, Hachette, 2004.
- G. TATE, L’Orient des Croisades, Gallimard, 2008.