Ancêtre des jeux Olympiques modernes, les jeux Olympiques antiques réunissaient les cités grecques tous les quatre ans dans le stade d'Olympie au cours d'épreuves sportives très prestigieuses. Malgré les déchirements fratricides entre les cités, ces rencontres assurent la cohésion culturelle et communautaire de l'hellénisme. Cette compétition est en effet l’occasion d’une trêve sacrée pendant laquelle personne n’a le droit de faire la guerre. Les jeux Olympiques grecs ont connu leur âge d’or aux Ve et IVe siècles av. J.-C, avant d'être interdits en 391 apr. J.-C., sur ordre de l’empereur romain Théodose Ier.
Origine mythique des jeux olympiques antiques
Selon la légende, le roi Oenomaos était très attaché à sa fille, Hippodamie. Quand un prétendant se présentait il le défiait dans une course de chars. Ou bien le prétendant gagnait et il devenait son gendre, ou bien il perdait et était condamné à mourir. Il parvint ainsi à en écarter une douzaine. Mais il y en eut un, Pélops, qui avait reçu de son père, Arès, deux juments, Psylla et Harpina, qui étaient des coursiers exemplaires. En outre, Hippodamie, amoureuse de lui, s'ingénia à faire remplacer les clavettes qui tenaient les essieux du char de son père par des clavettes de cire.
Oenomaos vaincu, Pélops lui succéda. Il unifia sous son règne toute la partie centrale de la Grèce que l'on appelle depuis le Péloponèse (« l'île de Pélops »). Telle est l'histoire qui est racontée à Olympie, sur le fronton du temple de Zeus. Elle dit l'origine et les sens des Jeux olympiques. En 884 avant Jésus Christ, pour mettre un terme aux guerres avec Sparte, le roi d'Elis instaure les premiers Jeux de l'Histoire dans la cité d'Olympie.
Où et comment se déroulaient les Jeux Olympiques dans l'Antiquité ?
Les jeux panhelléniques, célébrés en l'honneur de Zeus à Olympie, sont donc bien antérieurs à 776 av. J.-C., date de la première olympiade. Ces jeux, qui étaient la plus grande fête du monde grec, prenaient place dans le cadre de solennités religieuses qui avaient lieu tous les quatre ans, en juillet. Annoncés dans toute la Grèce par des messagers, minutieusement préparés pendant toute une année, ils attiraient des foules immenses.
Défense absolue d’y paraître était faite aux femmes mariées. Les concours, qui se déroulaient pendant trois jours, étaient présidés par le collège des dix hellanodiques ou juges des Hellènes, magistrats éléens tirés au sort pour chaque olympiade dans un petit groupe choisi de citoyens.
Les concurrents venaient de tout le monde hellénique : les esclaves, les Barbares, les repris de justice, les homicides, les sacrilèges étaient exclus des jeux. Les autres devaient se faire inscrire un an à l’avance sur un registre tenu par les magistrats d’Élis : en fait, étant donné le prix du voyage, du séjour, des chevaux, des attelages, seuls les riches pouvaient concourir aux jeux. La plupart venaient se préparer au gymnase d’Elis, sous la surveillance des hellanodiques. A l’approche des jeux, ils se transportaient à Olympie, où on les logeait dans des locaux spéciaux; ceux qui arrivaient en retard étaient déclarés hors concours.
Quelles étaient les épreuves des Jeux Olympiques antiques ?
Les jeux Olympiques se déroulaient pendant trois jours, au stade et à l’hippodrome. Le stade d’Olympie, de forme rectangulaire, avait une piste d’une longueur de 192 m. Depuis 725 av. J.-C., les coureurs se présentaient complètement nus : il y avait la course simple, double (diaulos), la course sextuple (six fois la longueur de la piste), la course lente (douze fois la longueur de la piste). Ces courses formaient la première partie des jeux. On passait ensuite à l’hippodrome, dont la piste avait 770 m, pour les courses de chevaux.
La plus ancienne (remontant à 648 av. J.-C.) était la course des chars à quatre chevaux, qui devaient faire huit ou même douze fois le tour de la piste. Il y avait aussi des courses de chevaux montés; on ne pratiquait pas les sauts d’obstacles, mais, à la fin du parcours, le cavalier devait se jeter à terre et conduire lui-même, les rênes à la main, son cheval au but. Le prix était décerné non aux conducteurs mais aux propriétaires des chevaux.
La troisième et dernière partie des jeux se déroulait au stade : elle consistait dans les luttes : lutte simple, pancrace; dans le pentathlon (depuis 708 av. J.-C.), qui combinait cinq épreuves : le saut le disque, le javelot, la course simple et la lutte; enfin dans la course armée (à partir de 520 av. J.-C.), qui consistait à parcourir deux fois le stade avec l’attirail complet du guerrier (à partir du IVe siècle avec le bouclier seulement).
A la fin des jeux, les prix étaient solennellement décernés dans le grand temple de Zeus Olympien : les objets précieux distribués à l’origine furent bientôt remplacés par de simples couronnes d’olivier sauvage ornées de bandelettes. C’est en 540 av. J.-C. que fut érigée pour la première fois à Olympie la statue (en bois) d’un vainqueur; par la suite, on utilisa le marbre, l’or, et ces œuvres étaient exécutées par les plus grands artistes. Le retour du vainqueur dans sa patrie était triomphal, et c’est à cette occasion qu’on commandait à quelque grand poète, tel que Pindare ou Simonide, des odes, qui étaient accompagnées de musique et de danse.
Le temple de Zeus abritait la statue chryséléphantine du père des dieux, œuvre du sculpteur athénien Phidias dans les années 430 av. J.-C. et considérée comme l'une des Sept Merveilles du Monde.
Les jeux, un élément central de la civilisation grecque
Les Jeux olympiques antiques, qui connurent leur apogée au Vème siècle av.J.C. deviennent un élément central de la civilisation grecque. C'était une cérémonie non pas seulement « sportive » (le mot d'ailleurs n'existait pas alors), mais politique et religieuse. Elle rassemblait les Grecs de toutes les cités qui pour l'occasion suspendaient les guerres qui les opposaient. Les épreuves représentaient une forme en quelque sorte sublimée d'affrontement, puisque non meurtrière. Les luttes politiques de même s'exprimaient sur l'agora en des joutes oratoires qui les réglaient « démocratiquement ».
Les jeux Olympiques sont les plus prestigieux et célèbres jeux auxquels se sont livrés les Grecs anciens, les trois autres étant les jeux Isthmiques (à Corinthe, en l’honneur de Poséidon), les jeux Pythiques (à Delphes, en l’honneur d’Apollon) et les jeux Néméens (à Némée, en l’honneur d’Héraclès). Les jeux Olympiques dégénèrent après la conquête de la Grèce par les Romains : ce fut l’époque des athlètes professionnels, et, en 394, l’empereur romain Théodose supprima définitivement ces jeux.
Leur renaissance moderne est due aux efforts de Pierre de Coubertin. Ces nouveaux jeux Olympiques, inaugurés à Athènes en 1896, se déroulent, comme ceux de l’Antiquité, tous les quatre ans : Athènes (1896). Paris (1900), Saint Louis (1904), Londres (1908), Stockholm (1912)...
Bibliographie
- Jeux Olympiques et sport en Grèce antique, de Sophie Padel-Imbaud. 2004.
- La compétition en Grèce antique: Agon. Généalogie, évolution, interprétation de Marc Durand. L'Harmattan, 2000.
- Les Jeux Olympiques antiques : Pugilat, Orthepale, Pancrace de. Brice Lopez. Editions Budo, 2010.