arche de noe 1Dans la Bible, l'Arche de Noé est un vaisseau dans lequel Noé prit place avec sa femme, ses fils et un couple d'animaux de chaque espèce pendant le Déluge. Les multiples expéditions menées pour retrouver l'Arche de Noé nous poussent à nous questionner sur le mythe du déluge. Est-ce une histoire inventée de toute pièce par les Hébreux ? Ont-ils hérité d'une tradition plus ancienne ? La traduction de tablettes cunéiformes en Mésopotamie a révélé d'autres versions de cette même histoire. Qu'en déduire ? Le déluge a t-il eu lieu ? Faut-il chercher à rationaliser l'événement en le rapportant à une catastrophe naturelle ?

  

Un mythe mésopotamien

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Le déluge ne se résume pas au mythe biblique, ce dernier fut influencé par la version mésopotamienne, bien antérieure. En effet le récit d’un dénommé Atrahasis échappant à un déluge divin grâce à un bateau (aux allures de coffre) daterait d’environ 2.700 avant notre ère.

L’histoire de Noé et du déluge serait pour certains la retranscription d’une catastrophe naturelle ayant réellement existé, et à ce titre on cite généralement la rupture du Bosphore suite à la déglaciation. L’ouverture de la Mer Noire aurait chassé des peuples indigènes qui se seraient dispersés, emportant avec eux la mémoire de cette terrible catastrophe qui les dépassait.

D’autres évoquent simplement une extrapolation des crues en Mésopotamie. Ce qui est certain c’est que cette version mésopotamienne, où Atrahasis construit une Arche, à directement influencé les voisins hébreux, par les liens de commerce puis lors de la captivité de ces derniers à Babylone.

L'Arche de Noé et le déluge, d'après la Bible

L’épisode du Déluge tel qu’il est exposé dans le livre de la Genèse possède un nombre important de similitudes avec le récit mésopotamien. Dans le récit biblique, il est relaté comment Dieu, voyant les hommes faire le mal autour d’eux, regrette de les avoir créés et décide de les détruire. Il ne veut épargner que Noé, à qui il demande de construire une arche et d’y réunir sa famille (son épouse, ses fils et les femmes de ces derniers) ainsi qu’un couple de chacune des espèces animales.

Puis Dieu déclenche le déluge, qui se poursuit durant quarante jours et quarante nuits. Les eaux occupent la terre cent cinquante jours avant de se retirer. Depuis son arche, Noé décide alors de procéder à plusieurs expériences, afin de déceler la présence de terre émergée. Après l'échec premier (il lâche dans les airs un corbeau qui ne revient pas), il libère une colombe qui lui rapporte un rameau d’olivier, preuve indiscutable de l'existence de terre ferme et les rescapés sauvés de la montée des eaux sortirent de l'arche.

L’étrange diffusion planétaire du mythe

Nous connaissons également des versions indiennes (avec le sauvetage de Manu) du sujet, soit indépendantes soit en lien avec les mésopotamiennes via le commerce.

Le cas des versions amérindiennes est beaucoup plus problématique puisque ce peuple était depuis très longtemps séparé des Mésopotamiens comme de l’Inde. Cette universalité du mythe de déluge fut parfois considérée comme une preuve de sa véracité, soit comme catastrophe naturelle, soit comme châtiment divin. On a également émis l’hypothèse d’une mythologie originelle d’un peuple indo-européen qui se serait par la suite dispersé à travers le monde emportant avec lui la matrice de toutes les mythologies. Faute de preuve pour prouver ou improuver cela ne reste qu’une hypothèse.

Le_dluge_-_muse_de_beaux_arts_de_Nantes_20091017La dernière interprétation serait d’expliquer cette notion de « purification par l’eau » par la nature même de ce liquide. L’eau étant, universellement, la source de vie par excellence, il n’est pas improbable que soit apparu de façon autonome différents mythes traitant d’un passage d’un monde à l’autre par la purification hydrique. L’humanité disparait dans le déluge pour renaitre, à travers quelques justes, lavée de ses péchés. Une image reprise entre autre lors du baptême chrétien. 

Enfin, si l’on peut débattre sur l’origine de ce mythe il est également très intéressant d’étudier les différences entre des versions proches mais s’adaptant aux convictions théologiques du peuple qui s’approprie le mythe. Le rapport à la divinité ne fut pas le même entre un Noé monothéiste et un Atrahasis polythéiste, mais ceci est un autre sujet.

L'arche de Noé découverte en Turquie ?

Aurait-on retrouvé l’Arche de Noé échouée sur le Mont Ararat (Turquie) à l’issue du déluge ? C’est du moins ce qu'affirme une mission menée par des évangélistes chinois. Le Mont Ararat a déjà été l’objet de plusieurs expéditions pour retrouver le bateau qui sauva la vie sur Terre. Ces expéditions, souvent avec le financement de structures évangélistes américaines et guidées par des chefs de projet parfois controversés comme Ron Wiatt, visaient à prouver qu’une formation géologique en forme de coque était l’empreinte fossile du navire biblique.

archeL’expédition chinoise quant à elle se détache des autres puisqu’elle ne porte pas sur cette formation géologique mais sur l’exploration d’une excavation au fond de laquelle auraient été trouvé des restes de coque en bois. Cette découverte a permis une datation C14 qui ferait remonter les vestiges à 4.800 ans.

Faute de plus d’information les résultats de cette expédition doivent être pris avec de grandes précautions, et seule une fouille menée dans les règles de l’art pourra peut être déterminer la nature des vestiges découverts. La méfiance est d’autant plus de mise quand on sait que des groupes évangélistes comme ceux de Ron Wiatt avaient eux-mêmes annoncé la découverte de reliques bibliques soit après des interprétations hâtives, soit en fabricant eux-mêmes de pseudo preuves. Sans reporter ces attaques contre ce groupe expéditionnaire chinois, nous devons garder un certain scepticisme en attendant une étude plus approfondie... 

Pour en savoir plus

- Bible et archéologie : Déluge, arche de Noé et Tour de Babel, d'André Parrot. Delachaux et Niestlé, 1970.

- Histoires de la fin du monde, de Marc Déceneux. Editions Ouest-France, 1999.

- Lion (B.),  « Le déluge mythe universel », Dossiers d'Archéologie n° 204, juin 1995.

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