Le roi de France Philippe II, dit Philippe Auguste, est celui qui a vraiment permis à la dynastie des Capétiens de consolider son pouvoir et d'élargir le domaine royal. Mieux, par ses conquêtes et ses réformes, il est souvent considéré comme l’un des plus grands souverains de l'histoire de France et comme l’un des fondateurs de ce qu’est devenue la nation française. Le 27 juillet 1214, la victoire de Philippe Auguste lors la bataille de Bouvines contre une coalition de puissances européennes deviendra l'évènement le plus célèbre de son règne.
La succession de Louis VII
Il est associé au trône dès 1179, et sacré roi à Reims la même année. Il succède à son père à seulement quinze ans, en 1180. Mais le trône capétien est alors affaibli et le jeune souverain doit lutter contre l’influence de sa mère, de ses oncles et de certains féodaux qui s’allient contre lui. Habile politique, il a réussi avant même la mort de son père à signer un traité de paix avec Henri II Plantagenêt, à Gisors. Il a alors les mains libres pour affronter ses rivaux, qu’il vainc en 1185 ; il leur impose le traité de Boves et met la main sur le Vermandois, l’Artois et Amiens. C’est à cette occasion qu’il aurait été surnommé Auguste par le moine Rigord, en référence à son mois de naissance mais surtout au premier empereur romain.
La lutte contre les Plantagenêts
Alors que le pape parvient à suspendre le conflit en prêchant une croisade pour libérer Jérusalem, reconquise par Saladin, les hostilités reprennent tout de même en 1188 quand Henri II parvient à se réconcilier avec son fils Richard. Néanmoins, les belligérants finissent par se lasser, et signent le traité de Bonsmoulins à la fin de l’année. Cela n’empêche pas Philippe de réussir à retourner une fois de plus Richard contre son père ; cette fois cela porte ses fruits, Henri II malade et affaibli doit se soumettre à son fils, rejoint par le cadet Jean. Il meurt peu de temps après, en juillet 1189. Richard Ier devient roi, et il est temps pour lui d’aller en croisade avec son ami Philippe.
La Croisade
C’est donc plus de deux ans après l’appel du pape (décédé entretemps) que les deux souverains partent pour la Terre Sainte libérer Jérusalem une nouvelle fois ; ils doivent être rejoints par l’empereur Frédéric Ier Barberousse, mais celui-ci mourra en chemin. L’amitié entre Richard et Philippe ne tient pas longtemps devant la rivalité que créé cette expédition prestigieuse. Les problèmes commencent en Sicile, où ils restent six mois ! Les deux hommes se disputent l’influence sur les différents partis de l’île, mais se fâchent aussi à cause du refus de Richard Coeur de Lion d’épouser la demi-sœur de Philippe, Aélis, lui préférant Bérangère de Navarre (Aliénor ne serait pas pour rien dans ce revirement de son fils). Ils parviennent tout de même à se réconcilier avant de repartir. Leur arrivée est décisive pour la prise de Saint Jean d'Acre en juillet 1191.
Mais très vite ils se retrouvent impliqués dans les querelles de succession du royaume de Jérusalem ; celles-ci n’intéressent pas Philippe, qui est pressé de retourner dans son royaume. Il quitte la Terre Sainte le 27 décembre, laissant la gloire à Richard.
Mariages et manoeuvres
Sa femme Isabelle est décédée en 1190, et il doit se remarier pour assurer sa succession, son jeune fils Louis étant de santé fragile. Il se choisit alors Ingeburge, sœur de Knut VI du Danemark, qu’il épouse en 1193. Mais, apparemment, la nuit de noces se passe mal et Philippe décide d’enfermer sa femme dans un monastère et d’en chercher une autre ! Soutenu par des ecclésiastiques de son royaume, il se marie avec Agnès de Miranie en 1196, provoquant la colère du pape Innocent III. Philippe doit finalement céder et se séparer de sa femme en 1200, et se résigner à récupérer Ingeburge en 1213…
Philippe Auguste vainqueur des Plantagenêts
C’est ensuite la situation dans le Saint Empire Germanique qui lui devient favorable, avec la guerre de succession opposant d’abord Otton de Brunswick et Philippe de Souabe. Le premier est soutenu par son oncle Jean d’Angleterre, et par le pape ; le second, frère du défunt empereur Henri VI, par Philippe Auguste, mais il est assassiné en 1208. Pourtant, Philippe ne perd pas sa réussite car le nouvel empereur Otton IV est rapidement excommunié, et le roi de France choisit alors le camp de Frédéric II, fils d’Henri VI. C’en est trop pour ses rivaux : Jean Sans Terre parvient à réunir une alliance avec Otton et le comte de Flandre. Philippe peut compter sur l’aide de son fils Louis, et il obtient lui-même la victoire célèbre à la bataille de Bouvines en juillet 1214, alors que le futur Louis VIII a battu Jean en personne quelques jours plus tôt à La Roche-aux-Moines ; en revanche, Louis le Lion échoue dans sa conquête du trône d’Angleterre, malgré le soutien un temps des barons anglais. Philippe Auguste est néanmoins à l’apogée de sa puissance.
Un roi réformateur
Il a aussi considérablement agrandi le domaine royal grâce à ses victoires sur les Plantagenêts. C’est encore lui qui fait de Paris une capitale organisée et fortifiée (avec le Louvre), qui soutient la création de l’Université de Paris. Et c’est sous son règne que commence vraiment à se développer les histoires d’Amour Courtois, et la construction de l’idéal chevaleresque.
La fin du règne de Philippe Auguste

Parallèlement, le roi obtient enfin la paix grâce à son triomphe de Bouvines. Il impose une trêve en 1215, prolongée en 1220. Il prépare aussi sa succession en associant au trône son fils Louis, et en rédigeant un testament en 1222. Sa santé devient très fragile mais, malgré l’avis des médecins, il pense à préparer de nouvelles croisades. Un dernier voyage l’achève, il meurt le 14 juillet 1223 et est enterré à Saint-Denis ; son fils Louis, qui a épousé Blanche de castille, lui succède.
Bibliographie
- Philippe Auguste : La naissance de l'Etat monarchique de Jean Flori. Tallandier, 2007.
- Philippe II Auguste : Le Conquérant de Georges Bordonove. Pygmalion, 2009.
- Philippe Auguste de Gérard Sivery. Perrin, 2003.