Le 19 avril 1943, la révolte du ghetto de Varsovie entre dans son ultime et plus cruelle phase. Depuis Janvier l'« Union Militaire Juive » et l'« Organisation juive de combat » sporadiquement soutenues par l'« Armée Intérieure » polonaise s'opposent par la force aux déportations, qui ont déjà concernés plus de 300 000 personnes. Les allemands à l'origine dépassées par la situation, se décident à réagir et à écraser l'insurrection, ce par tous les moyens possibles.
La création du ghetto juif de Varsovie
Après l’attaque de la Pologne par l’Allemagne le 1er septembre 1939, qui marque le début de la Seconde Guerre mondiale, les occupants allemands mettent en œuvre, au nom de l’idéologie nationale-socialiste, la concentration et l’isolement des populations juives. À Varsovie vivent 393 000 Juifs, soit un tiers de la population de la ville.
En 1941 vivent dans le ghetto quelque 550 000 Juifs de Varsovie et des environs, auxquels s’ajoutent des Juifs d’Allemagne, d’Autriche et de Bohême-Moravie. Au cours de l’hiver 1941-1942, la faim et les épidémies, de typhus notamment, entraînent la mort de 100 000 habitants du ghetto. En fait, la mise en place du ghetto fait partie de la préparation « administrative » de la Shoah. C’est une étape transitoire vers les camps d’extermination, vers lesquels les déportations de masse commencent en juin 1942, après la conférence de Wannsee. Entre le 23 juillet et le 3 octobre 1942, 310 000 Juifs du ghetto sont déportés vers le camp d’extermination de Treblinka, distant de 120 km. Il ne reste plus alors qu’environ 33 000 personnes dans le ghetto. Quelques jours plus tard l’Organisation juive de combat (OJC) est fondée.
Le soulèvement d'avril 1943
Les nouvelles déportations organisées en janvier 1943 provoquent un début d’opérations de résistance, et le 19 avril 1943, alors que les Allemands ont décidé la liquidation du ghetto, ils se heurtent à une insurrection qui dure trois semaines. Sous le commandement du général SS Jürgen Stroop, ce sont plusieurs milliers d'hommes qui sont rassemblés: Policiers, SS, Waffen SS, membres du SD (service de renseignement) auxiliaires ukrainiens et baltes, de l'artillerie... Ces unités disparates doivent s'emparer du Ghetto et liquider toute résistance en 3 jours. Face à eux moins de 500 combattants juifs, très faiblement équipés et tenaillés par la faim...ils tiendront pourtant plus d'un mois face aux forces allemandes.
Un mois d'une résistance acharnée et sans espoir, à laquelle les dirigeants nazis répondent par une politique de terreur absolue. Le ghetto sera finalement complètement rasé, plusieurs milliers de ses habitants brulés vifs ou asphyxiés par les fumées toxiques des incendies. Le reste sera déporté et connaitra un sort abominable dans les camps de travail et d'extermination.
Seuls une poignée (40 peut être un peu plus) d'habitants du ghetto et de résistants parviendront à s'échapper à l'instar du fameux Marek Edelman décédé en 2009.
Pour aller plus loin
- Les 948 jours du ghetto de Varsovie, de Bruno Halioua. Liana Levi, 2018.
- Oneg Shabbat - Journal du ghetto de Varsovie, d' Emanuel Ringelblum. Calmann-Lévy, 2017.