La civilisation minoenne, située à l'âge du bronze, est considérée comme la première en Europe. Elle s'est épanouie en Crète dans la mer Egée et est à l'origine de bien des mythes et légendes de l'antiquité grecque. Elle connaît l'écriture, développe un art de la fresque raffiné, où apparaît une douceur de vivre unique, et construit de magnifiques palais tel celui de Cnossos. Le Minoen atteignit son apogée au IIe millénaire avant notre ère à Cnossos, Phaïstos, Malia notamment. En 1900, l'archéologue britannique Evans met à jour le palais minoen de Cnossos et entreprend aussitôt sa restauration, avec des méthodes qui susciteront de nombreuses polémiques. La forme labyrinthique du palais évoquant le légendaire roi Minos, Evans donnera son nom à la civilisation qui a construit cet édifice.
La civilisation minoenne, de la légende aux découvertes archéologiques
La civilisation minoenne doit son nom au roi Minos, souverain crétois légendaire, dont les grecs anciens affirmaient que sa flotte domina le monde égéen. Un archéologue britannique, Sir Arthur John Evans réalise vers 1900 des fouilles archéologiques en Crête et mis au jour le site de Cnossos. Cette découverte met en évidence l'existence de la civilisation minoenne. Beaucoup voient dans le palais de Cnossos le fameux labyrinthe où le Minotaure, d'après la légende, fût enfermé. C'est le célèbre épisode de Thésée, qui, aidé du fil d'Ariane, finira par trouver la sortie du labyrinthe.
Evans réalise à Cnossos d'importants et controversés travaux de restauration, qui s'apparentent à une reconstruction. Le plus important des palais minoens se composait d'un labyrinthe d'édifices à plusieurs étages disposés autour d'une cour centrale. A l'intérieur, les salles étaient ornées de décorations et fresques raffinées. La configuration des lieux laisse supposer que le palais avait une vocation religieuse et non résidentielle, bien qu'il comporte une "salle du trône". Il aurait même pu servir d'entrepôt. Peu après Evans, l'italien Luigi Pernier découvre dans un autres palais un disque d'argile couvert de hiéroglyphes. L'authenticité du disque de Phaistos fait encore aujourd'hui débat, sa datation n'ayant pu être réalisée.
Un monde minoen commerçant
C'est l'agriculture qui permît l'essor des minoens. Ils exploitaient le plus largement possibles les sols fertiles à leur disposition, notamment dans les vallées. Le blé, la viticulture et l'oléiculture étaient déjà maîtrisés. La production de blé était satisfaisante et permettait d'alimenter la population. Les surplus d'huile d'olive et de vin servaient au commerce : les minoens échangeaient ces aliments contre des matières premières, par exemple du cuivre, avec des peuplades habitant le continent. Nous avions là un système d'échanges basé sur le troc. De la laine était produite par les crétois, sur les hauts plateaux. Il en résultait un tissu qui était exportée vers l'Égypte antique, avec laquelle les minoens entretenaient des relations commerciales intenses.
Également, nous pouvons noter la présence d'un travail autour de la céramique en Crète. Dans les antiques palais minoens, comme à Cnossos, le stockage des denrées agricoles se fait dans des pithoi, des jarres monumentales à col étroit et dotées de petites anses et stockées dans des magasins. Certaines pithoi peuvaient contenir plusieurs milliers de litres de vin ou d'huile d'olive.
La découverte de divers palais, par les archéologues, montre qu'aux alentours de 2000 avant J.-C., la Crète était très prospère. Le palais de Cnossos en témoigne, ainsi que ceux de Phaïstos et de la Canée. De nombreux éléments indiquent que la trilogie méditerranéenne était déjà en place, avec des entrepôts contenant les produits de la céréaliculture, de la viticulture et enfin de l'oléiculture. Ces produits étaient destinés à être versés au roi par les paysans pour faire rôle d'impôt. Une fois ces denrées recueillis, elles étaient réparties dans la population par les autorités du palais, pour nourrir les sujets ne vivant pas de leur production.
Comment vivaient les Minoens ?
Les crétois minoens parlaient une langue inconnue. Les archéologues ont aujourd'hui découverts des tablettes reproduisant un système d' écriture minoenne appelée linéaire A. Cette langue que l'on ne connait pour le moment que très peu et grâce aux tablettes, n'a cependant pas été un obstacle pour le commerce de l'époque. Ce commerce était de type maritime puisque les crétois avaient développé un système de troc pour échanger avec leurs voisins des îles proches, aussi leur comptoir était situé en Égypte. Les crétois de l'époque minoenne étaient de très bons navigateurs, transportant leur marchandise à travers la méditerranée orientale.
Dans les palais et maisons de la Crète minoenne, ainsi que dans les habitations des îles proches, des fresques et représentations iconographiques restent aujourd'hui très bien conservées. On y trouve des sculptures et des objets métalliques. Les fresques représentent des moments de la vie quotidienne à cette époque, on peut notamment voir des scènes où des athlètes sautent par-dessus des taureaux, une tradition religieuse qui serait aux fondements du mythe du fameux Minotaure. Les chercheurs ont aussi trouvé des vestiges d'un système complexe témoignant qu'à cette époque, les grecs maîtrisaient déjà les poids et les mesures.
Mais dans l'ensemble, si nous devions généraliser, les représentations montrent un peuple très en adéquation avec la nature et la mer. Cet aspect positif de cette civilisation cache cependant des points plus sanglants, en effet les fouilles à Cnossos semblent révéler que des enfants étaient sacrifiés aux dieux.
La fin de la civilisation minoenne
En 1700 avant J.-C., survint une catastrophe incendiaire qui ravagea de nombreux palais. Les palais sont reconstruits, mais seul le palais de Cnossos retrouve sa splendeur d'antan. Selon les historiens, des guerres auraient éclatées entre les Royaumes de l'île, pour le contrôle de cette dernière. Dans les décennies qui suivent, les palais sont donc reconstruits et la civilisation minoenne innove dans l'architecture par la même occasion.
Le déclin de la civilisation minoenne proviendrait d'une éruption volcanique pour certains historiens. Pour d'autres, cette hypothèse est écartée et il s'agirait davantage des conquêtes mycéniennes qui en seraient à l'origine. Selon l'historien Detorakis, c'est dans l'économie et dans la société crétoise que les vraies causes du déclin de la civilisation minoenne se trouvent.
D'après la théorie qu'il soutient, l'offre n'était plus en capacité de satisfaire la demande, les produits agricoles manquaient donc, et ceci alors que de nouveaux facteurs changeaient les conditions de gestion du commerce. Les autres théories mettent en avant les conquêtes mycéniennes (vers 1450 av J.C), mais aussi les phénomènes géologiques. Cette époque aurait été marquée par des éruptions volcaniques, des tremblements de terre et des incendies, ainsi qu'un raz-de-marée, une catastrophe probablement à l'origine du mythe du déluge et de l'Atlantide.
Pour aller plus loin
- La Crête Minoenne du mythe à l'histoire.
- Les Minoens, l'âge d'or de la Crète de Michel Mastorakis. 1997.