Le Disque de Phaistos est un disque en argile, daté entre 1450 et 1200 av. J.-C. et découvert en 1908 dans le quartier domestique du palais de Phaistos en Crète. Ses deux faces sont couvertes de caractères hiéroglyphiques qui ne possèdent aucun équivalent dans le monde grec. Le disque a résisté à toutes les tentatives de déchiffrer le code qui y est inscrit et demeure l’un des plus grands mystères archéologiques de tous temps. Les historiens des sciences peuvent seulement faire des supposition sur la manière dont un objet devançant de 2500 ans son époque a pu se perdre sous le plancher palais minoen, tout comme le secret de sa création.
La découverte du Disque de Phaistos
Le 3 juillet 1908, les archéologues italiens procédant à des fouilles sur le site d’un palais minoen de Phaistos, sur la côte méridionale de la Crète, ont découvert un extraordinaire objet ancien. Un petit disque en argile avait été scellé délibérément dans une petite pièce remplie de terre, de cendres et d’os brûlés, située sous le plancher du sous-sol du palais. D’un diamètre de 16,5 cm, épais d’environ 1 cm, ses deux côtés étaient couverts de symboles en spirale, imprimés apparemment en appuyant des timbres spécialement gravés dans l’argile crue, cuite ensuite pour la durcir.
C’était une découverte extraordinaire. Bien que les ruines où le Disque a été trouvé soient datées des environs de 1 700 av. J.-C., la technique ayant servi à sa fabrication - des caractères mobiles - était censée avoir été inventée seulement 2500 ans plus tard, à des milliers de kilomètres de là, dans la Chine du IXe siècle.
Un objet bien mystérieux
Les Occidentaux connaissent mieux les caractères mobiles grâce à l’invention de la presse à imprimer par Johannes Gutenberg vers 1440. Celui-ci se servait de petits caractères en métal fondu avec des symboles en relief (des lettres de l’alphabet latin) sur une face, pouvant être disposés ensemble dans un bloc typographique. À son tour, le bloc était enduit d’encre et utilisé pour imprimer le texte sur des feuilles de papier. Gutenberg s’était inspiré d’une technique chinoise bien plus ancienne, qui utilisait des timbres individuels sculptés dans de petits blocs de bois. La technologie ayant créé le Disque de Phaistos semble similaire à celle-ci - au lieu d’imprimer avec de l’encre sur du papier, l’artisan pratiquait l’« impression aveugle » directement dans l’argile.
Le façonnage des caractères était vraisemblablement un travail exigeant et difficile. Il est peu probable qu’ils aient été créés pour produire un objet unique. Le Disque de Phaistos est apparemment le seul exemple survivant de tels objets produits en nombre, signe que les caractères mobiles étaient une technique usuelle dans la Crète minoenne. Cette notion a soulevé d’autres questions importantes: d’où venait cette technique et pourquoi a-t-elle disparu au point de ne pas refaire surface pendant des millénaires ? Plus curieux encore, que dit le Disque ?
Déchiffrer le Disque de Phaitos
Le texte présent sur le Disque est fait de pictogrammes et de symboles ressemblant à des hiéroglyphes. Il est disposé sur une ligne partant du bord externe et allant en spirale vers son centre (ou inversement, en fonction de l’interprétation de son lecteur) le long d'une ligne de base, dans le sens des aiguilles d’une montre. Les groupes de symboles sont séparés par des traits verticaux en des mots supposés. Le Disque comporte 241 caractères, dont plusieurs se répètent, si bien que l’ensemble compte seulement 45 symboles différents arrangés en 61 « mots ». La plupart des experts s’accordent à dire que les signes représentent des syllabes plutôt que des lettres, auxquelles on a ajouté quelques idéogrammes (symboles représentant des mots entiers).
Déchiffrer la langue représentée par l’écriture et son sens est une tâche rendue difficile - voire impossible, selon la plupart des autorités - par le nombre relativement réduit de mots et par le fait que rien de comparable au Disque n’a jamais été découvert. La plupart des signes qu’il porte n’ont jamais été vus ailleurs, bien qu’il y ait quelques correspondances suggestives avec d’autres écritures anciennes. Par exemple, on voit quelques similarités avec l’écriture minoenne linéaire A, qui n’a pas non plus été complètement déchiffrée. Il semble y avoir aussi des similarités avec les hiéroglyphes égyptiens et l’écriture proto-biblique. Des douzaines d’interprétations différentes ont été proposées, parmi lesquelles malédiction magique, rituel religieux, épreuve mathématique, prière…
On a suggéré aussi que le Disque est en fait un jeu de société de type « chasse » où les pièces se poursuivent l’une l’autre, comme au jeu moderne de l’oie. Chez les Egyptiens anciens, qui entretenaient des liens étroits avec les Minoens, on trouve un jeu de société, le mehen, « le lové », qui pourrait suggérer un lien avec la forme spirale du texte présent sur le Disque. Ces jeux anciens de société comportaient souvent deux côtés, tout comme le disque.
Les recherches les plus récentes laissent cependant supposer qu’il pourrait s’agir d’un hymne religieux antique dédié à une déesse minoenne.
Pour aller plus loin
- Le Déchiffrement du disque de Phaïstos, de J. Faucounau. L'Harmattan, 1999.
- La Crète au temps de Minos, 1500 avant J.-C., de Paul Faure. Hachette, 1997.