caricature lesseps panamaLe canal de Panama, qui traverse le pays du même nom, relie l’océan Atlantique à l’océan Pacifique et permet de relier les deux océans sans avoir à contourner l’Amérique du Sud. Bien que les premiers projets de construction remontent à Charles Quint, c'est en 1880 que Ferdinand de Lesseps, fort du succès du canal de Suez, élabore le premier projet sérieux de canal interocéanique dans l’isthme de Panama. L'entreprise fait faillite en 1889 et c'est le gouvernement américain qui achevera les travaux. Inauguré en 1914, le canal repasse sous la souveraineté panaméenne en 1977, à la suite d'une longue négociation avec les Etats-Unis.

 

Les premiers projets de canal de Panama

L’intérêt d’une courte voie d’accès entre les océans Atlantique et Pacifique se développe avec l’arrivée des explorateurs en Amérique centrale dès le xvie siècle. Vers 1520, le conquérant espagnol Hernán Cortés propose la construction d’un canal sur l’isthme de Tehuantepec, dans le sud du Mexique. Le premier projet d’un canal sur l’isthme de Panama est toutefois l’idée du roi d’Espagne Charles Quint, qui commande une étude de l’isthme en 1523. Un plan des travaux est élaboré dès 1529, mais le roi n’en prend pas connaissance. En 1534, un notable espagnol propose un projet de canal proche de celui qui existe aujourd’hui, puis d’autres projets sont soumis, mais rien n’est entrepris.

Au début du XIXe siècle cependant, les écrits du scientifique allemand Alexandre de Humboldt ravivent l’intérêt pour le projet. En 1819, le gouvernement espagnol donne l’autorisation officielle de construire un canal et de créer une compagnie commerciale pour effectuer cette construction. Mais ces efforts sont sans résultat : avec la révolte des colonies, l’Espagne perd bientôt le contrôle des emplacements susceptibles d’être utilisés pour la construction du canal.

La ruée vers l’or en Californie en 1848 incite les États-Unis à agir et à signer avec le Royaume-Uni le traité de Clayton-Bulwer, empêchant l’un des deux pays d’obtenir le contrôle exclusif sur le futur canal. Plusieurs études effectuées entre 1850 et 1875 indiquent que deux voies d’accès seulement sont possibles, l’une à travers le Panama, l’autre à travers le Nicaragua. En 1876 est créée une compagnie internationale qui obtient deux ans plus tard la concession du gouvernement colombien (Panama fait alors partie de la Colombie) et la permission de creuser un canal dans l’isthme. 

De l’échec de Lesseps à la construction du canal par les Etats-Unis

construction canal panamaCependant, la compagnie internationale échoue dans ses tentatives. En 1880, Ferdinand de Lesseps, le père du canal de Suez, crée une compagnie faisant appel à l’épargne privée en France. Mal engagés, les travaux commencés en 1881 sont arrêtés en 1888 et la compagnie universelle du canal interocéanique fait faillite en 1889, ce qui provoque un énorme scandale et la mise en cause de nombreux parlementaires. Cependant, l’intérêt des États-Unis pour un canal entre l’Atlantique et le Pacifique persiste. En 1902, la compagnie Lesseps se reforme et propose ses actifs aux États-Unis. La même année, la route de Panama est préférée à celle du Nicaragua. Le gouvernement américain négocie avec le gouvernement colombien pour obtenir une bande de territoire de 9,5 km de large sur l’isthme, mais le Sénat colombien refuse de ratifier cette concession.

En 1903, le Panama se révolte contre la Colombie et obtient son indépendance. La même année, les États-Unis et le jeune État du Panama signent le traité de Hay-Bunau-Varilla, en vertu duquel les États-Unis garantissent l’indépendance du Panama et obtiennent un bail perpétuel sur une bande de territoire de 16 km, pour la construction du canal.

En 1904, les États-Unis optent pour une construction avec écluses plutôt qu’avec un chenal au niveau de la mer. La construction nécessite non seulement de creuser presque 150 millions de m3 de terre, mais aussi d’assainir la totalité de la région, infestée de moustiques, terribles propagateurs de fièvre jaune et de malaria. Le canal est opérationnel à l’été 1914, après dix ans de travaux. D’une longueur d’environ 80 km, sans compter les chenaux d’atterrage dragués situés à chaque extrémité, le canal de Panama dispose d’une profondeur minimale de 12 m, pour une largeur minimale de 91 m. Trois écluses, à Gatún (dans la partie nord du canal), élèvent les navires de 26 m jusqu’au lac de Gatún. La durée de transit est de sept à huit heures.

Le canal de Panama de nos jours

En septembre 1977, le Panama et les États-Unis signent deux nouveaux traités (les traités Torrijos-Carter, du nom des deux présidents signataires) remplaçant l’accord de 1903 : entrés en vigueur en 1979, ils accordent au Panama la souveraineté sur la zone du canal et le contrôle sur le canal lui-même à partir de l’an 2000 ; les États-Unis pour leur part obtiennent la neutralité permanente du canal après cette date. Ainsi, le 31 décembre 1999, le canal de Panama passe-t-il sous contrôle panaméen ; il est désormais géré et dirigé par l’Autoridad del Canal de Panamá.

signature traite panamaProche de sa capacité maximale au début des années 2000, devenu difficile d’accès pour les plus gros navires (dont la taille augmente régulièrement), le canal nécessite une rénovation et un agrandissement significatif ; le principe de doublement de sa capacité et de construction de nouvelles écluses est accepté par référendum en octobre 2006 (80 % des votes en faveur d’un projet de plus de 5 milliards de dollars), et les travaux d’expansion commencent en septembre 2007.

Pour aller plus loin

Le Canal de Panama: Un siècle d'histoires, de Marc de Banville. Glénat, 2014. 

Ferdinand de Lesseps, biographie de de Ghislain de Diesbach. Perrin, 1998.

L'homme oublié du canal de Panama : Adolphe Godin de Lépinay, de Bernard Meunier. CNRS Editions, 2018.

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