besaluEn France, quand on parle tourisme en Catalogne, on pense de suite à Barcelone, voire aux plages de la Costa Brava. Or, la Catalogne offre bien plus, et singulièrement quand on s’enfonce dans les terres. L’Agence Catalane de Tourisme propose ainsi des itinéraires touristiques qui permettent de remonter l’histoire de la Catalogne, jusqu’à sa naissance à l’époque médiévale. En parcourant ces routes, on découvre tous les liens existant entre la Catalogne et la France, de la Marche d’Espagne au Chemin des Bonshommes emprunté par les Cathares en fuite. Exemple d’itinéraire touristique et historique possible afin de se faire une idée de ce voyage dans les Pyrénées comtales, de Cardona à Gérone en passant par Besalú et Santa Maria de Ripoll, à la rencontre de l’évêque Oliba et de Guifred le Velu…

 

Du Món Sant Benet à Cardona (1er jour) 

La première étape de l’itinéraire passe par le Món (« monde ») Sant Benet (Sant Fruitós de Bages), à environ 70 km au nord-ouest de Barcelone. On y découvre un monastère fondé en 950, où auraient été déposées des reliques de saint Valentin avant qu’elles ne soient détruites par les Sarrasins en 1125. D’abord roman (voire pré-roman), le style a évolué au fil du temps, du gothique (sous l’impulsion des moines de Montserrat) jusqu’au baroque, les influences se mélangeant parfois comme on peut le remarquer dans la crypte datant de 1637. Le cloître gothique, non restauré mais très bien conservé, est magnifique. Les lieux sont remarquablement mis en valeur par une muséographie utilisant des technologies récentes, proposant d’abord une histoire du monastère sous forme de film projeté sur le mur de l’église, puis des animations visuelles et sonores tout au long de la visite. 

A une trentaine de kilomètres au nord, nous entrons dans le vicomté de Cardona où, à l’époque médiévale, régnaient les seigneurs du sel, qui connurent leur apogée au XVe siècle (ils étaient surnommés « les rois sans couronnes »). La position de Cardona, longtemps à la frontière entre Al Andalus et la Marche d’Espagne (future Catalogne), a poussé les seigneurs à édifier un château, aujourd’hui transformé en parador. Dans la petite ville de Cardona, on visite d’abord l’église San Miguel, consacrée au XIIIe, et où on peut admirer entre autres des retables du XVe siècle retraçant le martyre de sainte Ursule. Ensuite, perché à 525m sur la colline, le château de Sant Vicenç, sa tour dite de la Mignonne, et son église romane consacrée en 1040. Le site est impressionnant et permet de contempler toute la région alentour à 360 degrés. 

De Gósol à Besalú, en passant par Ripoll (2e jour)

Le comté de Berga, toujours un peu plus au nord, est selon l’histoire de la Catalogne médiévale celui du « vicomte troubadour », Guillaume de Berguedà, qui, au XIIe siècle, n’hésita pas à affronter Alphonse Ier d’Aragon, mais qui s’illustra autant par son goût de la guerre que par sa production artistique. Ce comté de Berga est traversé par le Chemin des Bonshommes qui s’étend sur plus de 200 km entre Montségur (France) et l’ancien village médiéval de Gósol. Ce chemin était emprunté entre le XIIe et le XIVe siècles par les Cathares fuyant les persécutions subies en France, et qui souhaitaient se réfugier en Catalogne indépendante. C’est aujourd’hui un sentier de randonnée et de VTT. Le village de Gósol (un nom qui remonterait au IXe siècle) a gardé sur sa colline les ruines de l’église Santa Maria et du château médiéval. Le lieu est également connu pour avoir accueilli Picasso au début du XXe siècle. Non loin de là se dresse l’impression Pedraforca et ses 2507 m.

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 En reprenant la route vers l’est, à un peu plus de 50 km de Gósol, nous arrivons à Ripoll pour la visite du monastère Santa Maria, construit par le fondateur historique (voire légendaire) de la Catalogne, Guifred le Velu, vers 880. Malheureusement, la Nature et l’histoire ont gravement endommagé les lieux. Un tremblement de terre au XVe siècle a détruit l’essentiel du monastère roman et gothique, à l’exception du magnifique portail (datant du XIe-XIIe) et d’une partie du cloître (XIIe), et les guerres civiles du XIXe siècle n’ont pas arrangé les choses. L’abbatiale a cependant été reconstruite « à la romane », à la fin du XIXe siècle, sous la direction d’Elies Rogent, et reste impressionnante. 

En continuant notre itinéraire à l’est, nous découvrons le petit joyau de la région : la cité comtale de Besalú. On remarque d’abord son charmant pont médiéval datant du XIe siècle puis, dans la ville, le quartier juif et le monastère Sant Pere, fondé en 977 et dont l’église est consacrée en 1003. La petite cité possède d’autres lieux tout aussi remarquables, comme l’hôpital de Sant Julià (XIIe) et l’église de Sant Vicenç (Xe-XVe), et il est très plaisant de s’y promener, la nuit ou tôt le matin, sur les berges du riu fluvià. 

De Sant Pere de Rodes à Gérone (3e jour) 

Revenus sur la Costa Brava, nous apercevons au bout d’une petite route le majestueux monastère de Sant Pere de Rodes, tourné vers la mer, et surplombé des vestiges du château Sant Salvador. Le panorama et le site sont impressionnants. Le monastère en lui-même l’est tout autant, avec sa splendide église du XIe siècle, son cloître (Xe-XIIe) et ses deux grandes tours (une de garde, l’autre étant le clocher). Sa construction en terrasse rend la visite originale et agréable.sant_pere

 En redescendant dans la vallée, nous entrons à Castelló d’Empúries où nous visitons la Curie et la prison médiévale du XIVe siècle (où se situe l’office du tourisme). La basilique Santa Maria (que ses fondateurs rêvaient cathédrale) est de style gothique catalan et, à l’intérieur, sont visibles d’impressionnants fonds baptismaux du XIe et un retable du XVe siècle. La ville, qui possédait comme Besalú un important quartier juif au Moyen Âge, conserve également une partie des remparts de cette époque. 

A cinquante kilomètres au sud se situe la « ville de Charlemagne » : Gérone. En effet, elle est censée s’être soumise au Carolingien en 785 mais il semblerait qu’il n’y ait jamais mis les pieds. La cité est d’origine romaine, sur la via Domitia. Aujourd’hui, c’est une grande ville étudiante, très agréable, et qui possède nombre de lieux intéressants à visiter. On peut citer par exemple l’impressionnante cathédrale, qui se dresse sur le point le plus élevé de la ville, avec son cloître gothique et sa voûte de 37 m de haut et 26 m de large. Dans le musée, on peut admirer la tapisserie de la Création (XIe-XIIe siècles). Il ne faut pas hésiter à se promener le long des remparts, puis dans la ville, pour découvrir d’autres sites comme l’église Sant Feliu

Vic et le Musée Episcopal (4e jour) 

Le dernier jour de notre périple nous amène à nouveau un peu dans l’intérieur des terres, à Vic. Ancienne ville romaine du Ve siècle, elle est refondée par le fameux Guifred le Velu au IXe siècle. Le non moins fameux Oliba, arrière petit-fils de Guifred, devient évêque de Vic en 1018 grâce au soutien d’Ermessende, femme de Raymond Borrell. Toutefois, la ville aujourd’hui possède plus de sites modernes (et baroques) que médiévaux, à l’exception de remparts, de vestiges du palais comtal du XIe siècle et de certaines parties de la cathédrale, comme le clocher de six étages (XIe siècle). Cathédrale décorée au XXe siècle par les impressionnantes peintures de José Maria Sert.

 A Vic, il ne faut surtout pas passer à côté du Musée Episcopal. Ouvert en 2002, il possède des pièces splendides, remarquablement mises en valeur par une muséographie simple dont devraient s’inspirer nombre d’autres musées ou expositions. C’est particulièrement le cas pour toutes les œuvres des époques romane et gothique. 

Les itinéraires des Pyrénées comtales (Catalogne) 

Le trajet parcouru ici n’est pas exhaustif, il ne représente qu’une infime partie de tous les sites à découvrir dans la Catalogne historique. L’Agence Catalane de Tourisme (voir liens ci-dessous) propose plusieurs itinéraires pour découvrir l’histoire de la Catalogne, dont deux principaux, chacun de cinq jours, l’un de l’Empordà à la vallée de Boí, l’autre de la vallée de Boí à Gérone, respectivement routes nord et sud. Rien n’empêche également de parcourir les comtés (au nombre de onze) un par un, passant un ou plusieurs jours sur place. 

Parcourir les routes de la Catalogne comtale est donc, pour conclure, une très bonne idée pour tout amateur de tourisme culturel et historique. Surtout que la région permet également de profiter d’activités touristiques plus « classiques » comme la randonnée, la découverte de la gastronomie et la baignade sur la Costa Brava. Il n’y a pas que Barcelone en Catalogne ! 

Les Pyrénées comtales, découverte de la Catalogne du Moyen Âge. Pour tout renseignement : 

Point d’Information de la Catalogne en France 

1 carrer de la fusteria, 66000 Perpinyà. Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.. Tél : 04 68 62 74 67 

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