Christophe Colomb, navigateur de nationalité espagnole d'origine génoise, est devenu célèbre pour avoir découvert le futur continent américain en 1492. Convaincu qu'il est possible d'atteindre les Indes par l'ouest et malgré les nombreuses réticences de ses contemporains, il avait fini par obtenir le soutien financier des souverains espagnols Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille pour monter son expédition. Au cours de quatre voyages successifs, il va explorer les Caraïbes et même apercevoir le continent, mais restera convaincu jusqu'à la fin de sa vie d'avoir atteint l'Asie. Il échouera à établir une colonisation pérenne dans les îles découvertes, du fait de l'hostilité des indigènes, des exactions des espagnols et de ses piètres qualités d'administrateur. Contraint de retourner en Espagne, il y connaîtra la disgrâce, sombrant pour un temps dans l'oubli.
Qui est Christophe Colomb et où est-il né ?
Officiellement, Cristoforo Colombo est né à Gênes en 1451. Il serait le fils de Domenico Colomb, un tisserand, et de Suzana Fontanarossa. Il a deux frères, Bartolomeo et Giacomo. Ses origines et sa jeunesse sont assez mal connues et il n'est même pas sur qu'il fut italien, ayant toujours écrit en espagnol, même dans ses notes personnelles. Il est possible qu'il ait appartenu à une famille juive d'origine espagnole exilée à Gênes. Très jeune, il se passionne pour la navigation et les sciences.
Le Livre des merveilles du monde de Jean de Mandeville aurait largement inspiré dans son entreprise de découverte. Se destinant à la Marine, il embarque en 1476, dans un convoi à destination de Lisbonne et de l'Angleterre. Attaqué par les Français, il se réfugie à Laos et retrouve son frère au Portugal. Il fait la connaissance de Filipa Perestrelo Moniz, qu’il épouse en 1479. Ce mariage lui permet d'obtenir les cartes de navigation de son beau père Bartolomeu Perestrel, un marin qui a déjà exploré Madère.
Comme Christophe Colomb a toujours fait silence sur ses origines, certains historiens pensent qu’il s’agit d’une stratégie de dissimulation afin de ne pas gêner son ascension. Selon l’ouvrage de l’historien Claude Mossé, intitulé « Les Impostures de l’Histoire », un chapitre consacré à notre personnage met en évidence plusieurs éléments convergeant vers la thèse d’une filiation juive et catalane. En premier lieu, Le navigateur aurait retardé le départ de l’expédition du 2 au 3 août 1492 car, selon l’auteur, le chiffre 2 est jugé néfaste par les juifs. L’explorateur aurait levé l’ancre la veille de l’expulsion par Ies souverains espagnols des juifs non convertis au christianisme.
Son journal de bord, rédigé en Catalan évoque la bible ainsi que « la destruction de la seconde maison » que l'on peut assimiler au Second Temple de Jérusalem. De plus, le vrai nom de Christophe tend à prouver qu’il s’agit d’un catalan car d’après Claude Mossé :« Les premiers billets payés au marin par les Rois d’Espagne et datés de 1488 ont été établis au nom de Colom à Séville.» Il ajoute que « De nombreuses familles juives catalanes se nommaient Colom.»
Quel était le but du voyage de Christophe Colomb ?
À la fin du XVe siècle, alors que le continent américain est inconnu, les cartes du monde font mention d'un espace océanique vide entre les côtes occidentales de l'Europe et les côtes orientales de la Chine. De plus, sur la base des travaux du grec Ptolémée (IIe siècle), la circonférence de la Terre est sous-estimée, tandis que la largeur (extension longitudinale) de l'Eurasie est surestimée.
Ainsi, les cartes dont disposent Christophe Colomb — ainsi que le globe terrestre conçu par le géographe Martin Behaim en 1492, auquel le navigateur a probablement eu accès avant son départ — font naître chez lui la conviction que l'on peut atteindre l'Asie en naviguant toujours vers l'ouest à partir de la péninsule Ibérique.
Colomb pense que la terre est plus petite qu’on ne le croit et que la terre est ronde : son but est donc de trouver une nouvelle route des Indes pour rejoindre l’Asie en traversant l’océan Atlantique. Après avoir essuyé un refus du roi Jean II de Portugal, ce sont Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille qui décident de financer son expédition. Il obtient le tire d'amiral de la mer océane et la vice-royauté des territoires qu'il serait amené à découvrir. Martín Alonso Pinzón, un armateur de Palos, est choisi pour affréter la petite escadre qui va s'aventurer dans l'Atlantique.
Quatre voyages vont être ainsi réalisés. Pour le premier, Colomb part le 3 août 1492 depuis les îles Canaries avec trois caravelles : la Santa María, la Pinta et la Niña.
Le 12 octobre 1492, le navigateur atteint l’île de Guananini aux Bahamas, qu’il baptise San Salvador. Le 28 octobre, l’expédition atteint Cuba et c’est sur l'île d’Hispaniola, la future Haïti qu’il découvre de l’or et y construit un petit fort, ou il laissera 39 hommes .
Fort du succès du premier voyage, il retourne aux Amériques avec plus de marins et de navires soit 17 navires et 1500 marins. Il découvre la population des petites Antilles et de la Jamaïque et fonde sur l’actuelle République dominicaine la première colonie européenne, celle d’Isabela.
Lors de ses troisième et quatrième voyages, il continue son exploration en naviguant près de l’île de la Trinidad et l’isthme de Panama. Il a ainsi fait la connaissance des indigènes et permis aux Européens de connaître d’autres cultures, mais à quel prix ?
L'envers et l'histoire des voyages de Colomb
Ce qu’on retient surtout de Colomb c’est la fameuse découverte des Amériques, pourtant des horreurs se cachent derrière ses voyages. Pendant trois années, l’explorateur organise le pillage et la soumission au tribut des autochtones. Se servant du prétexte de l’anthropophagie des populations, il réduit en esclavage les habitants des Caraïbes, notamment dans les plantations de cannes à sucre.
Il crée le "repartimiento" afin de distribuer les indigènes entre les Espagnols et les colonies et qui s’est ensuite transformé en "encomienda". Il s’agit d’un système, d’abord pratiqué à Saint-Domingue, par lequel un conquérant peut utiliser un indien pour le faire travailler en échange d’une évangélisation. Cette pratique sera fermement dénoncée par Bartolomé de Las Casas, premier prêtre ordonné sur le Nouveau monde, et qui se prononcera en faveur de l'abolition de l'esclavage.
Ce système et ces méthodes ont entraîné de nombreuses épidémies et laissé place à une mortalité élevée. La reine Isabelle a eu vent du comportement de Colomb et de son trafic d’esclave. Elle a envoyé à Hispaniola Francisco de Bobadilla, futur administrateur colonial arrêter Colomb pour « mauvaise gestion » et improductivité. Il perd ainsi son titre de vice-roi des Indes, et Bodadilla le renvoie en Espagne en 1500, les fers aux pieds. Les monarques espagnols finiront par accorder leur pardon au navigateur, mais tant en refusant de le rétablir à son poste.
Christophe Colomb, le découvreur des Amériques ?
Le terme « découverte » est représentatif de la vision européenne du monde à cette époque. On peut aussi dire que ce sont les habitants qui ont de leur coté découvert la culture espagnole, mais surtout, le continent avant les Espagnols ! Des peuples existaient déjà. La vie n’est pas soudainement apparue. Il est important de noter que ces indiens d’Amérique, originaires d’Asie, ont traversé à pied le détroit de Behring lors de la glaciation de Würm vers 25 000 avant Jésus-Christ, largement avant Colomb. En outre, il paraîtrait même que des Africains ont été présents 3 000 ans avant les Européens. Des colosses de granit représentant des Africains noirs ont été trouvés au sein de la civilisation olmèque.
Parmi les navigateurs, Christophe Colomb n’a pas été le premier à remarquer ce continent. D’autres explorateurs ont avant lui voyagé près des Amériques. Il s’agit d’Erik le Rouge, explorateur norvégien qui navigue vers l’ouest vers 980 et son fils Leif Eriksson qui accoste à Terre Neuve, au Canada.
De plus, à l’origine, le but de l’expédition porte sur la découverte d’une route des Indes. C’est donc par hasard qu’il accoste aux Amériques. Jusqu’à sa mort il est persuadé d’avoir trouvé les Indes et donc les Indiens et non d’avoir découvert un nouveau continent. Il est mort en parfaite ignorance de cause. Pour lui c’est sûr, il n’a pas découvert les Amériques. Comble de l’ironie, c’est un autre navigateur italien, Amerigo Vespucci qui donnera son nom au nouveau continent.
Mort et postérité de Christophe Colomb
Christophe Colomb revient de ses voyages épuisés, malade de la goutte. Il essaye de faire reconnaître ses droits et privilèges sur les terres découvertes, en vain. Les rois catholiques n’ont pas voulu lui restituer ses titres. Dépossédé de ses privilèges, le navigateur s’éteindra à Valladolid le 20 mai 1506. Il a été le premier navigateur à faire connaître aux Européens les cultures indigènes par le biais de la colonisation et de ses récits. Il a ouvert la voie à la découverte de coutumes différentes de tribus telles que les Arawacks, Chibchas et Caraïbes.
Toutefois, au regard de l’histoire de ce continent qui ne commence pas véritablement dès 1492, on peut dire qu’il n’a pas été le premier homme à découvrir l’Amérique. Cette découverte est très controversée car certains chercheurs voient en lui un antihéros sans foi et un imposteur, cf « Christophe Colomb, l'impossible héros » de Daniel Fabre. Il est vrai qu’il convient de relativiser cette image de grand explorateur en raison de l’instauration de l’esclavage et des massacres, issus de la cupidité des espagnols.
Bibliographie
- De Denis Crouzet : Christophe Colomb : Héraut de l'Apocalypse. PUF, 2018.
- De Marie-France Schmidt, Christophe Colomb. Folio, mai 2011.
- La découverte de l'Amérique, récits des voyages de Christophe Colomb. La Découverte, 2015.