bataille courtai 4La bataille de Courtrai est une bataille du Moyen Age au cours de laquelle la chevalerie française de Philippe IV le Bel est battue par l’armée des communes flamandes, le 11 juillet 1302. Près d’un demi-siècle avant la bataille de Crécy, cette défaite annonce le déclin du modèle d’armée féodale reposant sur une lourde cavalerie en armure. Également appelée « bataille des Éperons d’or », du nom des centaines d’éperons dorés que les vainqueurs ont ramassé sur le champ de bataille, la bataille de Courtrai est encore commémorée par de grandes manifestations religieuses dans la ville.

La Flandre, une province riche et rebelle

A la fin du XIIIe siècle, la Flandre partage avec l’Italie le monopole du commerce international. Au milieu du conflit qui oppose les Français aux Anglais concernant les actes de piraterie sur les côtes françaises, le comte de Flandre prend parti pour l’Angleterre, fournisseur en laine et gros client de tissus confectionnés en Flandre, et se révolte contre son suzerain, Philippe IV.

Philippe le Bel, dans sa lutte permanente pour renforcer le pouvoir royal, se heurte rapidement à l’autonomisme de la Flandre, partie du royaume de tout temps rétive à l'autorité royale et liée par de puissants liens commerciaux à l’Angleterre. Battu une première fois à Fûmes en 1297, le comte de Flandre Gui de Dampierre s’allie au roi Édouard Ier ce qui provoque une prise de contrôle totale du comté par le pouvoir royal.

C’est dans une Flandre profondément divisée entre leliaards, partisans du roi de France, et klauwaards, fidèle du comte de Dampierre, que, le 19 mai, le massacre de la garnison française lors des « Matines de Bruges » allume la révolte générale sous la direction de Guillaume de Juliers. Bientôt, seules les places de Cassel et Courtrai restent aux mains des leliaards. Lorsque les klauwaards assiègent cette dernière place, une forte armée royale sous le commandement de Robert II d’Artois vient secourir la ville.

La bataille de Courtrai

bataille courtai 3L’armée franque fait face aux milices flamandes de Jean de Namur, héritier du comté de Flandre : vingt mille à cinquante mille hommes dans chaque camp selon les chroniques de l’époque, autour de dix mille selon les historiens modernes. Le 11 juillet, se déroule la rencontre entre lost royal et les milices flamandes à pied armées de « godendac », lourde lance effilée redoutable, et protégées par un grand fossé.

Après un premier assaut à l'avantage des Français et de leurs alliés, dont les volées de flèches font reculer les Flamands, les cavaliers picards, normands, brabançons et artésiens, sûrs de leur victoire, s’élancent sans mesurer que le terrain et la présence de marécages représentent un danger mortel les empêchant de manœuvrer.

Embourbés, les cavaliers perdent tout le bénéfice de leur supériorité théorique, et bientôt assaillis par les miliciens flamands ne faisant aucun quartier, tombent par centaines et non des moindres: le comte d’Artois, le comte de Clermont, celui de Brabant ou Jacques de Châtillon, gouverneur de Flandre au nom de Philippe le Bel, ne rentreront pas de cette journée. Les milices flamandes ne perdent, dit-on, qu'une centaine d'hommes. L'arrière-garde du comte de Saint-Pol, peu désireuse de partager le même sort, a rebroussé chemin.

Les éperons des chevaliers français font tapisserie

C’est une journée humiliante pour la chevalerie de France vaincue par des « gueux » et dont les éperons d’or viendront orner les murs de Notre-Dame de Courtrai. Le comté de Flandre gagne par sa victoire sur la chevalerie de France une indépendance de fait qui se prolonge pendant quelques années. Mais tout est loin d’être terminé. L’indépendance sera éphémère.

Deux ans plus tard, Philippe le Bel prendra une spectaculaire revanche à Mons-en-Pévèle (en 1304) ramenant, pour un temps au moins, la rebelle Flandre dans le giron du royaume.

Pour aller plus loin

La bataille de Courtrai: le massacre de la chevalerie française, d' Alain Arcq. Historic'one, 2010.

Courtrai: 11 juillet 1302 , de Xavier Hélary. Tallandier, 2008.

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