temple apollon corintheCorinthe, en grec ancien Korinthos (que certains associent au mot Korus-thos signifiant casque) était une cité grecque, qui a joué un rôle non-négligeable dans l'histoire de l'Antiquité grecque. Située sur l'isthme de Corinthe, au sud-ouest de la ville de la ville moderne, elle fut un centre commercial important et une puissance auprès des autres cités grecques avec une politique extérieure plutôt forte. Elle s'allia à Sparte contre Athènes lors de la guerre du Péloponnèse (431-404 av. J.-C.), puis, après la défaite d'Athènes, s'allia avec elle contre Sparte lors de la guerre corinthienne (395-386 av. J.-C.).

 

La géographie de Corinthe

La cité de Corinthe et située à 80km à l'ouest d'Athènes.. La cité est disposée à un endroit privilégié, car c'est un carrefour entre deux régions continentales, l'Attique et le Péloponnèse, et deux mers, la mer Egée et la mer Ionienne, c'est donc un isthme.

acrocorintheAu niveau du relief, Corinthe n'est pas située en montagne, mais en plaine. Elle est cependant très proche des collines du sud. Le Diolkos, voie terrestre pour le passage des bateaux, permettait le passage d'une mer à l'autre. Le Diolkos (en grec ancien Dia signifiait « à travers » et -Olkos avait pour signification « trainée ») évitait aux navires voulant passer de la mer Ionienne à la mer Egée de traverser le cap Ténare et le cap Malée dont les vents parvenaient souvents à couler les navires. Corinthe possédait deux ports : le Léchaion sur le golfe de Corinthe et le Cenchrées sur le golfe Saronique.

Corinthe était une puissance maritime. En plus d'avoir une position stratégique au niveau géographique, la géomorphologie de Corinthe est elle aussi intéressante encore actuellement, car elle nous permet de comprendre comment les corinthiens pouvaient faire face à l'ennemi. La cité est adossée à l'Acrocorinthe, forteresse natuelle dont le point le plus haut se situe à 574m. C'était une défense naturelle sans nul doute puisqu'elle permettait de voir approcher les ennemis alors qu'ils étaient toujours loins.

L'économie de Corinthe dans l'antiquité

drachme_corintheLa monnaie fait son apparition au VIIe siècle à Corinthe. A l'époque classique, les échanges commerciaux sont donc appuyés par la monnaie. Voici l'exemple d'une pièce de monnaie appelée couramment « poulain de Corinthe ». A gauche, on a la représentation de Pégase, le cheval ailé mythologique, et à droite la représentation d'Athéna, déesse de la sagesse et de la stratégie guerrière.

Son casque nous permet de la reconnaître et la lumière derrière elle est parfois remplacée par d'autres symboles. La pièce a été datée approximativement, aux alentours de 375 – 350 avant J.-C. donc à l'époque classique. C'est un statère, c'est-à-dire un tétradrachme de 8,53 kg. L'économie de Corinthe repose donc sur des échanges appuyés par la monnaie métallique. Mais elle repose sur le commerce, en plus de l'agriculture.

Corinthe est une cité commerçant avant tout : ses deux ports (Lechaion et Cenchrées) lui donnent une ouverture du l'Occident et sur l'Orient. Corinthe a donc profité de cette situation géographique pour rentabiliser le passage des navires commerciaux d'une mer à l'autre. Elle percevait des droits de douanes sur les diverses marchandises transitant, et son système, le Diolkos, était efficace. On dit qu'il servait également aux petits navires de guerre.

vase corinthienLa définition de ce Diolkos est donnée par Amouretti et Ruzé dans Le monde grec antique où les deux historiens décrivent le Diolkos comme étant une « route dallée de 6km construite vers 600 [avant J.-C.] et traversant l'isthme de Corinthe ; elle permettait le transport des cargaisons sur des traîneaux à roues et, peut-être, celui des trières. Le rôle de ce passage fût capital pour le transport des belles pierres à bâtir. »

Les Corinthiens étaient aussi des artisans. Ils auraient inventé la trière, et le chapiteau corinthien qui porte aujourd'hui un nom éponyme en référence aux artisans de la cité antique. La fontaine Pirène, dont le bassin est encore visible aujourd'hui (plusieurs restaurations ont eu lieu, neuf dit-on, la dernière en date étant l'œuvre d'Hérode Atticus) servait à tremper le bronze.

N'oublions pas que la céramique Corinthienne était exportée dans toute la Grèce, et que le sol de l'Acrocorinthe rige en argile de poterie a permis à la cité d'exceller dans la fabrication de poteries (qui étaient plus blanches, vu la composition du sol riche en oxyde de fer).

La vie religieuse

C'est la déesse Aphrodite était vénérée sous l'épiclèse de Mélainis, dans le bois du Kraneion. Selon certaines sources romaines, donc postérieures, on y pratiquait la prostitution sacrée, mais rien ne permet de dire si cette prostitution avait lieu à l'époque classique en particulier. Les aphrodisies y étaient célébrées, culte dédié à cette même déesse Aphrodite.

temple_corintheApollon avait également un temple, de style dorique. On dit qu'il est monolithique car il a été taillé dans un bloc de marbre unique. Il témoigne de l'activité religieuse de Corinthe à une certaine époque. C'est l'un des rares vestiges encore observables à Corinthe.

Tous les deux ans, en avril/mai, avaient lieu les jeux isthmiques avec le dieu tutélaire Poséidon, divinité des mers. Ces jeux se déroulaient dans le sanctuaire d'Isthmia dont très peu d'éléments sont visibles à ce jour. Ces jeux panhelléniques regroupaient des concours d'athlétisme, de musique, de peinture, et autres formes d'art. C'étaient avant tout des concours, sens originel du mot grec Agôn.

La politique extérieure de Corinthe

Rappelons le contexte de colonisation (il n'appartient pas à l'époque classique). Les colonies de la cité de Corinthe étaient importantes. Sur la plan politique, la cité est oligarchique. Malgré son débouché sur deux mers, Corinthe a préféré coloniser à l'ouest, sur le golfe qui a gardé son nom. Elle fonda Potidée sur la mer de Thrace, puis s'empara de la grande île de Corcyre. Cette dernière devint un poste avancé de navigation. Mais la colonie Corcyre s'est vite développée, sa fortune a augmenté considérablement et rapidement, au point qu'elle pu rivaliser avec sa métropole. Les corinthiens continuèrent la colonisation et s'avancèrent plus au nord sur les côtes d'Epire et d'Illyrie, et à l'ouest vers la Sicile et l'Italie (Syracuse).

A l'époque classique, après les guerres médiques (Maraton, Salamine, et Platées), de nombreuses cités grecques tentent d'obtenir l'hégémonie sur l'ensemble du territoire grec. Corinthe s'inscrit dans ces ambitions, mais pas autant qu'Athènes, Sparte ou Thèbes, qui sont très impérialistes. Corinthe cherche à faire contre-poids avec Lacédémone (Sparte) pour limiter son ingérence de cette dernière au sein des autre cités grecques, mais Sparte est bien trop puissante et garde son hégémonie.

Corinthe reste tout de même une puissance militaire importante, la troisième après Sparte et Athènes. Sa position stratégique est avantageuse : durant la guerre du Péloponnèse, le Cenchrées et le Lechaion sont les bases navales du Péloponnèse, le port d'attache de la flotte alliée. Les corinthiens sont aussi de nombreux hoplites. Hérodote parle de 5000 corinthiens à Platées, et Thucydide mentionne 2000 à 3000 hoplites durant la guerre du Péloponnèse.

carte_grece_antiqueLa guerre du Péloponnèse débute avec un conflit interne entre la cité d'Epidamne, colonie de Corcyre, elle-même colonie de Corinthe. Un conflit éclate entre Epidamne et Corcyre, qui conduira Corinthe a saisir cette occasion pour réaffirmer sa puissance dans le secteur. Corinthe envoie sa flotte, et des navires de cités alliées rejoindront la flotte de Corinthe, mais contre tout attente, la colonie bat sa métropole : Corcyre bat Corinthe en 435. Durant deux années, Corinthe prépare sa revanche, et Corcyre recherche la protection d'Athènes, protection qu'elle obtiendra car Athènes s'engage à protéger les corcyréens en cas d'attaque de sa métropole.

Potidée, colonie de Corinthe, et membre de la ligue de Délos, rompt tout lien avec sa métropole sous les ordres d'Athènes, c'est une conséquence de l'attaque de Corinthe contre Corcyre. Potidée refuse de raser ses murs, et les potidéates se rebellent. Corinthe appuie sa colonie, pour qu'elle puisse faire face à Athènes qui prépare son siège et entrevoit de recourir à Sparte pour l'aider.

Corinthe dans la tourmente de la guerre du péloponnès

Selon l'historien Thucydide, ces querelles sont des prétextes à la guerre du Péloponnèse. Pour lui, la vraie cause de la guerre réside dans l'accroissement de la puissance athénienne, cette dernière devenant trop impérialiste.

Dix ans après la victoire de Sparte, une guerre éclate à nouveau sur le territoire corinthien. C'est au tour de Sparte d'étendre son impérialiste, et la puissance lacédémonienne devient trop importe et très menaçant, même pour Corinthe, son ancien allié. Dès 394 avant J.-C., Corinthe cherche à frapper Sparte au plus près de son territoire, mais les lacédémoniens sont trop forts pour Corinthe.

En 392, Corinthe se soulève, les alliés qui se battent contre Sparte s'en assurent progressivement le contrôle. Les Perses s'allient à Sparte, et force l'alliance anti-spartiate à vouloir la paix. C'est le Traité d'Antalcidas, signé en 387 qui mettra fin à cette guerre. Les conséquences sont désastreuses pour Corinthe, la cité isthmique a vu ses ports détruits, ainsi que ses campagnes fûrent saccagées. 

La cité de Corinthe fût active sur plusieurs plans durant l'époque classique. C'est une cité où le commerce fleurit, et où les artisans sont très créatifs. Corinthe est également très importante dans l'Antiquité grecque sur le plan religieux, avec ses jeux isthmiques, sans oublier son côté militaire qui nous démontre que la cité de Corinthe était très dynamique. 

Bibliographie

- Thèse de doctorat de Xavier Bouteiller intitulée : Le territoire de Corinthe : Transformations politiques et aménagements du paysage (440 avant J.-C. - 96).

- Le monde grec antique, M.-C. Amouretti, F.Ruzé, P. Jockey. Hachette, 2011.

.